Propos recueillis par Abdellatif El Jaafari

Casablanca – Les femmes qui travaillent à l’Université Hassan II de Casablanca jouent un rôle important dans la dynamisation de l’enseignement, de l’acquisition de connaissances et de la gestion.

Ces femmes, qui célèbrent la Journée internationale des femmes comme toutes les femmes dans le monde, contribuent grandement à l’amélioration des performances de l’université, ce qui est clairement mis en évidence par Fatima Zahra Alami, vice-présidente chargée des affaires académiques et estudiantines, lors d’un entretien accordé à la MAP.

1- L’université regroupe une importante élite féminine parmi les professeurs, les administrateurs et autres. Sous quel angle peut-on percevoir le rôle de cette élite dans le dynamisme des activités universitaires en termes de quantité et de qualité ?

Ces dernières années, la femme marocaine a globalement renforcé sa présence dans tous les domaines, faisant d’elle un élément essentiel dans la création de richesses, la promotion de l’économie et du développement de notre pays, ainsi qu’à la création d’emploi et au développement de la société dans son ensemble.

Dans ce sillage, l’université a su, à la lumière de son projet de développement, consacrer le rôle des femmes à tous les niveaux.

Les femmes universitaires jouent un rôle actif dans l’amélioration des performances de l’université et veillent à contribuer à la mise en œuvre de la stratégie nationale pour le système d’enseignement supérieur, à travers une gamme d’activités universitaires liées à l’enseignement, à la recherche scientifique et à l’innovation.

Cela concerne toutes les femmes qui travaillent dans le domaine de l’enseignement supérieur, quel que soit leur statut: professeures, administratrices, chercheuses, techniciennes, etc.

On peut dire que l’élément féminin est présent de manière équilibrée dans tous les centres de l’université, avec un taux variant entre 30% et 50%.

Bien qu’il existe des contraintes qui empêchent les femmes d’accéder à certains postes, le taux de femmes qui vivent cette expérience diminue de jour en jour.

La représentation des femmes dans le corps administratif et organisationnel de l’université est de 10% pour les secrétaires générales, 33% vice-présidente et 50% pour les chefs de département. Dans les conseils de gestion, le taux est de 20%.

2- L’université est-elle proche d’atteindre une certaines “égalité” équitable pour les postes à les responsabilités ?

Malgré tous ces progrès accomplis par les femmes universitaires, plus le poste décisionnel est élevé, plus le pourcentage de représentation des femmes dans la communauté universitaire diminue en raison de certaines contraintes et obstacles qui empêchent les femmes de pouvoir gravir les échelons supérieurs de la responsabilité et de l’entrepreneuriat, ce qui est un phénomène d’actualité pour les femmes dans tous les milieux sociaux.

Il s’agit d’obstacles culturels et sociétaux, où les femmes sont toujours entourées d’innombrables responsabilités. Si sa famille en particulier et la société en général ne l’appuient pas, il lui est très difficile d’entrer dans les sphères de la haute direction ou d’atteindre des postes de direction et de responsabilité qui exigent souvent beaucoup de temps et d’efforts.

En l’absence d’institutions d’accueil offrant de bons services dans le domaine de l’éducation et de la garde des enfants, les femmes universitaires souffrent également de la ténacité de certaines pratiques patriarcales qui les empêchent d’accéder aux postes à responsabilité et de leadership.

Les femmes travaillant dans les universités s’efforcent toujours de surmonter tous les défis, et il semble qu’elles ont surmonté l’obstacle de l’affirmation de soi, parce que c’est la compétence et le niveau scientifique de nombreuses femmes qui les qualifient pour contribuer efficacement au développement du pays.

C’est ce qui doit être pris en compte afin de servir de modèle aux filles qui aspirent à un avenir meilleur pour elles-mêmes et leur pays.

A l’université, nous avons mis en place toute une série d’actions en faveur de la promotion et d’une approche inclusive, du leadership féminin et de la lutte contre les inégalités hommes-femmes.

À cet égard, nous avons créé la Commission d’équité et d’égalité, ainsi que la commission d’inclusion et de la vie universitaire, afin de promouvoir l’inclusion et la diversité et assurer l’égalité des chances, tout en excluant toutes les formes de discrimination qui pourraient survenir.

Dans le même sens, l’université est partenaire du projet (Making a Reflexive Transformation for Gender Equality) lancé par la Commission européenne pour la recherche et l’innovation, afin de renforcer la capacité institutionnelle de la politique d’égalité des genres en adressant :

• Les préjugés sexistes dans la gestion des ressources humaines (recrutement et avancement de carrière des chercheuses).

• L’inégalité entre les sexes dans les processus décisionnels.

• Renforcer la dimension genre dans le contenu des programmes de recherche et d’innovation et d’enseignement supérieur.

Dans le même contexte, de nombreux projets se profilent à l’horizon au niveau de notre université, et aujourd’hui plus que jamais nous avons besoin de la contribution des femmes, pour mettre en œuvre ces projets, et nous avons pleinement confiance en leur fort potentiel et leurs compétences.

Cette philosophie, à laquelle notre université est profondément attachée, s’incarne également à travers la participation à de nombreux événements, dont la création de la Charte de l’équité et de l’égalité dans le cadre de sa stratégie visant à consolider et à développer les concepts des droits de l’homme, en particulier des droits des femmes.

Nous avons également créé un centre de recherche sur les questions de genre et de développement, qui aspire notamment à être un espace de discussion et d’idées libres, et à débattre des questions liées à une approche non sexiste, étudier les problèmes des femmes et rechercher des moyens d’intégrer les femmes dans le développement, d’organiser des formations pour les femmes afin de les impliquer dans le processus de développement, d’organiser des formations pour les associations travaillant sur les questions sociales et familiales, et de mener des études scientifiques et de terrain traitant du genre.

3- En général, qu’en est-il de la performance des étudiantes par rapport à leurs collègues en matière de réussite scolaire et de production ?

Le pourcentage d’étudiantes inscrites à l’université dans presque toutes les filières dépasse les 50 %, et parfois même dépasse 60 %.

Les étudiantes de ces dernières années se distinguent par leur réussite et leurs résultats uniques : des taux de réussite, de performance et de production plus élevés par rapport à leurs collègues masculins.

Cependant, malgré toute cette excellence et cette distinction que connaissent les étudiantes dans leur parcours académique, un grand pourcentage ne trouve pas d’emploi pas ou est incapable d’obtenir des postes élevés pour diverses raisons.

Parmi ces raisons, la baisse des opportunités d’emploi et d’intégration pour la gent féminine, la difficulté de concilier travail et vie personnelle pour les femmes actives, et la difficulté d’exercer certains métiers, sans oublier le rôle de la famille, l’éducation, et parfois les époux qui manquent de motiver et d’encourager leurs épouses à s’engager dans la vie pratique et professionnelle.