Béni Mellal- Infatigable, militante engagée, Samiya Lamrani, a fait de la réhabilitation et de la réintégration sociale des femmes violentées son cheval de bataille.

Enseignante. Actrice associative. Militante déterminée en faveur des droits humains des femmes. Et une lutte : aider les femmes victimes des violences basées sur le genre.

Humaniste, éprise des droits de l’Homme, Samiya Lamrani c’est avant tout un combat pour améliorer le sort des femmes violentées, des mères célibataires et de leurs enfants.

Ce combat auquel Samiya a voué presque toute sa vie et y a consacré tout son temps et toute son énergie, elle l’a commencé en 2005, avec la création de l’association INSAT d’aide aux femmes violentées dans la région Béni Mellal-Khénifra.

Membre fondatrice de cette association, elle s’emploie depuis près de 18 ans avec beaucoup de vigueur et d’enthousiasme à développer la prise de conscience et la sensibilisation du public quant à l’ampleur de ce fléau.

Aujourd’hui à la tête de l’association INSAT, Samiya se bat au quotidien pour une meilleure protection des femmes victimes de violences au niveau de la région Béni Mellal-Khénifra.

Elle veille au grain à ce que ces femmes puissent bénéficier de l’accueil, de l’écoute et de l’accompagnement juridique et psychologique qu’offre gracieusement INSAT afin qu’elles puissent surmonter leur situation et se réintégrer dans la société et la vie active.

En tant qu’enseignante, elle avait encadré le club de l’éducation à la citoyenneté et aux droits de l’Homme pour participer à la diffusion de la culture des droits humains et à l’ancrage des comportements citoyens chez les générations montantes.

Ancienne membre de la Commission régionale des droits de l’Homme Béni Mellal-Khénifra, Samiya s’applique également à sensibiliser les femmes victimes de violences à leurs droits juridiques et à leur apporter un soutien social dans le but de renforcer leurs capacités à accéder à la Justice.

A travers INSAT, Samiya soutient aussi les femmes célibataires en leur offrant ainsi qu’à leurs bébés plusieurs services dont l’hébergement, l’alimentation, le suivi médical et l’assistance juridique et psychologique afin qu’elles puissent retrouver la confiance en soi et la capacité de faire face à la société.

Dans une interview à la MAP, Samiya affirme que l’association dont elle est la présidente, assure dans certains cas le rôle de la médiation familiale en veillant à l’intégration des victimes dans leur milieu familial et également estudiantin.

Parallèlement, INSAT oeuvre à l’autonomisation des femmes qui font appel à ses services pour les aider à s’intégrer de nouveau dans la vie active, relève-t-elle.

Aussi, un service de garderie est assuré pour les enfants des mamans seules qu’elles soient divorcées, veuves ou célibataires afin que celles-ci puissent se concentrer sur le développement de leurs capacités personnelles.

En près de deux décennies d’existence, grâce au travail volontaire de ses membres et à l’appui de ses partenaires (le ministère de la famille, l’entraide nationale, l’INDH…), l’association INSAT a pu accompagner 7.538 femmes violentées dont 1.028 mères célibataires ainsi que 123 bébés.

En dépit de ce bilan positif, Samiya vit avec le sentiment de l’inachevé. Elle déplore vivement que l’association n’arrive pas à prendre en charge toutes les femmes violentées dans la région où le phénomène est en train de s’accentuer surtout parmi les catégories vulnérables en raison du manque des centres d’accueil dédiés aux femmes victimes de violences.

Le centre de l’association INSAT est le seul et unique espace d’accueil des mères célibataires et de leurs enfants dans toute la région. Depuis la deuxième moitié de 2021, il a été contraint de fermer ses portes à cause de certaines difficultés à caractère juridique et financier et se contente aujourd’hui d’orienter les mères célibataires vers d’autres régions.

Samiya regrette également que malgré la grande prise de conscience sociétale du phénomène de la violence à l’égard des femmes, la question de la prise en charge, de la mise en oeuvre des lois protectrices et de la lenteur des procédures persiste encore avec acuité.