Rabat- Actuellement retraitée, Fouzia Msefer Alaoui, a été professeur à la faculté de médecine de Rabat et pédiatre oncologue, consacrant ses efforts et son savoir à lutter contre le cancer des enfants.

Ses proches et collègues la décrivent comme une spécialiste qui, face aux épreuves de la vie, fait toujours preuve de sérénité et de résilience.

“Marquée durant mes stages d’internat par les services de la chirurgie infantile et de pédiatrie, je me suis spécialisée dans l’oncopédiatrie”, a expliqué à la MAP Mme Msefer Alaoui, dont l’engagement va aux delà des services hospitaliers pour toucher au domaine social à travers la création de l’association “L’avenir”, une maison d’accueil des parents d’enfants atteints de cancer.

Son engouement pour la lecture, une tradition qu’elle a cultivée durant son enfance passée à la maison parentale au cœur de la Médina de Fès, a rejailli plus tard à travers l’écriture de son livre autobiographique, “Pour la vie des enfants atteints de cancer”, ainsi que de ses divers articles scientifiques.

Elle considère que par son écriture, elle tend la main à la découverte d’un milieu peu connu, celui de la cancérologie infantile. C’est également un moyen, argue-t-elle,  pour rendre hommage aux enfants atteints de cancer et par la même occasion permettre aux personnes se trouvant dans des situations semblables de garder espoir.

Au cœur d’un service particulier par la nature de ses patients et en ébullition permanente, cette spécialiste du traitement des maladies du sang et des cancers, s’est forgée une réputation et a pu gagner le respect grâce à ses actions au profit des enfants atteints de cancer.

Dans la complexité de ce sujet et pour quantifier l’incidence du cancer infantile au Maroc, la médecin a fait savoir que d’après le registre des cancers de Casablanca, 1.200 cas de cancer sont enregistrés annuellement chez les enfants et adolescents, contre près de 40.000 à 50.000 nouveaux cas chez les adultes.

“Les cancers de l’enfant les plus fréquents sont les leucémies, les lymphomes, les tumeurs du système nerveux central, puis les autres tumeurs solides, avec un taux de survie actuel estimé à 60%”, a-t-elle relevé, exprimant le souhait de voir ce taux grimper à 80 % en 2030.

Concernant la gestion émotionnelle d’un enfant atteint de cancer, Mme Msefer a expliqué que les enfants comprennent d’emblée qu’ils ont une maladie grave même si leurs parents tentent de leur cacher la vérité.

Devant un courage particulier propre à l’enfant lui permettant d’être l’égal des adultes, “ce sont les parents qui sont pourtant effondrés à l’annonce du diagnostic”, a-t-elle ajouté.

S’agissant du processus suivi lors du traitement, le médecin a expliqué qu’au “début, les enfants sont hospitalisés pour compléter leur bilan et commencer le traitement, surtout la chimiothérapie qu’ils supportent très mal, notamment à cause des vomissements, de la diarrhée, du manque d’appétit et des douleurs abdominales”.

Cependant, quand ils vont bien, poursuit-elle, les enfants jouent, rient aux éclats, vont à l’espace école ou circulent dans l’unité même avec leur perfusion.

“Ensuite, ils quittent le service, et reviennent à l’hôpital de jour pour continuer leur traitement, qui dure de 6 mois à 3 ans selon leur pathologie”, a-t-elle détaillé, ajoutant qu’après l’arrêt des traitements, les enfants sont consultés périodiquement pour prévenir ou diagnostiquer tôt les effets secondaires tardifs.

Une souffrance existe pour ces enfants, résultat de douleur sentie due à la maladie, aux gestes de diagnostiques agressifs ou avec les traitements.

“Quand la douleur est intense, on utilise des moyens pour soulager ces enfants dont la morphine qui est très efficace et sans risque d’addiction”, a relevé Mme Msefer Alaoui, soulignant que les soignants sont empathiques, mais malheureusement, faute de personnel, ils ne peuvent pas s’attarder auprès de chaque malade.

Sensible à une situation particulière qui met l’enfant au cœur d’une bataille contre le cancer, l’engagement médico-social de Mme Msefer Alaoui, à l’instar d’autres initiatives, permet d’améliorer le quotidien difficile des patients et de leurs familles ainsi que de leur redonner sourire et espoir.