Par Bouchra AZOUR
Washington – Au sein de l’université Ann Arbor, la plus ancienne de l’État américain du Michigan, Soukaina Lamrani voue une immense passion aux algorithmes et tente de stimuler l’esprit d’entreprendre auprès des étudiants.
Le parcours académique et professionnel de cette native de Fès, riche d’expériences variées entre la finance, le commerce, l’informatique et l’analyse de données, lui a permis de développer des programmes d’enseignement hybride et à distance.
Le début de l’aventure remonte à 2010. Baccalauréat scientifique en poche, Soukaina s’envole aux États-Unis où elle a opté pour les sciences informatiques partant de son désir de consolider ses compétences dans ce domaine technique.
A partir de là, la jaune marocaine a mis à profit cet univers d’opportunités pour aiguiser ses compétences académiques et nourrir l’esprit de leadership qu’elle partage aujourd’hui avec des étudiants de diverses nationalités.
Elle a commencé son parcours universitaire dans l’État de l’Alabama, où elle obtient un baccalauréat en informatique à Jacksonville, avant de décrocher une maîtrise du Thunderbird College of International Management en Arizona. Son attirance pour l’informatique, qu’elle partage avec ses deux sœurs qui travaillent dans le même domaine, a été l’étincelle qui a enflammé sa passion pour le monde des données.
Depuis février 2020, elle occupe le poste de directrice du programme d’éducation hybride à l’Université Ann Arbor au Michigan. La jeune femme croit dur comme fer que l’accès à l’éducation est un droit.
“Nous devons cerner les défis et obstacles liés aux infrastructures qui empêchent les jeunes en général et les filles en particulier de s’inscrire dans des établissements d’enseignement et de poursuivre leurs études”, a-t-elle affirmé dans un entretien avec la MAP à l’occasion de la Journée internationale de la femme.
Soukaina aspire à pouvoir, un jour, mettre son expérience au service du système éducatif de son pays d’origine, et contribuer à rendre l’éducation encore plus accessible à tous, sans distinction d’âge, de sexe ou d’origine.
Dans le cadre de ses tâches quotidiennes à Ann Arbor, elle supervise la gestion de projets liés aux applications et plateformes logicielles d’apprentissage en ligne à grande échelle, ainsi que la conception de programmes d’études supérieures en science des données, en gestion de l’ingénierie du bâtiment et en durabilité.
Elle est également chargée, notamment, de mettre en œuvre et d’anticiper les opportunités de développement de partenariat, et de mettre en relation les différents acteurs dans tous les volets du programme, depuis l’animation de la plateforme jusqu’aux unités académiques.
“Je pense que mon choix de travailler dans l’enseignement supérieur a été influencé par ma mère”, qui enseignait dans un établissement scolaire primaire au Maroc et qui a toujours mis en avant l’importance de l’éducation, souligne Soukaina, issue d’une famille d’enseignants.
“Je suis toujours très étonnée de tout ce qu’elle m’a transmis, ainsi qu’à mes frères et à ses élèves”, se souvient-elle avec fierté.
Soukaina dit trouver l’inspiration également dans l’histoire du jeune écrivain et célèbre comédien sud-africain Trevor Noah, auteur de “Born a Crime: Stories from a South African Childhood”, un ouvrage qu’elle considère comme un de ses préférés.
Pour elle, l’histoire de ce comédien prouve que tout est possible. Bien qu’il ait souffert au début de sa vie d’un rejet en raison de ses origines métissées, il a réussi à se hisser au rang d’animateur vedette de l’une des plus grandes émissions de télévision aux États-Unis, rappelle-t-elle.
S’agissant de la symbolique de la journée internationale de la femme, Soukaina Lamrani y voit un rappel que les femmes sont le pilier de la société.
Selon elle, bien que célébrer cette journée ne suffit pas à reconnaître toutes les contributions importantes des femmes, cela reste une occasion de rappeler la nécessité de “continuer à se soutenir et à s’autonomiser”.
Dans un message adressé aux jeunes filles et femmes marocaines, elle insiste sur l’importance de “se responsabiliser mutuellement”.
“N’arrêtez jamais d’apprendre de nouvelles choses. Tout est possible!”, lance-t-elle.
Sur son rapport avec le Maroc, Soukaina affirme qu’elle entretient “une relation forte” avec ses racines. Et pour cause, le mode de vie marocain est présent dans sa vie quotidienne aux États-Unis.
Malgré les distances, temporelles et géographiques, Soukaina conserve ses authentiques coutumes marocaines. Quant à ce qui lui manque le plus dans l’art de vivre marocain, elle cite “l’activité” et l’ambiance festive propre au Maroc. “Ça me manque vraiment de pouvoir faire de tout une fête.”
Solidement attachée à ses origines et à sa culture marocaines, la jeune femme veille constamment à entretenir les liens avec son pays d’origine et ses traditions.
“J’essaie de réunir mes amis maghrébins à chaque occasion (Ramadan, fêtes religieuses, mais aussi lors de matchs de football)”, dit-elle en mettant aussi en avant son amour pour la cuisine authentique marocaine qu’elle veille autant que possible à préparer.
Malgré son emploi du temps chargé, Soukaina consacre aussi tout le temps qu’il faut pour communiquer avec les membres de sa famille.
“Bien sûr, je regarde la télévision marocaine et je suis les informations du pays. J’ai l’impression d’être constamment informée de tout ce qui se passe au Maroc”, indique-t-elle, soulignant qu’elle n’a jamais ressenti, durant les 13 années passées aux Etats-Unis, une séparation avec ses racines.
Racines, foyer et famille sont les maîtres mots utilisés par Soukaina quant il s’agit d’évoquer la mère patrie, le Maroc. Pour elle, les États-Unis sont synonymes d’opportunités, de croissance et de liberté.
A l’image de tant qu’autres compétences marocaines à l’étranger, Soukaina Lamrani a su prouver que le fort attachement à la patrie est une motivation pour briller sous d’autres cieux.