Par Mohamed Taoufik ENNASIRI
Errachidia – Passionnée d’artisanat depuis son enfance, Sanae Kandoussi a accumulé, au fil des ans, un savoir faire et des compétences considérables dans ce domaine, surtout en rapport avec le Hayek M’daghri, ce tissu emblématique de la commune de Chorfa M’daghra, dans la province d’Errachidia.
Mme Kandoussi, qui a grandi dans un milieu où différentes activités artisanales faisaient partie de la vie quotidienne, ne s’est pas contentée d’apprendre et de pratiquer les techniques liées au tissage du Hayek M’daghri, mais a décidé de faire de sa passion un métier, en y mettant beaucoup de soi-même.
Sa maman a été pour beaucoup dans son cheminement dans la vie professionnelle, puisque c’est elle qui lui a inculqué les bases de ce métier et aidé à continuer sur cette voie pour promouvoir et développer le Hayek M’daghri, cette tenue traditionnelle porteuse de toute une symbolique très riche qui se reflète dans ses couleurs et sa conception.
Sanae Kandoussi a pris conscience très tôt du fait que l’artisanat est un secteur qui offre de multiples possibilités et qui permet de s’épanouir professionnellement.
Aujourd’hui présidente du Groupement d’intérêt économique (GIE) Sanad Al Khair, actif dans le domaine de l’artisanat, et gérante de la coopérative Hayek M’daghri, Mme Kandoussi a fait de sa passion pour le tissage traditionnel son quotidien professionnel qu’elle partage avec plusieurs femmes de sa commune.
Grâce au travail inlassable de Mme Kandoussi, la coopérative Hayek M’daghri, présidée par sa maman, façonne intégralement des pièces de Hayek aux motifs originaux qui finissent, entre autres, en tapis, couvre-lits, nappes et en différents types d’habits traditionnels pour femmes et hommes.
Pour Mme Kandoussi, la Hayek M’daghri illustre des spécificités régionales culturelles et civilisationnelles, ainsi que l’importance accordée par les Marocains, notamment les femmes, à l’art de paraître, soulignant la valeur symbolique de ce patrimoine séculaire qui a besoin d’être valorisé.
La valorisation de ce tissu traditionnel, qui était porté avec fierté surtout par les femmes au niveau de la commune de Chorfa M’daghra, est justement le souci majeur de Mme Kandoussi qui ne cesse d’œuvrer pour concrétiser cet objectif.
Elle a souligné, dans une déclaration à la MAP, que l’ambition des membres de la coopérative, fondée en 1990, est de développer leur produit artisanal phare, le Hayek, afin qu’il puisse être vendu au-delà de leur commune et pourquoi pas à l’étranger.
La mise en valeur du Hayek est portée avec ambition par la coopérative Hayek M’daghri qui s’est fixée comme objectif de le réinventer.
Mme Kandoussi a précisé, à ce sujet, que les femmes artisanes membres de la coopérative suivent régulièrement des formations ayant pour but de leur permettre de développer le Hayek, à travers des créations qui allient la perfection du savoir-faire de l’artisan marocain et les tendances de la mode actuelle.
Ces femmes artisanes sont tout à fait conscientes de la nécessité de réinventer le Hayek M’daghri afin de le valoriser et lui permettre de séduire une nouvelle clientèle nationale et internationale, a-t-elle ajouté.
Mme Kandoussi a relevé que la coopérative, fondée avec 25 femmes et qui compte actuellement plus de 350 membres, cherche en permanence à nouer des partenariats à même de l’aider dans la concrétisation de cet objectif, à travers surtout la formation.
Ces formations sont axées notamment sur le design et à l’innovation dans le domaine du tissage traditionnel, en se focalisant sur la géométrie et les formes abstraites, le choix des matières et l’identification des styles et des tendances modernes.
Sanae Kandoussi a rappelé que la coopérative, qui a pour objet essentiel également l’autonomisation financière de ses membres, a bénéficié du soutien de l’INDH (Initiative Nationale pour le Développement Humain), qui l’a doté de métiers à tisser et d’équipements destinés à diversifier la production et d’accélérer son rythme.
Elle a évoqué, par ailleurs, les contraintes que la coopérative essaye de dépasser, en rapport à la commercialisation de ses produits, dont le tapis, la nappe brodée ou le Selham (cape marocaine).
Sanae Kandoussi est dévouée corps et âme à la préservation et la valorisation du Hayek M’daghri. Son travail dans ce domaine vise aussi bien à pérenniser l’un des aspects du patrimoine local de la province d’Errachidia que d’en faire une source de revenus stables pour de nombreuses femmes rurales.