Par Kawtar CHAAT

Casdablanca – L’objectif de l’inclusion numérique fait son apparition dans le contexte des efforts visant à accompagner de plus en plus de personnes pour qu’ils puissent accéder aux opportunités qu’offrent les nouvelles technologies, notamment en matière de développement économique inclusif, d’où la volonté de placer l’égalité des genres au cœur du processus de digitalisation. Détails des enjeux de l’écart numérique entre les hommes et les femmes au Maroc.

Outil essentiel pour la communication, l’apprentissage, l’exercice des droits, le transport sous ses nouvelles formes et le divertissement, les nouvelles technologies ont apporté une autonomisation individuelle et collective, révolutionnant ainsi les comportements et les modes de vie.

L’inclusion du genre dans le domaine digital a gagné une importance accrue au niveau des dispositifs de politique publique, car il s’agit d’un élément fondamental des programmes de développement et d’éradication de la pauvreté.

À cet égard, Salma Bachri, Chef de Projet Maîtrise d’Œuvre (MOE) chez Société Générale African Business Services (SGABS), a déclaré : “étant moi-même une femme dans le domaine informatique, je ne remarque plus de grand écart entre les hommes et les femmes travaillant dans le secteur. Et les efforts des sociétés pour l’inclusion des femmes sont aujourd’hui remarquables”.

Elle a toutefois regretté que malgré le rôle de la femme dans l’évolution des technologies de l’information dès le 20eme siècle, une inégalité évidente, généralement liée à des facteurs sociaux, culturels et économiques, persiste entre les sexes, la femme n’arrivant toujours pas à trouver sa place au sein du domaine digital.

Principales barrières numériques

La route vers la réalisation de la nation digitale traverse, sans doute, le renforcement de la présence des femmes dans le secteur de l’IT.

Cela dit, seul un écosystème numérique diversifié et inclusive où la femme marocaine trouve pleinement sa place peut accélérer le déploiement de cet objectif.

Cependant, le défi de l’inclusion, tant des femmes que des communautés défavorisées, est un problème systémique, dont l’origine est surtout la socialisation des genres, l’éducation et la reproduction des schémas culturels et des stéréotypes.

Résultat : il y a moins de femmes qui poursuivent ou cherchent à poursuivre une carrière dans le digital, par rapport au nombre d’hommes.

Dans ce sens, Salma Bachiri, a fait valoir que la femme continue d’être victime d’une discrimination sociale et des stéréotypes liés au rôle qu’elle a traditionnellement joué au sein de la famille.

“Les femmes ne participant pas dans le secteur numérique sont freinées et réprimées. Elles font face à une limitation imposée ce qui affecte quasiment tous les aspects de leur vie, dont leur droit d’exprimer leur avis, besoins et autres”, a-t-elle dénoncé.

La transformation culturelle, clé du changement

Au niveau national, la population bénéficie de plus en plus de l’accès aux services Internet, avec 33,18 millions d’internautes, soit un taux de pénétration de 88,1% à fin janvier 2023.

Mais l’un des enjeux de la digitalisation consiste à favoriser l’émergence de services permettant au numérique de devenir un véritable facteur d’inclusion sociale, citoyenne, financière et économique, et de ne pas limiter les efforts au développement de l’usage des médias sociaux.

Le Maroc compte, selon les données de l’édition 2023 du rapport “We Are Social”, 21,3 millions d’utilisateurs de médias sociaux en janvier 2023, soit 56,6% de la population totale, tandis que d’autres dispositifs digitaux tels que les services financiers numériques peinent à progresser.

A croire le dernier indice Mobile Remit Africa, publié par le Fonds international de développement agricole (FIDA) le 16 juin 2022, seul 1% des Marocains utilisent des outils de transfert de fonds numériques malgré leur faible coût.

Certes, l’inclusion numérique émerge comme outil-clé de génération de capital humain capable de faire face aux enjeux du marché du travail et d’égalité des chances en matière d’accès à l’éducation, la formation continue et l’auto-formation. Mais est-ce suffisant pour garantir l’entrée des femmes dans les carrières d’ingénierie et d’ingénierie informatique ?

Selon Mme. Bachiri, “qui dit accès aux nouvelles technologies dit partage d’informations, organisation de campagnes et création de réseaux, ces mouvements promeuvent l’autonomisation féminine”.

Or, les restrictions d’accès des femmes au métiers de l’IT dépendent d’autres facteurs. Ils impliquent une déconstruction constante des routines de base des communautés.

La culture numérique demeure la plus haute barrière devant l’inclusion des femmes, d’où l’importance de la formation aux TIC et à la culture du digital aussi bien dans l’éducation de base que dans les formations continues et les programmes spécifiques qui aident à rejoindre le monde numérique.