Par Rachid MABOUDI
Casablanca- Le brillant parcours de Lamia Boumehdi la prédestinait à une carrière glorieuse sur le rectangle vert, mais le destin en a décidé autrement. L’ancienne capitaine des Lionnes de l’Atlas a réussi à percer quand bien même dans la planète football, mais sur le banc de touche.
Lamia, native de Berrechid en 1983, a vite été remarquée pour son penchant pour le ballon rond. Ses touches de balle, dribles et technicité ne laissaient personne indifférent. Les clubs féminins se faisant rares à l’époque dans sa ville, sa maman a eu l’idée de créer une équipe féminine où pourrait évoluer sa fille aux côtés de ses congénères.
« J’ai commencé à jouer au foot dans les quartiers. Après avoir atteint l’âge de 14 ans, j’avais besoin d’évoluer dans un club où je peux développer mon talent », a dit Lamia.
« L’initiative qu’avait prise ma mère avait créé un véritable engouement dans la ville, dans la mesure où beaucoup de parents ont inscrit leurs filles dans ce club », s’est-elle rappelé avec nostalgie.
« C’est ainsi que fut créé le club de Berrechid, avec qui j’ai réussi par la suite à remporter plusieurs titres de championnat national, une coupe du trône, une coupe de l’Union nord-africaine de football (UNAF), en plus du tournoi ramadanesque organisé aux Emirats arabes unis en 2007 », a-t-elle confié dans un entretien accordé à la MAP.
La carrière de Lamia au sein de l’équipe nationale a débuté à l’âge de 16 ans seulement. Convoquée en équipe nationale A par le sélectionneur de l’époque, El Alaoui Slimani, elle a été la plus jeune joueuse à porter le maillot de l’équipe marocaine seniors.
Elle compte à son palmarès, entre autres, une participation en coupe d’Afrique des Nations, en Afrique du Sud en 2000.
Retenue en sélection arabe en 2007, Lamia continue ses prouesses et attire l’attention des observateurs. « Je me rappelle très bien le match amical que nous avons disputé contre le club anglais de Chelsea, aux Emirats arabes unis. Lors de cette rencontre, j’avais inscrit le premier but de la sélection arabe lors de cette rencontre qui s’était soldée par un nul (2-2) », a-t-elle dit.
Lamia a également roulé sa bosse dans plusieurs clubs, en Italie, en Norvège ou au Liban, avant qu’elle ne mette fin à sa carrière de joueuse précipitamment. A l’âge de 27 ans, Lamia a contracté une blessure aux ligaments croisés qui l’a éloignée définitivement des terrains.
« C’était un vrai cauchemar. J’étais au top de mon niveau, mais on ne peut rien faire face à de telles situations», s’est-elle résignée.
Lamia a pris son mal en patience et s’est attelée à forger son expérience dans le domaine de la formation et de l’encadrement.
Elle est allée, en 2015, peaufiner sa formation à la faculté des sciences de sport de l’Université de Leipzig, en Allemagne. En 2016, elle a été désignée à la tête de la barre technique du club féminin du Wydad de Casablanca. Un an après, elle a été nommée entraineur de l’équipe nationale U17.
A la tête de l’équipe nationale U20, en 2019, le Maroc est monté pour la première fois sur le podium des jeux africains (bronze), organisés dans le Royaume, derrière le Nigéria et le Cameroun. Lors de la même année, la sélection marocaine a remporté le tournoi de l’UNAF.
Première entraineur marocaine à décrocher la licence A de la CAF en 2022, elle a été cadre de la direction technique nationale marocaine (2016-2022) et responsable de l’encadrement des stages de formations des cadres féminins (2021-2022). Elle est actuellement coordinatrice des responsables techniques régionaux du développement du football féminin (2022-2023).
Commentant le niveau du championnat féminin, Lamia assure qu’il n’y a pas photo entre le passé et la situation actuelle.
« Aujourd’hui, le championnat féminin est bien organisé à la faveur de la vision mise en place par la Fédération royale marocaine de football (FRMF). A notre époque, on s’entrainait 2 à 3 fois maximum par semaine. Aujourd’hui, les clubs sont obligés d’effectuer six séances par semaine», a-t-elle expliqué.
Elle a relevé par ailleurs que la qualification de l’équipe nationale U17 au mondial de la catégorie et de l’équipe féminine A au Mondial-2023 en Nouvelle Zélande et en Australie, sont autant de performances qui « ne font que contribuer au rayonnement du football féminin marocain ».
« Ces résultats se justifient en grande partie par le projet Sport-Etudes lancé en 2017, a-t-elle fait observer. Au sein de l’équipe nationale A, il y a 8 joueuses qui j’ai déjà entrainées dans les équipes nationales U17 et U20. C’est dire que la continuité a donné ses fruits ».
Décidément, la carrière menée par Lamia Boumehdi sert d’exemple de persévérance et de détermination pour toutes les jeunes joueuses. Elle incarne sans conteste le modèle de la sportive qui a su relever tous les défis et porter haut les couleurs nationales.