Par Driss HACHIMI-

 

New Delhi- Dans le KD Jadhav Hall à New Delhi, une enceinte de 7.000 places, l’hymne national marocain retentit fièrement lors de la cérémonie de remise de la médaille d’or à Khadija El Mardi, sacrée championne du monde de boxe des poids lourds. Un foisonnement d’émotions s’emparait de Khadija mais aussi de tous ceux et celles venus encourager la pugiliste qui a pu concrétiser ses rêves et ceux de millions de Marocains.

Portant le drapeau national d’une main et la médaille d’or de l’autre, Khadija n’a pas pu retenir ses larmes après cet exploit inédit qui restera assurément gravé dans les annales de la boxe nationale.

En effet, Khadija, en date du 26 mars 2023, n’est pas devenue seulement la championne du monde, mais elle est désormais aussi la première femme dans l’histoire de la boxe arabe et africaine à monter sur la plus haute marche du podium mondial.

Armée d’une volonté inflexible mais aussi et surtout de véritables mains de fer, Khadija a décroché le sacre mondial après avoir dominé, en finale, la redoutable boxeuse kazakhe Kungeibayeva Lazzat…. Mais avant cela, elle a dû se défaire, en quart-de finale, de la Chinoise Zheng Lu qui a vraiment donné du fil à retordre à Khadija puis en, demi-finale, de la Russe, Pyatak Diana.

“Je dédie cette victoire à SM le Roi Mohammed VI et au peuple marocain”, s’est-elle émue, soulignant que cette victoire a été rendue possible grâce au soutien constant des coaches, de la direction technique et de la Fédération Royale Marocaine de Boxe (FRMB)”.

L’engouement de Khadija pour la boxe ne date pas d’hier. Depuis son enfance, elle caressait le rêve de devenir une championne mondiale. ” Quand j’ai révélé l’idée à mes parents, ils étaient strictement contre, même mon père, bien qu’il soit lui-même boxeur”, confie Khadija dans un entretien à la MAP.

Elle a, par la suite, décidé de prendre son destin en main. “Je n’ai pas fléchi. J’adorais ce sport et je continuais à m’entrainer. Finalement, j’ai eu mon premier combat, et je suis convenu avec ma famille que si je gagnais ce premier combat, je pourrais continuer la boxe, et si je perdais, j’arrêterais”, se souvient-t-elle.

Déterminée à aller au bout de ses rêves, Khadija a gagné, étonnamment pour sa famille, et c’est à ce moment-là que sa carrière sportive a pris un véritable départ.

Ses participations locales et internationales commencent et les titres s’ensuivent. Du haut de ses 1,84m, la native de Casablanca a décroché en 2019, la médaille de bronze des Championnats du monde de boxe féminine à Ulan Ude (Russie). Trois ans plus tard, elle est devenue vice-championne du monde à Istanbul. La persévérance et l’ambition de Khadija, avide de titres et de consécrations, lui ont permis de remporter les Championnats d’Afrique AFBC à Maputo en Mozambique avant de rafler l’or lors du World Gold Belt Tour Marrakech 2023.

Mariée et mère de trois filles, Khadija juge “très dur” le défi d’équilibrer entre vie pro et vie perso. “C’est un vrai challenge”.

“C’est un sacrifice. Je fais de mon mieux pour concilier ma vie de famille et mon parcours professionnel”, explique Khadija.

“Si mes filles veulent faire de la boxe plus tard, je serais ravie et je les aiderais sur leur chemin. Sinon, je les laisse choisir leur parcours. La chose la plus importante est qu’ils réalisent leurs rêves”, a-t-elle ajouté.

Sur le ring, Khadija affiche agressivité et brutalité déjà nécessaires dans ce type de sports de combats, toutefois, dès qu’elle enlève les gants, la boxeuse marocaine fait montre d’un sens élevé de respect, de tolérance, et du contrôle du soi.

“D’ailleurs c’est la philosophie du sport. Outre les bienfaits sur la santé, le sport procure courage, une meilleure gestion de ses émotions et un gain de confiance en soi”, explique Khadija.

A l’heure qu’il est, la championne mondiale n’a qu’une seule ambition, celle de s’adjuger la médaille d’or des prochains Jeux olympiques. “L’heure désormais au travail pour remporter le titre olympique”, s’enthousiasme-t-elle. Un titre qui devrait s’ajouter à son palmarès assurément déjà bien garni.

S’agissant de l’évolution de la boxe féminine au Maroc, Khadija fait état d’un énorme progrès dans le développement de cette discipline sportive.

Pour elle, la boxe s’est remarquablement développée au Maroc à la faveur notamment de la médiatisation des performances sportives des pugilistes marocaines.

Une évolution et un changement d’esprit, a-t-elle fait valoir, qui ont incité de nombreuses femmes à commencer à pratiquer la boxe dans les différentes salles et gymnases.