-Par El Houssain LAAOUAN

Oujda- Havre d’inspirations pour celles et ceux en quête d’authenticité et de modernité, la Cité millénaire ne cesse de charmer ses visiteurs par la splendeur de ses traditions vestimentaires féminines bien ancrées, dont la vedette “Blouza oujdia” habilement concoctée par des couturières aux doigts en or.

Traditionnelle ou revisitée, l’enseigne oujdie (Blouza) reste le véritable habit emblématique des femmes de l’Oriental, où les tisserandes locales donnent libre cours à leur imagination pour créer des styles très en vogue.

Parmi ces “maâlmates”, figure Fatima El-Fizazi qui a excellé par sa capacité à concevoir divers styles et modèles en la matière, en joignant ainsi l’utile à l’agréable par un mariage exceptionnel entre élégance, innovation et esthétique dans ces pièces, sans en dénaturer l’authenticité.

C’est un travail de fourmi, au jour le jour, dans cet atelier dirigé par Mme El-Fizazi, où une fois les designs soumis par la styliste en charge, les artisanes, chacune en ce qui la concerne, s’emploient à coudre subtilement cet habit traditionnel authentique, que ce soit par le biais de la broderie à la main, ou par ordinateur ou encore via le sertissage à l’aide d’aiguilles.

Dans cette optique, nombre d’artisanes et modélistes aspirent à développer l’industrie de la “Blouza” oujdia à même d’assurer la pérennité de ce patrimoine culturel, qui risque de se mettre le pied dans la porte vers la disparition.

Pour ce faire, elles se sont organisées en coopératives pour promouvoir ce patrimoine, comme c’est le cas pour la coopérative Nour El-Fizazi, spécialisée dans la couture de la Blouza oujdia et toutes sortes de coutures traditionnelles et modernes.

À cet égard, Fatima El-Fizazi, qui dirige cette coopérative depuis sa création en 2017, œuvre de concert avec des artisanes, à l’atelier ou à domicile, pour la modernisation decla “Blouza”, en apportant des modifications, notamment l’utilisation de nouveaux motifs et designs. De quoi ravir tous les goûts féminins.

Jouissant d’une longue expérience dans le domaine de la conception et de la couture de cette robe traditionnelle, l’histoire de Fatima avec la “Blouza” remonte à son plus jeune âge au cours des années soixante-dix, lorsqu’elle a hérité de ce savoir-faire de sa mère, et qui y est restée attachée jusqu’à présent.

Ainsi, cette “maâlma” chevronnée a bénéficié de plusieurs ateliers et sessions de formation, ce qui lui a permis de façonner son talent et développer ses compétences en la matière. D’où, elle s’est vue primée lors de sa participation à de nombreux festivals, salons et défilés de mode.

“La ruée vers cette robe traditionnelle a récemment refait surface et a commencé à retrouver sa splendeur avec une touche de modernité, aux côtés d’autres habits traditionnels, après que la demande ait enregistré une régression momentanée”, a-t-elle dit.

Dans une déclaration à la chaîne d’information (M24) de la MAP, Mme El-Fizazi a fait savoir que les artisanes et les modélistes d’Oujda s’efforcent de promouvoir et préserver la pérennité de cette robe, qui représente la distinction et l’identité de la femme dans la région de l’Oriental, et ce à travers l’innovation et la créativité.

En dépit de la régression occasionnelle de la demande, poursuit-elle, Fatima dit “n’a jamais abandonné la Blouza”, notant que cette robe demeure encore très prisée localement ou à l’étranger, et qui a dû être revisitée et modernisée pour séduire les femmes et les filles notamment lors des cérémonies de mariage.

“La couture de la “Blouza” se distingue de la”takchita” par la beauté de ses couleurs vives et de sa poitrine brodée, et incrustée de paillettes, de pompons de perles et de sequins”, a-t-elle expliqué, faisant remarquer qu’elle coûte cher et requiert un savoir-faire et une précision sans faille dans la conception.

De même, le “Sder” (poitrine) est l’une des parties essentielles de cet habit originale, dont la confection peut nécessiter en effet des jours et des semaines, et ce en fonction des matériaux et des techniques utilisées dont notamment les fameux triples “S” Strass, Soutache ou encore le Sertissage.

S’y ajoute comme accessoires, une combinaison intérieure (Tahtiya ou Jaltita), généralement en tissu fin et doux, et portée avec un pantalon “arabe” large, fait notamment de dentelle ou travaillé en perles et en broderie traditionnelle.

La couture de la “Blouza oujdia” reste un patrimoine bien ancrée dans l’histoire de la région de l’Oriental. C’est ainsi que Fatima El-Fizazi lance un cri de cœur pour promouvoir davantage ce savoir-faire traditionnel hérité des ancêtres.