Casablanca- Les flux migratoires ruraux au Maroc connaissent une féminisation plus accrue, ressort-il du numéro 22 de la publication du Haut-Commissariat au Plan (HCP), “Les Brefs du Plan”.
“Ce caractère féminin de l’exode rural est confirmé par les données relatives à la migration entre 2009 et 2014. La population migrante rurale compte plus de femmes que d’hommes, avec un taux de féminisation qui s’élève à 55,5%”, indique cette publication intitulée “Les migrants ruraux au Maroc: une confirmation de la féminisation de l’exode et une sélection des jeunes les plus entreprenants”.
Et de noter: “La féminisation accrue des flux migratoires ruraux, par l’ampleur qu’elle a acquise, les changements qu’elle traduit et les mutations qui l’accompagnent quant au statut et à la condition de la femme marocaine, entraîne une relative modernisation des comportements démographiques de celle-ci. En témoigne l’utilisation accrue des moyens de contraception, le recul de l’âge d’entrée en union et leur corolaire: la baisse de la fécondité rurale”.
L’âge est un facteur-clé dans toute migration, dans la mesure où celle-ci sélectionne essentiellement des jeunes, relève la même source, ajoutant que c’est ce que confirment également les données du RGPH 2014. Les migrants ruraux vers les villes sont majoritairement jeunes, puisqu’un peu moins de la moitié (41,3%) ont entre 15 et 29 ans, alors qu’ils constituent 26,8 % de la population rurale.
En revanche, 10,2% des migrants ruraux ont plus de 50 ans, alors qu’ils sont 17,7% de la population rurale. Ainsi, le milieu rural est privé d’une partie de sa population la plus entreprenante, d’un “capital humain pour son développement” si les moyens lui sont disponibles, estiment les auteurs de cette publication, notant que le statut matrimonial des migrants se caractérise par la prédominance du mariage (67% sont mariés contre 60% des ruraux ; 27,3% sont célibataires et 5,6% sont divorcées ou veuves).
Considéré comme une problématique majeure de développement et d’urbanisation, l’exode rural récent demeure une question relativement moins documentée en raison notamment de l’insuffisance de données empiriques couvrant l’ensemble du territoire du Maroc. Or, ce mouvement de population peut être appréhendé par le RGPH de 2014, en particulier en comparant le lieu de résidence actuel avec le lieu de résidence précédent.
La publication “Les Brefs du Plan” s’intéresse à la population qui a quitté le milieu rural pour résider en milieu urbain entre 2009 et 2014. Le choix de cette période permet d’éviter partiellement le biais introduit par le changement du découpage administratif, d’une part, et l’effet de mémoire, d’autre part.