Rabat – Le Conseil National des Droits de l’Homme (CNDH) relève, dans son dernier rapport, un intérêt grandissant de la société pour l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes et des filles avec une sensibilité accrue au caractère transversal des droits des femmes et leurs dimensions sur le plan du développement.

Dans ce rapport sur la situation des droits de l’Homme au Maroc en 2022, le Conseil indique que cet intérêt se manifeste dans de nombreux textes législatifs promulgués cette année-là dans l’objectif d’améliorer le statut juridique de la femme à travers la consécration de l’égalité Homme-Femme, entre autres, la loi visant à réaliser la parité dans les conseils d’administration des entreprises, le projet de loi relatif à la profession des Adouls consacrant la légalité du témoignage de la femme qui vaut désormais celui de l’homme.

Et de citer à l’appui le discours du Trône prononcé en juillet 2022 par SM le Roi en faveur d’une réelle participation de la femme marocaine dans tous les domaines et qui revêt une profonde connotation politique en matière de promotion des droits de la femme et de son rôle dans toutes les dynamiques de développement.

Le Conseil rappelle, à ce propos, que le Souverain avait à cette occasion appelé à la révision du code de la famille pour ”inaugurer un nouveau chapitre sur le chemin de la consécration de l’égalité Homme-Femme” et confirmer ainsi que ”dans le Maroc d’aujourd’hui, il n’est plus toléré qu’une femme soit privée de ses droits”.

Évoquant, par ailleurs, la violence à l’égard des femmes, le rapport note une recrudescence de ce phénomène tant au niveau des cas signalés qu’en celui de la forme de violence perpétrée, expliquant ce fait par la faiblesse de la protection juridique des femmes avant et après la commission des faits de violence à leur encontre.

Rappelant que le CNDH avait recommandé d’inclure dans la définition du viol dans le code pénal toutes les formes d’agression sexuelle et ce, pour éviter une différenciation des peines pour des faits similaires comme cela est le cas aujourd’hui dans les tribunaux.

Par ailleurs, le rapport pointe la recrudescence de la violence numérique à l’encontre des femmes, environ 1,5 million de femmes victimes de cyber-violence, soit 19% du total de toutes les formes de violence à l’égard des femmes, ajoutant que pour les filles âgées de 15 à 19 ans, ce taux est de 34 % et un peu moins, 28 %, pour les femmes âgées de 20 à 24 ans.

Le rapport pointe aussi la persistance de certains blocages juridiques, économiques et culturels qui ne favorisent guère la participation de la femme à l’économie nationale et son autonomisation, déplorant aussi la hausse du taux de chômage à hauteur de 17,2 (+ 0,4) parmi les femmes durant la période post-Covid 19 contre une baisse chez les hommes (10,3 %), soit un recul de 0,6.

Et le CNDH de souligner que la consécration de l’égalité Homme-Femme repose sur l’effectivité des droits des femmes et leur autonomisation dans les domaines politique et économique, et ainsi mettre un coup d’arrêt à toutes les formes de discrimination et à la minoration de leur présence dans l’espace public.

Le Conseil estime, par ailleurs, que le débat public autour de la réforme du code de la famille est une occasion propice à la consolidation des garanties juridiques en faveur de la protection des droits des femmes, notant cependant que les dimensions juridiques et institutionnels ne suffisent pas à elles seules pour réaliser l’effectivité des droits des femmes, l’égalité des sexes ou encore l’élimination de toutes les formes de discrimination.

”Il s’avère aujourd’hui nécessaire de mettre en place des mécanismes parallèles pour asseoir un réel équilibre au sein de la société à même de prémunir les filles et les femmes contre toute violation de leurs droits, de consolider l’égalité des genres et aussi lutter contre toutes les formes de discrimination et de violence”, plaide le CNDH, avant de conclure en relevant que l’effet positif des lois sur la condition des femmes et des filles reste tributaire d’une culture égalitaire dans sa dimension universelle, outre les conditions nécessaires à l’autonomisation de la femme dans les domaines économique, social et politique.