Nations Unies (New York)- A l’occasion de la première année après la prise de pouvoir par les Talibans en Afghanistan, trois agences des Nations Unies ont alerté sur la détérioration de la vie des femmes et des filles dans ce pays “affectant tous les aspects de leurs droits fondamentaux”.

“Cette année a été marquée par un manque croissant de respect pour leur droit à vivre librement et sur un pied d’égalité, les privant de moyens de subsistance, d’accès aux soins de santé et à l’éducation, et de la possibilité d’échapper à des situations de violence”, a déclaré la directrice exécutive d’ONU Femmes, Sima Bahous.

Elle a indiqué que des “politiques inégalitaires méticuleusement construites” par les Talibans ont placé l’Afghanistan à l’écart du reste de la communauté internationale, effaçant en quelques mois à peine des décennies de progrès en matière d’égalité des sexes et de droits des femmes.

“L’Afghanistan est le seul pays au monde où les filles n’ont pas le droit d’aller au lycée et où elles ne peuvent pas participer à la vie politique”, a déploré la responsable onusienne, notant que les femmes afghanes n’ont plus le droit de travailler en dehors de leur foyer.

“Cette série délibérée de mesures discriminatoires à l’encontre des femmes et des filles afghanes constitue également un terrible acte d’automutilation pour un pays confronté à d’immenses défis, qu’il s’agisse des catastrophes naturelles et climatiques, ou de l’exposition aux soubresauts de l’économie mondiale, qui laissent quelque 25 millions d’Afghans dans une situation de pauvreté et beaucoup dans la faim”, a-t-elle ajouté.

De son côté, la directrice du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), Natalia Kanem a fait observer que l’Afghanistan reste en proie à une profonde crise économique et humanitaire, ajoutant que la flambée des prix des denrées alimentaires et des carburants, aggravée par la sécheresse et la guerre en Ukraine, signifie qu’environ 95% de la population afghane, dont presque tous les ménages sont dirigés par des femmes, ne mangent pas à leur faim.

Et de relever que le fait d’exclure les filles de l’école secondaire non seulement violait leur droit à l’éducation et les empêchait de réaliser pleinement leur potentiel, mais les exposait aussi à des risques accrus de mariage précoce, de grossesse précoce, de violences et d’abus.

Pour sa part, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a indiqué que le fait d’empêcher les filles de fréquenter l’école secondaire a également un coût monétaire, précisant que le pays a perdu 2,5% de son produit intérieur brut (PIB) annuel en l’espace d’un an en raison de cette décision.

Selon l’UNICEF, l’économie afghane gagnerait au moins 5,4 milliards de dollars si les 3 millions de filles afghanes concernées achevaient leurs études secondaires et rejoignaient la population active.