Rabat- Le vernissage de “Regards d’enfants”, une exposition artistique contre le mariage des mineurs, a eu lieu, jeudi soir à Rabat, en commémoration de la Journée internationale des droits des femmes.
A travers des tableaux réalisés par des enfants lors des ateliers de dessin organisés par la Fondation Ytto, via des caravanes sociales de sensibilisation sur les mariages des mineurs dans plusieurs régions enclavées du Royaume, cette exposition se veut une opportunité de transmettre les histoires des différentes femmes victimes des mariages précoces et de tirer la sonnette d’alarme contre ce phénomène destructeur de la société.
Dans une déclaration à la MAP, la présidente de la Fondation Ytto, Najat Ikhich, a souligné que cette exposition résume, à travers les différentes tableaux exposés, la violence faite aux filles et femmes, notant qu’il s’agit d’un hommage rendu à “ces femmes qui vivent le calvaire dans un silence total de toute la société”.
“Chaque tableau cache une histoire racontée par une femme aux enfants présents lors des ateliers organisés dans le cadre des caravanes sociales de la Fondation”, a-t-elle indiqué.
Pour sa part, la représentante d’ONU femmes au Maroc, Leila Rhiwi, a affirmé que ces tableaux reflètent l’expression “pure” des jeunes enfants, garçons et filles, face au mariage des enfants, mettant en exergue l’importance de la “Déclaration de Marrakech 2020 pour la lutte contre la violence faite aux femme”, lancée par SAR la princesse Lalla Meryem, et dont l’un des objectifs est l’éradication de ce phénomène.
Dans la même veine, la coordinatrice résidente des Nations unies au Maroc, Sylvia Lopez-Ekra, a mis en garde contre ce phénomène qui “prive les jeunes filles de leur droit d’accès à la santé, à l’école, à l’éducation et au savoir”.
“Alors qu’elles ont le potentiel de devenir des leaders et d’amener des changements, l’autonomisation des jeunes filles est entravée par des facteurs tels que les grossesses non désirées, la violence fondée sur le genre et l’accès limité à l’enseignement supérieur et aux services sanitaires”, a-t-elle déploré.
De son côté, l’ambassadeur de Belgique au Maroc, Mme Véronique Petit, a souligné que cette question “doit être considérée comme constituant une atteinte aux droits fondamentaux des enfants, en particulier le droit à l’éducation et à la santé”, mettant en relief les conclusions du Conseil économique, social et environnemental (CESE) dans son rapport de 2019, qui mettent en garde contre les effets néfastes de la non scolarisation et de la déscolarisation prématurée des filles, qui constituent à la fois “des causes, des conséquences et des facteurs de pérennisation de ce phénomène”.
L’ambassadeur du Canada au Maroc, Mme Nell Stewart, a mis en évidence “la politique d’aide internationale féministe” dont dispose son pays, et qui place le renforcement du pouvoir des femmes et leur autonomisation économique au centre de ses préoccupations.
L’exposition “Regards d’enfants” est organisée du 11 au 17 mars par la Fondation Ytto en collaboration avec le ministère de la Jeunesse, de la culture et de la communication, la Présidence du ministère public, ONU Femmes, l’UNICEF, le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA), avec l’appui des Ambassades du Canada et de la Belgique au Maroc.
Depuis 2007, les caravanes sociales de la fondation Ytto s’emploient à sensibiliser les habitants des villages les plus isolés contre le mariage des mineures et les mariages forcés, et à promouvoir les droits humains des femmes et des filles.