Rabat – Les défis et enjeux liés au renforcement de l’autonomisation économique des femmes en tant qu’impératif pour leur épanouissement professionnel ont été au centre de discussions à l’occasion d’une rencontre parlementaire, tenue, mercredi à Rabat, avec la participation d’experts marocains et européens.

Placée sous le thème : “Le renforcement de l’autonomisation économique des femmes : emploi, entreprenariat, formation”, cette rencontre, organisée dans le cadre du projet “Appui au développement du rôle du Parlement dans la consolidation de la démocratie au Maroc”, qui est financé par l’Union européenne (UE) et mis en œuvre par le Conseil de l’Europe, a été l’occasion pour les participants de pointer du doigt les obstacles freinant l’autonomisation des femmes et de proposer des suggestions et pistes à même de favoriser leur intégration dans le marché du travail.

Le président de la Commission parlementaire mixte Maroc-UE, Lahcen Haddad, a souligné, lors de la première session de cette rencontre parlementaire, que l’autonomisation économique des femmes est une mesure “fondamentale” pour réaliser la parité genre, mettant l’accent sur le droit des femmes à accéder à un travail digne et à jouir d’un salaire égal à celui de leurs homologues masculins.

“La femme doit avoir une voix entendue compte tenu de son rôle accru et de sa forte participation dans la prise de décisions qu’il s’agisse du domicile ou de la scène internationale”, a-t-il ajouté, en attirant l’attention sur le poids important de la femme dans l’augmentation de la productivité au travail.

“Les entreprises dans lesquelles trois femmes ou plus occupent des postes de responsabilité et de gestion, obtiennent plus de notes en ce qui concerne les réalisations”, a fait savoir M. Haddad, saluant la volonté du gouvernement à améliorer l’intégration des femmes dans le marché du travail.

“L’autonomisation financière des femmes est une précondition pour l’égalité dans l’accès aux droits dans tous les domaines”, a soutenu, pour sa part, Jean-Pierre Grin, parlementaire suisse et membre de la Commission sur l’égalité et la non-discrimination.

Il s’agit d’une question “primordiale” d’égalité et de liberté, a-t-il affirmé, relevant que l’autonomisation des femmes leur garantit la possibilité de jouir de tous leurs droits et libertés, car en l’absence d’emploi, de revenu et d’autonomie financière, “la liberté de toute personne est compromise”.

“L’égalité dans le monde du travail n’existe pas encore puisqu’on retrouve toujours un écart remarquable des salaires entre les hommes et les femmes, notamment en Europe”, a, par ailleurs regretté le parlementaire suisse, saluant tout de même l’amélioration graduelle de la situation puisque “l’écart salarial entre les hommes et les femmes est passé de 17% à 13% dans les pays de l’UE, en cinq ans”.

Ayant constaté que les femmes ont souvent tendance à sous-estimer leurs prétentions salariales lors d’entretiens d’embauche, le parlementaire suisse les a appelées à renforcer leur confiance en elles dans ces situations en prenant conscience de leur valeur et de leur importance dans le marché du travail.

“L’autonomisation des femmes est essentielle pour construire des sociétés plus inclusives”, a de son côté souligné Elvira Kovacs, membre serbe de la Commission sur l’égalité et la non-discrimination, mettant l’accent sur l’importance de la participation des femmes dans l’économie pour le développement durable.

L’équilibre entre la représentation des hommes et des femmes est “un impératif moral”, a-t-elle soutenu, insistant sur le rôle de l’éducation qui ouvre la voie sur plusieurs carrières professionnelles.

Mme Kovacs a, par ailleurs, pointé du doigt certaines normes traditionnelles qui empêchent de nombreuses filles de poursuivre leur éducation et de rencontrer des opportunités de carrières, soulignant qu’il s’agit d’un phénomène “préoccupant” dont l’impact est “négatif”.

Pour ce qui est de l’éducation des sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STIM), elle a appelé les filles à s’y ouvrir davantage, regrettant qu’elles ne soient pas souvent encouragées à choisir des carrières dans le domaine du STIM.

“Nous devons changer ces stéréotypes si nous souhaitons réaliser des progrès visibles et ce, en mettant en valeur les femmes ayant réussi dans le domaine scientifique”, a enfin suggéré Elvira Kovacs.

“La place de la femme dans le marché du travail se caractérise par une vulnérabilité qui se traduit par la difficulté d’accès au marché formel”, a déploré, de son côté, Amina Hamdani, membre de la Chambre des conseillers, ajoutant que cette difficulté d’accès engendre des statuts “précaires” pour la femme.

Elle a invité, dans ce sens, les femmes travailleuses à briser le silence et à révéler les injustices quotidiennes auxquelles elles sont confrontées au travail, tout en veillant à la stricte application et au respect du code du travail en ce qui concerne les dispositions protégeant les femmes.

Il faut activer les rôles des comités de santé en faveur de la protection des femmes travailleuses, mettre en place des centres d’écoute dans les lieux de travail ou au sein de syndicats et réformer le statut du code personnel au Maroc, a plaidé la parlementaire marocaine.

Cette réunion est destinée aux parlementaires et aux officiels de la Chambre des conseillers qui travaillent sur les questions liées à l’autonomisation économique des femmes.