Rabat- La question de l’autonomisation des femmes rurales présente des contraintes spécifiques nécessitant des politiques appropriées, a indiqué, mercredi à Rabat, le Directeur général de Bank AL-Maghrib (BAM), Abderrahim Bouazza.
Intervenant à l’ouverture d’une conférence sur le thème “L’autonomisation économique de la femme rurale au Maroc”, M. Bouazza a souligné qu’au Maroc, d’importantes réformes ont été engagées au cours des deux dernières décennies en vue de renforcer le statut de la femme dans la famille et la société, mais des gaps entre les genres persistent.
Le projet d’autonomisation économique des femmes rurales a été lancé par BAM en 2019 pour sa réalisation suivant une approche progressive, a-t-il fait savoir.
“Nous avons initié le processus à travers la conduite de deux études complémentaires sur le statut socioéconomique de la femme rurale et ce, dans le cadre d’un partenariat avec l’Alliance pour l’Inclusion Financière (AFI) et l’institut international Fletcher School”, a-t-il précisé.
Capitalisant sur les conclusions de cette première phase préparatoire, la 2ème phase porte sur la conception d’une initiative nationale centrée sur les besoins et les aspirations des femmes dans le monde rural, a ajouté M. Bouazza.
Et de poursuivre que cette étape a démarré dans cadre d’un workshop organisé par la Banque à l’occasion de la journée de la femme dernier avec le soutien de l’Alliance pour l’Inclusion Financière (AFI) et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), et en présence des acteurs publics et privés de l’écosystème de l’inclusion financière (ministères, établissements et agences publiques, associations professionnelles et associations de la société civile).
Dans ce cadre, les travaux de formulation ont été réalisés d’une manière coordonnée avec l’ensemble des acteurs sous le pilotage du ministère de l’Inclusion Economique et de Bank Al-Maghrib.
D’après M. Bouazza, l’inclusion financière devrait constituer l’une des dimensions importantes de la vision sur l’autonomisation économique de la femme rurale.
Il a par la suite mis en évidence le rôle de BAM et du secteur bancaire dans le développement de l’inclusion financière et leur contribution au projet objet de la rencontre d’aujourd’hui.
Le dispositif de pilotage de la Stratégie Nationale d’Inclusion Financière (SNIF) qui est bien ancré, devrait faciliter la coordination des actions à mener dans le cadre du projet d’autonomisation des femmes rurales, a fait valoir M. Bouazza, notant que les femmes et les ruraux sont parmi les cibles prioritaires de cette stratégie compte tenu de l’importance des gaps en termes d’accès aux services financiers.
Le niveau de détention de comptes enregistre des écarts significatifs entre les genres et entre l’urbain et le rural qui s’élèvent à 23% (vs 25% en 2017) et 17% respectivement, a-t-il rappelé.
Pour sa part, Antoine Sallé de Chou, Directeur de la BERD au Maroc, a affirmé que la question de l’autonomisation de la femme rurale et un levier puissant à même d’assurer le développement d’un pays.
“Investir dans l’autonomisation économique des femmes ouvre une voie directe vers l’égalité des sexes, l’éradication de la pauvreté et une croissance économique inclusive. Les femmes apportent une contribution énorme aux économies, que ce soit dans les entreprises, dans les exploitations agricoles, en tant que chefs d’entreprise ou employées, ou en effectuant des travaux de soins non rémunérés à la maison”, a-t-il dit.
Il a, par ailleurs, relevé le niveau faible de l’autonomie financière de la femme rural, lequel a été aggrave par la crise de Covid.
Cette conférence a pour objectif de mener une réflexion sur une stratégie pour inverser la tendance an faveur des femmes du milieu rural en tenant compte de la question socio-culturelle, des secteurs sur lesquels il faut agir pour créer l’emploi féminin, des opportunités à saisir pour une meilleure autonomisation de la femme rurale, et des moyens à même d’améliorer l’inclusion financière de la femme.
Initiée par le ministère de l’inclusion économique, de la petite entreprise, de l’emploi et des compétences et Bank Al-Maghrib, en collaboration avec la BERD, l’AFI et la Fletcher School (Université américaine spécialisée en relations internationales), elle permet de lancer la phase de déploiement des actions identifiées et de poursuivre les échanges autour de la vision et des axes d’intervention suggérés pour l’autonomisation économique de la femme rurale.
Un atelier technique devra être tenu avec l’assistance des experts de l’AFI et de la BERD pour décliner les axes d’intervention en feuille de route détaillée qui sera adossée à un modèle de gouvernance destiné à assurer la coordination à l’échelle nationale autour d’une vision commune en faveur de l’autonomisation économique de la femme rurale.