Paris- L’artiste franco-marocaine Anilore Banon, a présenté, vendredi soir lors d’une conférence, un projet hors du commun baptisé “Vitae” consistant à envoyer une sculpture sur la Lune en tant que phare pour la paix.
Vitae (« vie », en latin) est une sculpture qui ressemble à une fleur et est composée d’un alliage de nickel et de titane à mémoire de forme. Déposée sur la face visible de la Lune, elle pulsera, à certains moments choisis, un rayon lumineux qui pourra être observé depuis la Terre avec un simple télescope.
Sur sa corolle mesurant 1,50 m de diamètre, qui se fermera le jour tel un cocon et s’ouvrira la nuit, un million d’empreintes de mains collectées sur toute la planète y seront gravées, symbolisant l’humanité rassemblée.
Il s’agit d’un projet mené depuis plusieurs années en collaboration avec une équipe scientifique exceptionnelle comprenant le CERN, l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire, l’un des plus grands et des plus prestigieux laboratoires scientifiques du monde, le groupe Dassault Systèmes et des ingénieurs et astrophysiciens internationalement reconnus qui ont mis leurs compétences au service de ce défi artistique et technologique. Car Vitae devra s’adapter à des conditions extrêmes : amplitudes de température allant de -150°C à + 150°C entre la nuit et le jour lunaire, solutions mécaniques autonomes permettant à la sculpture de se déployer uniquement grâce à la chaleur du soleil, matériaux permettant un voyage spatial, entre autres.
Cette conférence, qui s’est tenue au Musée des Arts et Métiers, en présence des collaborateurs à ce projet, en l’occurrence Frédérick Bordry, ancien directeur des accélérateurs et de la technologie au CERN, conseiller du projet Vitae, Philippe Laufer, vice-président exécutif, 3DS Global Brands, Laura Luhmann, ingénieure en charge de la fabrication de la sculpture, Nimesis et Xavier Pasco, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), a été l’occasion pour Mme Banon de faire découvrir à l’assistance cette odyssée lunaire.
Elle est revenue sur sa collaboration unique en son genre avec des équipes et des scientifiques de renom.
Dans une déclaration à la MAP, l’artiste a souligné l’importance du message véhiculé par son œuvre qui sera exposée en 2023 dans le cadre de la saison du musée sur l’exploration.
Cette conférence permet de partager avec le public chaque étape de ce projet, d’autant plus que toute l’histoire de “Vitae” montre qu’il n’y pas d’impossible et met en évidence comment on peut allier arts et sciences, explique-t-elle.
Rappelant sa passion pour les sciences, Mme Banon relève que ses œuvres constituent des prouesses et des défis techniques et scientifiques, à l’image des “Braves”, des sculptures monumentales installées sur la plage du débarquement, dans le sable d’Omaha, là où le 6 juin 1944 près de 35.000 hommes ont débarqué au péril de leur vie.
“Mes sculptures sont sur la pointe en verticalité et défient plusieurs lois de la nature. Les techniques et les scientifiques viennent m’aider et me permettent de réaliser mes projets sans en modifier le geste artistique”, souligne-t-elle.
“Je crée avec les scientifiques un langage commun. J’aime comprendre comment ils fonctionnent et eux ont la douceur de vouloir comprendre ce que je veux exprimer et on se croise comme ça très bien”, poursuit l’artiste.
De son côté, Dr. Frédérick Bordry a rappelé qu’il accompagne Mme Banon dans cette odyssée scientifique et artistique, faisant observer que ce projet, un “peu fou”, est très complexe du point de vue scientifique et technologique et réunit l’Humanité rassemblée, à travers le million d’empreintes de mains collectées sur toute la planète qui y seront gravées.
Née à Casablanca, Anilore Banon est spécialisée dans les œuvres monumentales. Elle compte à son actif plusieurs œuvres et des dizaines d’expositions à travers le monde.
Vitae a passé avec succès les premières étapes vers son voyage lunaire. Le 30 octobre 2012, elle effectue son premier voyage vers la stratosphère.
Le 19 février 2017, Vitae effectue son deuxième voyage en direction de la Station spatiale internationale (ISS) pour être étudiée en micro-gravité.
Anilore Banon crée ses œuvres à la frontière de l’imaginaire et du réel. Transgressant sans hésiter la fine ligne entre l’impossible et le possible, l’artiste inscrit ses œuvres dans la géographie de lieux souvent magiques : la place Vendôme, écrin de l’inestimable, le site archéologique de Carsulae en Ombrie sur la route de la Rome antique, Omaha Beach, plage héroïque du Débarquement et bientôt la Lune qui éclaire la vie terrestre depuis que le premier être humain a levé les yeux vers le ciel.