Par: Omar EL MRABET
Madrid- L’écart salarial entre les femmes et les hommes demeure toujours une réalité en Espagne malgré les efforts déployés pour lutter contre ce fléau social qui persiste avec ténacité.
L’inégalité salariale liée au genre dans le pays ibérique s’élève à 24%, ce qui signifie une différence de 5.252 euros de salaire annuel brut entre les hommes et les femmes, un fait qui préoccupe de plus en plus les syndicats et les organisations de défense des droits de la femme en Espagne.
De ce fait, les femmes espagnoles travaillent gratuitement 43 jours par an, l’un des pourcentages les plus élevés au sein des pays membres de l’UE.
“Le chiffre du salaire brut est celui qui reflète le mieux l’écart salarial discriminatoire entre les hommes et les femmes”, selon les conclusions d’une étude du syndicat des Commissions ouvrières (CC.OO), basée sur des données fournies par l’Institut national des statistiques (Ine).
Parmi les données mises en avant par le document figure le taux d’activité qui se situe “autour de 70%” chez les femmes et “80%” chez les hommes. Pour CC.OO., cette différence de 10% est la représentation de l’emploi “caché” du travail de soins effectué par les femmes et qui ne les inclut pas, “pas même dans les listes de chômeurs”.
“L’écart est intrinsèquement lié à la composition des emplois que nous avons et à la façon dont nous les distribuons”, a déclaré la secrétaire pour la participation institutionnelle et les mouvements sociaux du syndicat, Carmen Vidal, qui a souligné que cette analyse doit tenir compte des “rôles de l’accès à l’emploi”, de la “relation d’emploi avec les différents types de tâches de soins”, de la “pénalisation de la maternité” et des “différences de rémunération” qui existent dans des emplois de valeur égale.
En ce sens, elle a dénoncé que la moitié des 24% de l’écart salarial “répond” au travail à temps partiel, qui concerne 7% des hommes employés, alors que dans le cas des femmes, il s’élève à 25% des employées. L’étude précise également que, selon elle, cette situation dans le cas des travailleurs masculins est principalement due à une “situation temporaire” liée aux “premiers moments de la relation de travail”.
“Si les femmes travaillaient avec la même intensité que les hommes à temps plein (93 %) et à temps partiel (7 %), l’écart de rémunération entre les genres serait réduit de moitié en Espagne”, a insisté Mme Vidal.
Pour l’Union générale des travailleurs (UGT), l’UE doit assumer sa responsabilité pour combler l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes en adoptant une directive sur la transparence des salaires qui donne aux travailleuses les moyens de réévaluer la valeur de leur travail, aujourd’hui sous-évalué, et en promouvant une directive sur les salaires minimums adéquats qui porte les salaires minimums à un seuil décent et supprime les obstacles à la négociation collective.
Le syndicat demande aux entreprises espagnoles de respecter le décret royal sur l’égalité des salaires et de permettre aux travailleuses de connaître les raisons de leur discrimination salariale et de les éliminer, les corriger et les prévenir à l’avenir par le biais de plans d’égalité et de conventions collectives.
En outre, l’UGT exige une plus grande action de l’inspection du travail ou des tribunaux correspondants dans l’application de la loi, car les registres des salaires, qui sont obligatoires dans toutes les entreprises espagnoles, et les audits des salaires, qui sont impératifs pour ceux qui ont ou veulent mettre en œuvre un plan d’égalité, sont essentiels pour pouvoir démontrer la discrimination à l’égard des femmes.