Salé- Un guide juridique et pratique sur les droits des femmes victimes de violence, élaboré par la Commission nationale pour la prise en charge des femmes victimes de violence (CNPCFVV), a été présenté mercredi à Salé.
Ce guide, sous forme de livret illustré, a pour principal objectif d’expliciter les droits les plus importants cités dans la loi 103.13 relative à la lutte contre la violence à l’égard des femmes, et d’orienter les femmes victimes de violences sur les moyens pour bénéficier des différents services sanitaires, d’un soutien psychologique ainsi que des services sociaux, juridiques et législatifs. Des capsules de sensibilisation relatives à ces droits seront développées afin d’atteindre un large public.
La violence à l’égard des femmes constitue l’un des obstacles et contraintes empêchant la diffusion d’une culture des droits de l’homme, de la parité et du principe de la non-discrimination fondée sur le genre, a relevé la présidente de la CNPCFVV, Zhour El Horr, mettant en avant le coût économique de ce fléau qui impacte la stabilité de la famille et entrave son implication au processus de développement du pays.
Les études et les recherches menées en 2019 et 2020 par le secteur chargé de la femme et le Haut-Commissariat au Plan, ont mis à nu des “chiffres et des indicateurs très inquiétants, en ce sens que 28% seulement des cas de violences sont notifiées, tandis que le taux de dépôt des plaintes n’excède pas 6.6%, a-t-elle fait remarquer, précisant que “57% des femmes ont dit qu’elles ne connaissent pas la loi 103-13 ni ses provisions, ce qui pousse la majorité d’entre elles à garder le silence et à supporter les différentes formes de violence, une situation qui favorise l’impunité ainsi que l’amplification du phénomène.
De l’avis de Mme El Horr, la lutte contre ce phénomène doit “s’appuyer sur une approche globale et inclusive prenant en considération l’ensemble des facteurs et des dimensions sociales, économiques et culturelles en vue de mettre un terme à ses répercussions sur les individus et sur la société”, car “il ne s’agit pas d’une question réservée uniquement aux femmes uniquement, mais plutôt d’un problème de toute une société”.
Pour sa part, le chef de la section Gouvernance de la Délégation de l’Union Européenne au Maroc, Severin Strohal, a fait remarquer que “la pandémie liée à la Covid-19 a intensifié le phénomène de la violence aussi bien au Maroc qu’ailleurs, notamment avec les fermetures des frontières pour lutter contre la propagation du virus, mettant en avant les “répercussions négatives dues à ces restrictions ayant exposé les femmes et les fillettes à davantage de formes de violence à leurs domiciles.
M. Strohal s’est félicité du fait que la commission spéciale sur le nouveau modèle de développement (CSMD) ait consacré un grand chapitre à la parité et à la lutte contre la violence, notant, dans ce sens, que cette même commission avait émis un “nombre important de recommandations, dont la promotion des valeurs de la parité au sein de la société.
La CSMD, a-t-il ajouté, a assuré que l’éradication de a lutte contre toutes les formes de violence et de discrimination à l’égard des femmes “doit commencer par les écoles et à travers les médias, en vue de casser les stéréotypes de genre”, ajoutant dans le même sillage que ladite commission a également “recommandé l’opérationnalisation de l’Autorité pour la Parité et la lutte contre toutes formes de discrimination”.
De son côté, le Chef du service de la dignité humaine et de l’égalité de genre, relevant du Conseil Européen, Roberto Olla a relevé que “la violence à l’égard des femmes est un phénomène universel et aucun pays ne peut affirmer qu’il l’a éradiqué définitivement”, ajoutant que cette réalité est de plus en plus apparente grâce aux médias et aux réseaux sociaux, “ce qui a encouragé les victimes à sortir de leur silence et incité les autorités publiques à y faire face”.
M. Olla a salué les différentes réformes adoptées par le Royaume depuis des années, notamment la loi 103-13 relative à la lutte contre la violence envers les femmes entrée en vigueur en 2018, notant que ce nouveau guide émane du nouveau cadre législatif afin de permettre aux femmes de connaître leurs droits et comment en bénéficier”.
Le guide la CNPCFVV a été élaboré avec le soutien du programme conjoint de l’Union européenne et du Conseil de l’Europe intitulé “Soutien régional à la consolidation des droits de l’homme, de l’Etat de droit et de la démocratie dans le sud de la Méditerranée”, co-financé par les deux institutions.