Par Meriem RKIOUAK
Rabat- Les femmes marocaines, qui célèbrent ce jeudi 10 octobre leur journée nationale, ont de quoi être fières. En deux décennies, leur condition s’est nettement améliorée dans tous les domaines, grâce à la Haute sollicitude dont Sa Majesté le Roi Mohammed VI entoure la femme, et à un activisme remarquable de la société civile en termes de plaidoyer et de sensibilisation.
Entre 2004, date d’adoption du Code de la famille, un texte fondateur et pionnier dans le monde arabo-musulman qui a consolidé le statut de la femme au sein de l’institution familiale (mariage, divorce, garde des enfants, partage des biens, succession) et jusqu’en 2024, d’innombrables progrès ont eu lieu, reflétant une importante évolution des mentalités.
Ces progrès n’auraient été possibles sans les apports de la Constitution de 2011 qui stipule, dans son article 19, que “l’homme et la femme jouissent, à égalité, des droits et libertés à caractère civil, politique, économique, social, culturel et environnemental” et que “l’Etat œuvre à la réalisation de la parité entre les hommes et les femmes”.
Selon Fouzia Assouli, présidente de la Fédération de la ligue démocratique des droits des femmes, la Loi fondamentale du Royaume a placé haut la barre des réformes et a balisé la voie vers l’autonomisation des femmes, en prévoyant la création d’une Autorité pour la parité et la lutte contre toutes les formes de discrimination.
Dans une déclaration à la MAP, la militante associative rappelle que cette Autorité n’a pas encore vu le jour, soulignant le rôle qu’elle peut jouer pour améliorer les politiques et stratégies publiques dédiées aux femmes.
A l’international, l’adoption par le Royaume, en 2015, du protocole facultatif à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW), a donné la pleine mesure de l’engagement de l’Etat marocain à réhabiliter la moitié de la société dans ses droits.
A l’échelle nationale, et suite à la révision d’anciens textes de loi et l’adoption de nouvelles législations, l’arsenal juridique a évolué vers une plus grande intégration de la dimension genre et une meilleure protection des droits politiques et socio-économiques des femmes (loi 103.13 relative à la lutte contre la violence à l’égard des femmes, Code pénal, Code de la Nationalité, Code du travail…).
Ces avancées juridiques, fruits d’une volonté politique et d’intenses efforts de plaidoyer de la société civile, ont permis aux femmes de libérer leur potentiel et de faire une percée significative en politique, économie, sport, médias…
Ainsi, à la Chambre des représentants, le taux de représentativité féminine est passé de 17% en 2011 à 24% en 2024. Si ce taux reste en-deçà des espérances, il reflète néanmoins une dynamique positive qui est en train de prendre place au sein de l’institution législative.
A son tour, la fonction publique s’est largement féminisée ces dernières années, avec un pourcentage de 40% femmes fonctionnaires en 2019, malgré un faible accès aux postes de décision.
La gent féminine ne représente, en effet, que 23,5% des postes de responsabilité et 17,2% des emplois supérieurs, selon les chiffres du Haut-Commissariat au Plan.
Dans l’ensemble, le HCP fait état, dans une note d’information publiée en mars 2021, d’une “participation faible mais de qualité” de la femme au marché du travail, avec un taux d’activité de 19,9% contre 70,4% pour les hommes.
S’agissant de l’entrepreneuriat féminin, le HCP révèle que 12,8% des entreprises organisées étaient dirigées par les femmes en 2019, avec une concentration dans le secteur des services (17,3%).
Les réalisations les plus notables ont été enregistrées dans le domaine de l’accès à l’éducation, puisque le HCP fait état de la scolarisation de 96,1% des filles âgées de 15 à 17 ans en 2022, même si en cette matière, l’écart entre les milieux rural et citadin demeure criant (seulement 47,6% de filles rurales scolarisées).
Autant d’indicateurs socio-économiques qui dénotent une évolution incontestable de la situation des femmes, mais qui renseignent, en même temps, sur “le chemin qui reste à parcourir pour atteindre l’objectif de la parité fixé par la Constitution”, fait remarquer Mme Assouli.
Pour y arriver, elle juge nécessaire de disposer, outre les plans sectoriels, d’une stratégie transversale qui s’intéresse à la question de la femme dans toute sa complexité et propose des solutions durables et intégrées aux problèmes qui persistent.
“Par exemple, on a fait beaucoup de progrès par rapport à la scolarisation des filles grâce aux programmes de soutien social. Mais dès qu’elles arrivent au lycée, une partie de ces filles abandonnent leurs études pour se marier. À la barrière économique s’ajoute ainsi une autre, culturelle, qui freine l’élan d’émancipation des femmes. D’où la nécessité d’assurer la convergence des politiques publiques pour plus d’efficacité”, soutient-elle.
Malgré l’immensité des défis à relever et des chantiers à parachever pour atteindre une parité homme-femme pleine et effective, la dynamique vertueuse enclenchée depuis l’intronisation de Sa Majesté le Roi Mohammed VI est indéniable et irréversible.
La lettre adressée par le Souverain, en septembre 2023, au Chef du gouvernement, relative à la révision du Code de la famille afin de combler les lacunes révélées par 20 ans de mise en oeuvre, est de nature à renforcer cet élan réformateur qui fait du Maroc un modèle à suivre dans le monde arabo-islamique.