Par Salma El BADAOUI.
Casablanca– L’entrepreneuriat féminin a indubitablement pris son envol avec des femmes inspirantes et audacieuses qui ont osé tenter l’expérience et l’aventure, en réussissant à créer et diriger leurs propres entreprises.
Nourries d’une forte ambition et d’un désir irrépressible d’autonomie et d’émancipation, ces femmes, qui œuvrent activement dans des actions concrètes pour un développement prospère, inclusif et durable, prouvent que le Maroc est sur la bonne voie.
Si les chiffres scrutés font ressortir que les hommes se lancent plus souvent dans l’entrepreneuriat que la gent féminine, ces combattantes font montre d’une volonté d’inverser cette tendance.
Approchée par la MAP, Soumaya Benjelloun, trésorière du réseau We4She, qui œuvre pour une meilleure représentation des femmes dans les instances dirigeantes des entreprises et pour l’autonomisation économique de toutes les femmes, a indiqué que l’entrepreneuriat féminin a souffert des effets de la pandémie mais qu’il reste une priorité nationale pour permettre à la femme marocaine de participer pleinement à la création de valeur et au développement économique.
En milieu rural, auto-entreprendre est quasiment le seul moyen pour la femme de générer un revenu et assurer ainsi son inclusion économique, a souligné Mme Benjelloun, également directrice générale et co-fondatrice de la société Burintel, un des leaders marocains de la distribution informatique.
Elle a, dans ce sens, précisé que l’entrepreneuriat féminin au Maroc se situe aujourd’hui autour de 16%, en progression par rapport à 2018 où il n’était que de 10%, ce qui permet d’être optimiste.
Interrogée sur les contraintes qui bloquent ces femmes et ne leur permettent pas de se poser ce challenge, elle a répondu que les premières contraintes évidentes sont d’ordre socio-culturelles, le regard que porte la société sur les femmes qui veulent gagner leur indépendance financière en entreprenant est souvent culpabilisant, suggérant que leur rôle est d’abord de s’occuper de leur foyer.
Et d’ajouter que le niveau d’instruction et de formation insuffisant peut être un frein également, outre les propres croyances limitantes que peuvent avoir les femmes sur leur capacité à entreprendre qui les bloquent dans leurs ambitions.
Dans ce sens, Mme Benjelloun a fait savoir que pour lutter contre ces stéréotypes du genre très ancrés dans la société et dans le milieu du travail, “We4She” a lancé l’an dernier sur les réseaux sociaux la campagne “MOUSSAWAT” qui consiste en plusieurs capsules vidéo qui reprennent des situations vécues en entreprise.
Ces vidéos, a-t-elle dit, permettent aujourd’hui de sensibiliser les entreprises sur les biais inconscients qui freinent les femmes dans leur progression professionnelle.
S’attardant sur les difficultés d’accès au financement, Mme Benjelloun a fait observer que pour pallier cette contrainte, de nombreux programmes nationaux ou internationaux sont lancés par les établissements financiers et banques de développement mais leur utilisation par les femmes reste faible par manque d’information et d’accompagnement.
Pourtant, l’expérience a montré que les femmes remboursent très bien leurs crédits et sont des gestionnaires très fiables, a-t-elle estimé.
“Nous parlons souvent de la gestion de bon père de famille mais il faudrait mettre plus l’accent sur la gestion en bonne mère de famille. Après tout, les femmes tiennent les cordons de la bourse au sein de leurs foyers qui sont en soit de véritables PME”, a dit Mme Benjelloun.
Si l’inconscient collectif fait qu’on pense que l’entrepreneuriat est un concept masculin synonyme d’autorité automatiquement, une femme au poste de responsabilité est tout autant capable de gérer, guider et développer l’entreprise grâce à des qualités managériales et d’atouts tels que l’ingéniosité ou encore la créativité. C’est en effet cet inconscient, cet imaginaire collectif qu’il convient de réinventer afin de lui donner une nouvelle définition et un nouveau sens.
La conciliation entre la vie professionnelle et la vie familiale peut être perçue comme une difficulté majeure pour les femmes dirigeantes mais l’équilibre reste toujours possible. Les femmes peuvent également être des facteurs clés du développement économique d’un pays.