Par Safaa BENNOUR
Casablanca – La mise en œuvre de la Budgétisation sensible au genre (BSG) s’impose, de nos jours, avec acuité. Cet outil budgétaire stratégique trouve tout son sens dans le grand processus d’édification d’une économie juste et équitable, tel que tracé par le Maroc.
Cet instrument financier est d’autant plus nécessaire dans la mesure où il contribuerait aux efforts de réduction des inégalités lesquelles ont été exacerbées par la crise de Covid-19. Des statistiques du Haut-Commissariat au plan font d’ailleurs état d’une persistance du rythme baissier de l’activité féminine, en affichant un taux de 19,9% pour l’année 2020.
Consacrant l’égalité de genre, la BSG, où le Maroc a fait preuve d’avancées importantes, garantit des décisions financières qui tiennent compte de ces inégalités, sans exclure ou impacter négativement les populations les plus vulnérables. La BSG s’impose ainsi comme un outil privilégié à même d’assurer une mise en œuvre efficiente du Nouveau modèle de développement (NMD).
En effet, cette feuille de route qui consacre la centralité du citoyen comme socle et finalité des politiques publiques, accorde une place de choix à l’équité genre et en fait un vecteur de développement juste et équitable.
Dans ce sillage, les grandes orientations du NMD aspirent à un niveau élevé d’inclusion et d’activité des femmes dans les sphères économiques et sociales à travers notamment l’augmentation de l’activité des femmes pour atteindre le niveau de 25% en 2025 et de 45% en 2035.
C’est ainsi que les mécanismes et dispositifs développés par le Maroc en matière d’application de la BSG devraient être déployés avec agilité et efficience dans le but de concrétiser cette ambition du NMD.
Au Maroc, le chantier de mise en œuvre de la BSG, qui se veut également un outil budgétaire d’analyse, d’aide à la décision et de reddition des comptes visant à réduire les inégalités entre les femmes et les hommes dans leur diversité, est passé, d’une phase de sensibilisation à une phase de renforcement et d’approfondissement de l’intégration du genre au sein du processus budgétaire.
Ceci est rendu possible grâce aux différents engagements du Royaume et à la faveur notamment de l’appui du Centre d’Excellence pour la Budgétisation Sensible au Genre (CE-BSG), à travers notamment la réforme des outils du reporting Genre et l’amélioration qualitative des objectifs et indicateurs sensibles au genre.
Dans ce sens, le comité de pilotage du CE-BSG, tenu le 15 février dernier, a validé la nouvelle stratégie 2021-2025 du CE-BSG qui repose sur trois axes à savoir l’accompagnement technique des parties prenantes, l’expertise, le développement théorique de la BSG et le rayonnement à l’international et enfin la transformation digitale.
Pour le premier axe, il s’agit, au niveau des départements ministériels, de mettre en place un kit de fonctionnement type des relais BSG et d’assurer un accompagnement pour le déploiement dudit kit.
Au niveau des parlementaires, l’action portera sur la sensibilisation des parlementaires à la BSG à travers des actions de conduite du changement et de formation. En ce qui concerne la société civile, il s’agit d’assurer le dialogue en matière de BSG avec les acteurs de la société civile.
L’expertise, le développement théorique de la BSG et le rayonnement à l’international se fera par le renforcement de l’expertise BSG, en développant des programmes de certification génériques et spécifiques, le développement théorique de la BSG, en positionnant le CE-BSG comme chef de file de l’ensemble des partenariats BSG, ainsi que le rayonnement à l’international, en renforçant le partage de l’expérience du CE-BSG, en participant aux événements à l’international et en capitalisant sur les retours d’expérience des différents pays.
La transformation digitale, en guise de troisième axe, sera réalisée à travers le développement d’une bonne compréhension des besoins des utilisateurs sur le canal du digital, la mise en place d’une stratégie de communication claire et adaptée aux besoins du CE-BSG, la mise en place d’une nouvelle plateforme digitale ainsi que la digitalisation de la formation (E-Learning).
Afin de permettre la mise en œuvre de cette stratégie, un kit organisationnel a été développé. Ce kit prévoit de maintenir le CE-BSG en tant que structure hybride portée conjointement par la Direction des affaires administratives et générales, la Direction des études et des prévisions financières et la Direction du Budget du ministère de l’Economie et des Finances tout en créant une structure administrative chargée d’appuyer la mise en œuvre du plan d’action du Centre.
Créé en février 2013 au sein du ministère de l’Économie et des Finances, le CE-BSG est une plateforme de développement d’expertise, de gestion des connaissances et de mise en relation des différents intervenants dans le domaine de la BSG à l’échelle nationale, régionale et mondiale.
La BSG est certes un mécanisme moderne visant à asseoir l’égalité budgétaire, mais dont la réussite reste tributaire de plusieurs éléments dont la forte adhésion et mobilisation de l’ensemble des acteurs, la mise en place de comités de pilotage au sein des départements ministériels et la sensibilisation à la culture de parité et d’égalité.