Par Samia BOUFOUS
Stockholm- “Aucun problème ne peut être résolu sans changer le niveau de conscience qui l’a engendré”, cette citation d’Albert Einstein semble être la devise de Sarah Ouakim, qui dirige les investissements stratégiques d’Accenture en technologies de pointe à Stockholm et qui a su s’imposer dans un domaine longtemps considéré comme masculin.
Apprentissage automatique, robotique, mégadonnées, réalité augmentée, autant de technologies et bien d’autres qui font de l’intelligence artificielle (IA) un univers fascinant d’innovation et d’immenses potentialités de croissance. Et c’est bien dans ce monde qui couvre diverses technologies et champs d’application, qu’évolue en Suède la Marocaine Sarah Ouakim. Ses domaines de prédilection pour le moment: les secteurs névralgiques de la santé et de l’éducation.
Au terme d’un brillant parcours universitaire scientifique en Suède et dans des universités américaines prestigieuses, la jeune femme, native de Rabat, a entamé son parcours professionnel chez Monster Worldwide avant de rejoindre en 2013 Brightbytes, une startup/scale-up américaine basée à la Silicon Valley et qui opère dans le domaine EdTech dans laquelle elle était amenée à mettre en place et lancer leur stratégie commerciale internationale, ce qui a, par ricochet, marqué son début entrepreneurial.
Jusqu’en 2022, cette “Tech Geek” comme plusieurs aiment l’appeler a continué à diriger et investir dans des startups dans les domaines de technologies de pointe, en l’occurrence, l’IA, la Robotique Sociale, la Virtual/Augmented/Mixed Reality et a passé de nombreuses années à se concentrer sur des innovations technologiques indépendantes de l’industrie, pour construire et déployer des stratégies à court, moyen et long terme avec un impact social clair.
Son sens d’organisation, son engagement et son ouverture d’esprit lui ont valu le mérite de cumuler plusieurs postes managériaux puisqu’en juin 2022, elle a été recrutée par Accenture pour lancer et diriger l’équipe Ventures & Open Innovation dans les pays Nordiques, chargée du portfolio d’investissements stratégiques en technologies de pointe dans 9 secteurs clefs.
En effet, Mme Ouakim qui se définit comme “une polyglotte, binationale et citoyenne du monde” a été également active et engagée dans le monde des ONG depuis l’âge de 16 ans, notamment à Red Cross Youth Delegate, ICRC Delegate, First Response Officer, CPR Instructor, Youth Mentor, Human Rights Advocate, Women in Tech, Women in Business, Women in AI, CodeHer, Pink Programming…
Outre cet engagement associatif infaillible, elle prend très au sérieux les questions relatives aux droits de la femme et est également engagée depuis des années dans plusieurs organisations qui agissent pour la parité salariale, le support communautaire, l’autonomisation de la femme, avec essentiellement une concentration sur l’accès au travail, aux industries traditionnellement masculines, en plus d’être mentor dans un programme national qui vise à aider les femmes réfugiées ou d’origine étrangère à se construire une vie professionnelle en Suède.
Interrogée sur la parité homme-femme dans le milieu de la tech, Mme Ouakim a relevé que celui-ci est encore loin de la parité mais demeure néanmoins un milieu qui aujourd’hui, est conscient plus que tout de l’importance de celle-ci et qui agit activement pour créer un environnement favorable afin de l’atteindre.
Étant consciente de sa responsabilité envers les prochaines générations, elle dit consacrer une grosse partie de son temps à contribuer à la facilitation et la démocratisation de l’accès à des industries qui, historiquement, ont défavorisé et/ou sous-évalué les femmes, en plus d’intervenir assez régulièrement en tant que “Keynote Speaker” dans des évènements qui visent à recruter plus de femmes dans le monde de la tech, ainsi que pour inspirer plus de jeunes étudiantes à choisir une carrière dans ce domaine.
Revenant sur la femme et sur sa capacité à réussir sa vie professionnelle tout en étant épanouie dans sa vie personnelle, Mme Ouakim a affirmé qu’il lui a fallu atteindre une certaine maturité émotionnelle et une indépendance intellectuelle pour y arriver.
“Je suis aujourd’hui à un cap de ma vie où je ne définis plus l’épanouissement personnel et professionnel en fonction de ce que les différentes sociétés et cultures autour de moi ont décidé. J’ai le privilège de travailler dans une industrie qui me passionne, d’œuvrer dans des domaines gratifiants et de vivre une vie d’apprentissage continu, ce qui me permet de consacrer mon temps à ce qui m’importe le plus, mes priorités, mes responsabilités, mes devoirs et mes aspirations. C’est selon moi, la définition de l’épanouissement”, a-t-elle dit avec fierté.
Pour elle, la célébration de la journée mondiale des droits de la femme est avant tout un rappel qu’il y a encore beaucoup de travail à faire pour s’assurer que toute femme née sur la planète, puisse les considérer un acquis et un droit de naissance. “C’est aussi une journée de gratitude envers les pionnier(e)s qui se sont voué(e)s et souvent, ont sacrifié(e)s leurs vies à cette cause qui nous unit, ont tracé le chemin que j’espère pouvoir suivre et qui, entre autres, ont permis à ma génération de vivre et de s’exprimer de la manière dont je m’exprime aujourd’hui”, a-t-elle conclu.