Khénifra – A l’occasion de la journée internationale de la femme, l’écrivaine et artiste peintre, Fatima Amahzoune, a accordé une interview à la MAP dans laquelle elle revient sur les enjeux de la célébration de cette journée mondiale dédiée à la gente féminine et nous livre son combat en tant qu’écrivaine en faveur de l’épanouissement de la femme marocaine.
1. Présentez-vous au public qui ne vous connaît pas encore ?
Fatima Amahzoune, native de la ville de Khénifra, artiste peintre ayant à son actif les publications suivantes :
“Une Berbère à l’œuvre culinaire”, édition Okad, 2006, “Espoir”, poésie et peinture, édition Marsam, 2016, “La cuisine amazighe du Moyen-Atlas”, édition universitaire européenne, 2019, “Moha Ou Hammou Zayani Amahzoune” la saga d’un grand guerrier (1857-1921), édition Maisonneuve et Hémisphère éditions, 2022.
2. Comment évaluez-vous aujourd’hui la place de la femme marocaine dans la société ?
D’un point de vue optimiste qui se veut vrai, la femme marocaine joue un rôle prépondérant dans le développement de la société de par ses réalisations et ses exploits exemplaires et légendaires.
Elle a démontré des capacités brillantes dans tous les domaines, notamment, éducatif, administratif, politique, économique, militaire, social, financier, religieux, sportif…Elle est une fierté à laquelle la société doit un grand respect ! Intercède pour elle son courage, sa bravoure, son abnégation, sa patience et son endurance.
Veuve, mariée ou divorcée, elle s’en sort, la plupart du temps avec brio. Elle se bat et s’acharne, avec dignité, pour se prouver coûte que coûte. L’histoire lui accorde une grande place qu’elle occupe aujourd’hui puisqu’elle y laissa une empreinte de satisfaction, d’intellect et d’admiration.
D’un point de vue réaliste et, malheureusement pessimiste, la femme souffre encore énormément. Elle est parfois la cible primordiale du sexisme qui aboutit crescendo à toutes les formes du harcèlement : violence verbale, viol, violence sexuelle.
Oui ! La femme souffre d’une injustice sociale flagrante même si elle est dotée de capacités supérieures ou et égales à celles de l’homme, et par-dessus tout, et c’est ce qui me tient le plus à cœur, c’est le cas de la femme rurale qui vit encore dans un milieu toujours patriarcal.
3. Un mot sur votre engagement en tant qu’écrivaine en faveur de l’épanouissement de la femme marocaine ?
Pour arriver à l’épanouissement dont rêve toute femme, il faut hisser son statut de femme réduite, opprimée et marginalisée à celui d’une femme autonome financièrement, consciencieusement et intellectuellement. Pour atteindre cet objectif dans l’immédiat, il faut s’armer d’une baguette magique ! Mais rien n’empêche le progrès lorsqu’il y’a la volonté et la persévérance.
La femme marocaine, certainement, en détient. Cela dit, commencer par les fondations, comme lors de la construction d’une bâtisse, est nécessaire voire obligatoire pour arriver à ses fins. C’est une pierre angulaire dans le projet, car sans fondation solide, point de résultat durable.
La femme, telle une clé de voûte sait bloquer et maintenir les claveaux. Elle est le moteur du développement de toute communauté. Sans Eve, l’homme n’évoluera guère seul. Sa force est dans son intélligence, son acuité, sa clairvoyance et son aptitude à faire plusieurs tâches simultanément.
C’est pourquoi il est essentiel, en développant le féminisme, de lui accorder beaucoup d’attention et de contribuer au changement du regard misogyne braqué sur elle.
Il faut commencer par des investissements majeurs dans le domaine du développement personnel. L’INDH n’a cessé d’adoucir la vie de plusieurs familles en état de précarité avancée depuis sa création en 2005 par le biais de prêts à faible taux et la création de petites et moyennes entreprises aux financements à moyen et long terme.
4. Quelle place de la femme marocaine dans vos écrits ?
La femme occupe une place majeure dans mes deux écrits relatifs à l’art culinaire du fait que la femme, globalement, depuis la nuit des temps, s’occupe de la préparation de la nourriture et plus particulièrement en Afrique et dans les pays arabo-musulman.
Dans l’ouvrage Poésie et peinture, elle est également citée dans trois de mes poèmes : Le rêve, L’honneur, Amertume d’une femme.
Et dans le quatrième ouvrage, plusieurs chapitres lui sont consacrés. Elle reste le fil conducteur à l’image de mon personnage principal.
Trois épouses de Moha Ou Hammou sont citées dans l’ouvrage pour avoir joué un rôle important dans sa vie. La première, Itto, s’occupait de la logistique. La deuxième, Aicha Oult Mguild s’occupait des cas sociaux. Tandis que la troisième avait pour rôle de s’occuper des cas religieux du fait qu’elle était la fille du savant Moulay Driss.
5. Un mot pour la femme marocaine à l’occasion du 8 Mars?
A l’occasion du 8 Mars, journée internationale de la femme où elle célèbre ses exploits et revendique encore plus de droits, je lui rends un grand hommage et lui souhaite bonheur, santé, aisance et prospérité ainsi que patience et persévérance pour aller de l’avant et militer davantage pour réaliser son ultime objectif. A savoir : l’égalité entre elle et son compagnon.
L’égalité dont je parle n’est autre que l’égalité administrative, autrement aucun homme n’égalerait une femme vues les capacités dont le bon Dieu l’avait dotée et les facultés qu’elle possède pour surmonter les obstacles qu’elle affronte. C’est bien la femme qui sait donner merveilleusement bien naissance à des vies.