Par Karim HAMMOU
Rabat – Dans le milieu de la mode, l’attention portée aux petits détails dans le processus de création est l’un des facteurs de succès, affirme la styliste marocaine Fadila El Gadi.
Le secret de réussite d’un styliste réside dans la quête continue d’inspiration et de savoir, la saisie des opportunités et, tout particulièrement, le souci du détail qui va de pair avec la sensibilité artistique, a indiqué Mme El Gadi dans une interview à la MAP.
Il va sans dire que ceci n’est pas un secret pour cette styliste qui est désormais une “marque déposée” et dont la passion pour la broderie l’avait poussé jadis à percer dans le monde de la haute couture.
Sa volonté d’inscrire la broderie marocaine, connue pour son élégance et sa finesse, dans la mode internationale et de lui redonner ses lettres de noblesse ont constitué une grande motivation pour Mme El Gadi pour se lancer dans l’aventure du stylisme loin de sa ville, Salé.
Pour concevoir des pièces uniques qui reflètent l’identité marocaine et suscitent l’admiration à travers le monde, la créatrice marocaine préconise un mélangé subtile et équilibré voire une fusion entre local et international.
Dans le milieu de la mode, les méthodes et les approches diffèrent selon la vision et les convictions de chaque styliste, mais le challenge reste le même : intégrer le patrimoine local de sorte à préserver sa beauté tout en le dotant d’un caractère universel qui soit en adéquation avec le goût et les besoins d’un public international.
Un autre défi auquel sont confrontés les stylistes marocains dans ce milieu où la concurrence est rude, est la difficulté à se frayer un chemin et à se faire un nom à l’international en dépit des réussites inspirantes de certains ambassadeurs de la mode et de la haute couture marocaines.
Connue pour sa grande passion pour la broderie, Fadila El Gadi a regretté l’engouement des femmes marocaines pour des marques étrangères. Elles sont prêtes à contracter un emprunt si nécessaire pour acquérir un article d’une grande enseigne internationale, mais se plaignent paradoxalement du prix quand il est question de produits made in Morocco, a-t-elle expliqué.
Ces femmes ne prennent pas en compte le nombre d’heures de travail, les efforts et les recherches approfondies que requiert ce genre de travail créatif, a enchainé Mme El Gadi.
Elle a aussi déploré le fait que le domaine du stylisme ne bénéficie pas d’un soutien direct, ce qui réduit les chances des créateurs marocains de jouir d’une universalité, sans pour autant cacher son optimiste quant à l’avenir de la mode au Maroc.
Misant sur un changement de mentalités, elle a appelé les jeunes stylistes à ne pas laisser place à l’hésitation et à croire en leurs propres inspirations pour écrire une réussite qui transcende les frontières du Royaume.
Fadila El Gadi doit une grande part de sa réussite au grand couturier français Yves Saint Laurent qui l’a vivement soutenue dans ses débuts après leur première rencontre à Tanger, a-t-elle fait savoir, soulignant que cette rencontre l’a aidée à exposer, pendant longtemps, ses créations à la boutique Majorelle, ce qui a constitué un véritable coup de pouce vers l’universalité.
Une autre rencontre, cette fois-ci, avec le photographe international Paul Turel, a également joué un rôle dans le parcours de Mme El Gadi. La styliste marocaine raconte avoir bénéficié de son soutien financier et moral notamment pour l’organisation d’un défilé de mode à Naples en Italie, qui lui a permis de faire connaître ses modèles et créations en Europe.
C’est dans son environnement familial que la graine d’amour pour la mode a germé chez cette styliste marocaine à succès qui profitait de ses vacances scolaires pour participer à des ateliers de broderie, de couture et de tissage en vue de peaufiner son talent.
Une fois son Bac en poche (1990), la jeune femme a intégré une école de mode et de stylisme à Rabat, où elle a reçu une formation qui lui a ouvert les portes de la création dans ce domaine.
Les créations de Fadila El Gadi portent le parfum d’un héritage et d’une grande ouverture à l’innovation aux standards internationaux. Elles peuvent être portées sous tous les cieux : à Marrakech, Rome, Paris, et pourquoi pas Tokyo. Ce n’est pas d’ailleurs un hasard si elle compte parmi ses clients de grandes célébrités mondiales qui admirent la culture et la broderie marocaines.