Al Hoceima- Se distinguant par la singularité de ses articles de poterie, la coopérative “Nissae Idadouchen” à Tamassint incarne l’ingéniosité féminine dans le développement d’un savoir-faire ancestral qui s’inspire de l’héritage culturel du Rif.
Créée il y a près d’une vingtaine d’années, cette coopérative veille à préserver l’art de la poterie dans le Rif, ainsi qu’à garantir la pérennité de ce savoir-faire, qui dans sa beauté, reflète la culture et le patrimoine de la région.
C’est également une échappatoire artistique qui permet aux adhérentes d’acquérir de nouvelles compétences artisanales.
Lancée en 2004, avec le soutien d’une association installée au cœur d’Al Hoceima, la coopérative “Nissae Idadouchen” est un espace d’appui à l’économie sociale et solidaire, et une destination prisée par les femmes de la région pour développer des compétences techniques liées à la poterie, dans le but de préserver l’héritage culturel de cette région du Royaume, a déclaré à la MAP, la présidente de la coopérative, Hafida El Khattabi.
“Potière” comme l’étaient sa mère et sa grand-mère, Hafida a confié que sa mère “Mamouch” exprimait sa créativité à travers ce métier artisanal, réalisant des articles de poterie aux allures très esthétiques, ajoutant que sa “Mamouch” ne s’est pas contentée de garder ce savoir à elle-même, mais plutôt d’en faire profiter les femmes de sa région et des villages avoisinants, après avoir constaté l’engouement des femmes pour le métier de la poterie.
Emboîtant le pas à sa mère, Hafida cherche à stimuler l’intérêt des femmes de sa région pour cette pratique manuelle traditionnelle à forte charge économique, sociale et patrimoniale, estimant que la reconnaissance de la valeur du métier de ses aïeuls garantit la pérennité de ce savoir, en hommage aux longues années que les aînés ont consacré à un métier devenu une expression du patrimoine local, hérité de génération en génération.
Le discours de Hafida est empreint de passion et de fierté pour un métier artisanal hérité de ses grands-parents, malgré son côté labeur, la patience et la maîtrise sont les mots d’ordre pour arriver à un résultat esthétique qui marque la région du Rif.
Expliquant les différentes étapes du travail de la poterie, elle a relevé qu’après récupération de la terre, celle-ci est tamisée et pétrie, notant l’importance de la qualité de la terre dans le processus de préparation, afin d’avoir des ustensiles de poterie de bonne qualité.
La terre est ensuite combinée à d’autres composants pour obtenir de l’argile, puis répartie pour enfin passer à l’étape du façonnage qui demande beaucoup d’habileté et de précision, a-t-elle insisté.
Vient ensuite le tournassage puis le séchage, une étape délicate, a-t-elle précisé, indiquant que tous ces gestes requièrent un travail manuel minutieux.
Le processus de fabrication des articles de poterie nécessite du soin, de la patience et de la précision pendant plusieurs jours, a fait savoir Mme El Khattabi.
Précédée par une étape de cuisson lente à des degrés très élevés, qui nécessite la surveillance de la poterie au sein du four traditionnel, une cuisson à feu doux est indispensable, a-t-elle enchainé.
À la fin de cette cuisson, s’ensuit l’étape de la créativité, qui consiste à décorer les pièces de la poterie avec des couleurs naturelles et des formes inspirées de l’héritage du Rif, pour avoir un produit fini avec des touches personnelles des artisanes, visant à faire de chaque pièce une œuvre unique, a expliqué Hafida.
Parmi ces objets, a jouté l’artisane, on retrouve des brûlots, des verres, des ustensiles de cuisine, des coupes et des carafes, qui séduisent par leurs styles soignés.
De par la labeur et la difficulté de cet art ancestral, les femmes de la coopérative “Nissae Idadouchen” s’inspirent dans leur travail de la robustesse de la roche et la douceur de l’argile, a-t-elle dit, estimant que ce métier mérite ses sacrifices, vu qu’il s’agit d’un véritable art de vivre, teinté de culture locale, d’histoire et de créativité, qui continue à susciter l’engouement des Marocains d’ici et d’ailleurs.