Johannesburg- L’Afrique du Sud a besoin d’une justice pénale plus réactive et collaborative avec les communautés pour lutter efficacement contre le fléau de la violence à l’égard des femmes, a indiqué vendredi le ministère sud-africain de la Justice et du Développement constitutionnel.
“Il ne peut y avoir de succès dans la lutte contre ce phénomène sans la participation de témoins oculaires qui se trouvent dans les communautés et les témoignages des victimes. Nous en avons besoin pour avoir un système de justice pénale performant”, a déclaré la directrice en chef du ministère, Praise Kambula, lors d’un webinaire sur le bilan de la mise en œuvre du Plan stratégique national (NSP) pour mettre fin à la violence basée sur le genre (VBG).
Soulignant que la responsabilité commence au niveau individuel pour changer le système de justice pénale, elle a appelé “chaque individu dans le pays à prendre ses responsabilités et à être un agent du changement”.
Par ailleurs, Mme Kambula a signalé que si le nombre de cas de féminicides a diminué dans le pays, une augmentation des crimes sexuels a été enregistrée, en particulier chez les enfants. L’âge des auteurs de la VBG “rajeunit de jour en jour”, a-t-elle déploré, notant qu’en 2020/21, l’Afrique du Sud a enregistré une augmentation de 22% des cas de viols perpétrés par des enfants âgés de 10 ans à 16 ans, ce qui est profondément préoccupant car ce phénomène provient des familles des enfants.
La responsable a estimé ainsi que “pour vaincre la violence basée sur le genre, nous devons proposer des interventions qui nous aiderons à réhabiliter les familles. Il n’y a pas d’enfant qui naît criminel, c’est un comportement appris et nous, en tant que parents, nous devons agir”.
Mme Kambula a par ailleurs signalé qu’au cours de la même période, le pays a connu une augmentation de 60 % des grossesses d’enfants, alors que les tribunaux avaient enregistré une augmentation alarmante des crimes sexuels de 76,3 %.
“Les trois principaux chefs d’accusation enregistrés dans nos tribunaux contre des enfants étaient le viol, avec une augmentation de 22 %, les agressions avec intention de causer des lésions corporelles graves (16%), et le plus choquant sont les meurtres (8%)”, a-t-elle poursuivi.
Alors que les derniers chiffres de la criminalité ont montré une hausse des viols et des féminicides dans le pays, les victimes et leurs familles dénoncent l’inefficacité des forces de l’ordre et de la justice. En Afrique du Sud, une femme est tuée toutes les trois heures.
Le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, avait récemment déploré que son pays est en proie à une “guerre acharnée” contre les femmes et les enfants du pays.