Sofia – Le site bulgare spécialisé “Kultura” a jeté la lumière sur le parcours singulier et l’apport intellectuel de la sociologue marocaine Fatima Mernissi, disparue en 2015.

Sous le titre “Shéhérazade va vers l’Ouest”, l’écrivain-journaliste bulgare d’origine irakienne, Mohamed Khalaf, présente une biographie détaillée de la vie de la sociologue marocaine classée en 2011 par The Guardian parmi les 100 femmes les plus influentes au monde.

“Bien que plus de six ans se soient écoulés depuis sa disparition, le nom de la Shéhérazade insoumise fait toujours partie de toutes les tribunes liées à la lutte féministe”, souligne l’auteur, notant que feue Mernissi a consacré sa vie aux questions féminines et à la défense de l’égalité des sexes.

Parallèlement, elle a enrichi la littérature arabe et mondiale de plusieurs ouvrages consacrés à ces questions, dont “Le harem politique”, “Rêves de femmes”, “Islam et démocratie” et “Sultanes oubliées”, relève l’auteur, également enseignant à la faculté de philosophie et à la faculté de journalisme de l’Université de Sofia.

Les livres et les conférences de Mernissi sont considérés comme essentiels au mouvement féministe maghrébin et arabe, poursuit l’auteur.

“Néanmoins, l’éminente sociologue a critiqué à plusieurs reprises les formes extrêmes de lutte pour l’égalité des femmes en Occident, qui privent les hommes de ce droit”, fait remarquer M. Khalaf, dans cet article, extrait de son livre à paraître “Entre Gog et Magog. Comment le Moyen-Orient est devenu le serpent de Personne”.

“À travers la personne de Shéhérazade, dont la présence est fortement associée à ses œuvres, Fatima Mernissi rappelle que la culture est l’arme qui permet aux femmes d’occuper pleinement leur place dans la société”, souligne l’écrivain-journaliste, auteur du livre “L’effondrement du Moyen-Orient” (2019).

Cela explique, d’après M. Khalaf, l’intérêt de feue Mernissi pour les questions d’éducation et la nécessité de permettre aux filles de tous les milieux sociaux et de toutes les régions d’étudier.

L’auteur revient également sur le combat de Mernissi contre les opposants à l’éducation des femmes, au motif que l’éducation résoudra “la géométrie sexuelle qui divise l’espace en intérieur et extérieur/public, en un lieu pour les femmes et un lieu accessible uniquement aux hommes”.

L’approche sociologique de Mernissi comprend deux types de recherche, souligne M. Khalaf, notant que la première est réduite à l’analyse de la littérature disponible et des sources de l’héritage et de la jurisprudence islamiques, tandis que la seconde implique des études de terrain à travers l’application de techniques de recherche sociale.