Au Maroc, 57% de la population féminine âgée entre 15 et 74 ans déclarent avoir subi en l’espace d’un an au moins un acte de violence, tous contextes et toutes formes confondues, a indiqué mercredi le président du Conseil économique social et environnemental (CESE), Ahmed Reda Chami.
S’exprimant à l’ouverture d’une table-ronde virtuelle intitulée “Ensemble pour faire de l’élimination des violences à l’égard des filles et des femmes une priorité nationale”, M. Chami a relevé que selon les chiffres du Haut commissariat au plan (HCP), 57% de la population féminine a subi au moins un acte de violence, tous contextes et toutes formes de violence confondues durant les douze mois précédant l’enquête du HCP en 2019, soit plus de 7,6 millions sur les 13,4 millions de Marocaines âgées entre 15 à 74 ans.
Déplorant ces chiffres “alarmants”, M. Chami a affirmé qu’un “pays ne peut prétendre un quelconque développement, si la moitié de sa force vive en est exclue ou subit des violences sous n’importe quelle forme”.
Relevant que les violences faites aux femmes constituent une violation flagrante des droits humains, le responsable a attiré l’attention sur les séquelles psychologiques irréversibles de tels actes sur les victimes ainsi que leurs coûts économique, social et environnemental.
“Les différents efforts louables déployés en vue de contrer la violence à l’égard des femmes peinent à atteindre les effets escomptés”, a-t-il fait observer, expliquant que cela est peut-être dû à la place accordée à cette problématique dans les politiques publiques, aux difficultés d’accès à la justice ou encore au poids persistant des stéréotypes.
En effet, selon lui, les mentalités, stéréotypes et contraintes culturelles sont les principales contraintes pour les femmes en quête d’autonomie économique et d’émancipation.
En outre, M. Chami a affirmé que l’effectivité des droits des femmes, toutes générations confondues, l’amélioration de leur situation, le renforcement de leur participation à la vie active et la lutte contre les violences qu’elles subissent, sont autant de priorités absolues pour le CESE.
Pour la représentante du Bureau Multipays de l’ONU-Femmes pour le Maghreb, Leila Rhiwi, les violences à l’égard des filles et des femmes constituent l’une des plus graves violations des droits humains, sachant que la crise sanitaire de Covid-19 a contribué à l’intensification de ces violences.
S’agissant du Maroc, la représentante a salué les efforts déployés et les progrès accomplis dans ce domaine, grâce notamment à l’engagement de la société civile et aux politiques publiques.
Après s’être félicitée de l’adoption de la loi n° 103-13 relative à la lutte contre les violences faites aux femmes, Mme Rhiwi espère que le projet de loi 10.16 modifiant et complétant le code pénal contribuera davantage à lutter contre la discrimination à l’égard des femmes.
La lutte contre les violences faites aux femmes peut se faire à trois niveaux : la prévention de la violence, la protection des victimes et la sanction des auteurs de violence, a-t-elle soutenu.
Mme Rhiwi a énuméré certaines règles et normes reconnues à l’échelle internationale portant sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes, notamment les recommandations générales adoptées par le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes 12, 19 et 35, la Conférence mondiale sur les droits de l’Homme de 1993, la Conférence internationale sur la population et le développement de 1994, le Programme d’action de Pékin (1995) et la résolution relative à l’intensification de l’action menée pour éliminer toutes formes de violence à l’égard des femmes (2012).
Cette rencontre virtuelle a vu la participation de plusieurs personnalités gouvernementales, diplomatiques ainsi que des membres de la société civile. Elle a été l’occasion de mettre en exergue les avancées et défis rencontrés par le Maroc en la matière et de formuler des recommandations concrètes susceptibles de renforcer l’impact des politiques publiques sur la prévention et l’élimination des violences faites aux filles et aux femmes.
Elle a également permis de présenter l’avis du CESE “Éliminer les violences à l’égard des filles et des femmes : une urgence nationale”, adopté à l’unanimité le 26 novembre 2020 lors de la 116ème session ordinaire l’Assemblée générale du conseil.