Nations Unies (New York) – À l’échelle mondiale, les femmes sont plus susceptibles d’être chargées d’aller chercher de l’eau pour les ménages, tandis que les filles sont près de deux fois plus susceptibles que les garçons d’assumer cette responsabilité et de passer plus de temps à le faire chaque jour, selon un nouveau rapport publié jeudi par l’UNICEF et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Le rapport, intitulé “Progrès en matière d’eau potable, d’assainissement et d’hygiène des ménages (WASH) 2000-2022 : un accent particulier sur le genre”, fournit la première analyse approfondie des inégalités entre les sexes en matière d’eau potable, d’assainissement et d’hygiène.
Le document note également que les femmes et les filles sont plus susceptibles de ne pas se sentir en sécurité lorsqu’elles utilisent des toilettes à l’extérieur de la maison et ressentent de manière disproportionnée l’impact du manque d’hygiène.
“Chaque pas qu’une fille fait pour aller chercher de l’eau est un pas loin de l’apprentissage, du jeu et de la sécurité”, a souligné Cecilia Sharp, Directrice de WASH et CEED à l’UNICEF.
“L’eau, les toilettes et le lavage des mains insalubres à la maison privent les filles de leur potentiel, compromettent leur bien-être et perpétuent les cycles de la pauvreté. Répondre aux besoins des filles dans la conception et la mise en œuvre des programmes d’eau potable, d’assainissement et d’hygiène est essentiel pour atteindre l’accès universel à l’eau et l’assainissement et la réalisation de l’égalité des sexes et de l’autonomisation”, a-t-elle ajouté.
Selon le rapport, dans le monde, 1,8 milliard de personnes vivent dans des ménages sans approvisionnement en eau sur place. Les femmes et les filles âgées de 15 ans et plus sont principalement responsables de la collecte de l’eau dans 7 de ces ménages sur 10, contre 3 ménages sur 10 pour leurs homologues masculins.
Les filles de moins de 15 ans (7%) sont également plus susceptibles que les garçons de moins de 15 ans (4%) d’aller chercher de l’eau. Dans la plupart des cas, les femmes et les filles font de plus longs trajets pour la récupérer, perdant du temps dans l’éducation, le travail et les loisirs, et s’exposent à des risques de blessures physiques et de dangers en cours de route.
Le rapport montre également que plus d’un demi-milliard de personnes partagent encore des installations sanitaires avec d’autres ménages, compromettant la vie privée, la dignité et la sécurité des femmes et des filles.
“Les dernières données de l’OMS montrent une dure réalité : 1,4 million de vies sont perdues chaque année en raison d’un manque d’eau, d’assainissement et d’hygiène”, a indiqué le Dr Maria Neira, Directrice du département Environnement, changement climatique et santé de l’OMS.
Les résultats montrent ensuite que le manque d’accès à l’hygiène affecte également de manière disproportionnée les femmes et les filles. Dans de nombreux pays, les femmes et les filles sont principalement responsables des tâches domestiques et des soins aux autres – y compris le nettoyage, la préparation de la nourriture et les soins aux malades – ce qui les expose probablement à des maladies et à d’autres risques pour leur santé sans la protection du lavage des mains.
Le temps supplémentaire consacré aux tâches ménagères peut également limiter les chances des filles de terminer leurs études secondaires et de trouver un emploi.
Aujourd’hui, environ 2,2 milliards de personnes – soit 1 sur 4 – n’ont toujours pas d’eau potable gérée en toute sécurité à domicile et 3,4 milliards de personnes – soit 2 sur 5 – ne disposent pas d’installations sanitaires gérées en toute sécurité. Environ 2 milliards de personnes – soit 1 personne sur 4 – ne peuvent pas se laver les mains à l’eau et au savon à la maison.
Le rapport note certains progrès vers la réalisation de l’accès universel à l’eau potable, l’assainissement et l’hygiène. Entre 2015 et 2022, l’accès des ménages à une eau potable gérée en toute sécurité est passé de 69 à 73% ; l’assainissement géré en toute sécurité est passé de 49 à 57% ; et les services d’hygiène de base sont passés de 67 à 75%.
Mais pour atteindre l’objectif de développement durable d’un accès universel à une eau potable, à un assainissement et à des services d’hygiène de base gérés en toute sécurité d’ici 2030, il faudra multiplier par six les taux de progrès actuels pour une eau potable gérée en toute sécurité, une multiplication par cinq pour un assainissement géré en toute sécurité et une multiplication par trois pour les services d’hygiène de base.