Buenos Aires- Dans une comparution très médiatisée, le président argentin Alberto Fernandez, a comparu mardi pendant deux heures devant des juges pour témoigner dans un procès pour « corruption présumée » impliquant sa vice-présidente et actuelle présidente du Sénat, Cristina Kirchner.
Lors de sa comparution, Alberto Fernandez a défendu sa vice-présidente, qui était au moment des faits la présidente du pays, affirmant qu’il n’y pas eu d’irrégularités dans la concession d’infrastructures routières pendant les deux mandats de Cristina Kirchner à la tête du pays (2007-2015).
Il a souligné devant les magistrats que les faits incriminés répondent à une « politique d’État » qui ne peut aucunement être soumise à procès.
Le témoignage du chef de l’Etat a été demandé par la vice-présidente en personne afin de dissiper les soupçons qui pèsent sur elle, d’autant que l’actuel chef de l’Etat était à l’époque le chef de cabinet (Premier ministre).
Cristina Kirchner a également demandé la comparution de ses anciens premiers ministres qui sont investis, selon la loi argentine, de la faculté de valider les budgets alloués aux travaux d’infrastructure.
La comparution du Chef de l’Etat a suscité un remous inédit dans les médias en Argentine, puisque c’est la première fois qu’un chef d’Etat en exercice témoigne dans un procès pour corruption visant le deuxième personnage de l’Etat.
Certains anciens responsables poursuivis dans le même procès ont été déjà inculpés pour blanchiment d’argent dans la même affaire.
La presse locale pointe du doigt notamment un marché dans lequel le gouvernement de l’époque aurait favorisé une société de travaux publics pour un montant de 46 milliards de pesos (environ 460 millions de dollars au cours actuel).
Le président Alberto Fernandez a nié devant le tribunal qu’il y ait eu un quelconque « favoritisme », affirmant que les travaux publics “répondent à un critère de développement politique et stratégique” du pays.
La comparution du chef de l’Etat devant les juges intervient à un moment de grande tension entre le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire accusé, à maintes reprises par le président lui-même, d’avoir perdu sa « crédibilité ».
Début février courant, le gouvernement argentin a tenté d’augmenter la pression sur les magistrats de la cour suprême, pour avoir favorisé l’opposition à l’heure de statuer sur des affaires impliquant des personnalités politiques, en allusion à la vice-présidente Cristina Kirchner.
Les quatre magistrats de la Cour avaient été la cible d’une marche organisée par des organisations et des syndicats proches du gouvernement du centre-gauche, pour dénoncer une présumée partialité de ces juges.
La marche, qui a bénéficié du soutien du président Alberto Fernandez, a réuni tous les secteurs sociaux qui sympathisent avec les politiques du gouvernement.
Un mois auparavant, le président Fernandez avait estimé que “la Cour suprême a un problème de fonctionnement très grave” et que sa « a crédibilité s’est dégradée » à mesure de ses verdicts rendus dans des affaires impliquant des personnalités publiques. « lorsque l’on voit le fonctionnement actuel, le problème est très préoccupant », avait-il dit.
En toile de fond de cette offensive manifeste se trouvent les nombreuses procédures en cours contre Cristina Kirchner en rapport notamment avec le blanchiment d’argent, corruption et entrave à la justice.