Amsterdam – La grossesse peut entrainer des modifications dans certaines zones du cerveau des futures mamans, selon les résultats d’une récente étude publiés mardi dans la revue scientifique “Nature communications”.
L’étude relève notamment des changements cognitifs qui pourraient contribuer aux comportements “maternels” pendant la grossesse et le post-partum (comportements qui aident une femme à se préparer à l’arrivée de son bébé, notamment l’attachement mère-nourrisson).
Pour étudier ces changements dans le cerveau, une équipe du Centre médical universitaire d’Amsterdam, menée par Elseline Hoekzema, a examiné le cerveau de 40 femmes âgées de 29 ans avant, pendant et après la grossesse, puis un an après chez 28 de ces femmes, celles qui ont accouché de jumeaux ou effectué une fécondation in vitro n’ayant pas été incluses dans cette étude.
Grâce à l’imagerie par résonance magnétique (IRM), les chercheurs ont constaté une connectivité fonctionnelle neuronale accrue dans le cerveau pendant la grossesse lorsque les femmes étaient en “état de repos”. Les régions cérébrales concernées sont les régions dites du “Mode par défaut” et notamment la zone du cuneus, qui joue un rôle clé dans le traitement et l’intégration de l’information visuelle ainsi que dans la mémoire de travail, l’attention et l’attente de récompense.
Les analyses, explique l’étude, ont permis d’associer l’augmentation des fonctions cognitives de la zone du cuneus avec un comportement “maternel” lié au degré d’attachement mère-nourrisson, durant la grossesse et la période du post-partum.
Dans le cerveau, le réseau du “Mode par défaut” est celui qui s’active quand on laisse libre cours à la pensée ou qu’on est en état de repos. Les régions cérébrales qui s’activent de façon synchrone pour former ce réseau jouent un rôle essentiel dans le bon fonctionnement de la mémoire, des émotions et de l’introspection. Lorsque le cerveau est dirigé vers une tâche ou un objectif, le réseau par défaut se désactive.
Les chercheurs indiquent avoir identifié ces modifications cognitives avec une structure cérébrale en particulier, la fameuse matière grise : il s’agit de la surface du cerveau appelée cortex, d’aspect gris, et composée du corps des neurones (le prolongement de ces corps de neurones, les axones, sont appelés “substance blanche” et constituent la partie profonde du cerveau, la fameuse matière blanche).
Pour examiner les effets de la maternité sur la matière grise du cerveau, le scanner cérébral des zones du “Mode par défaut”, trois mois après l’accouchement de chaque femme, a été analysé par rapport à son scanner pré-grossesse, ce qui a permis d’extraire de manière fiable les changements de structure cérébrale, soulignent-ils, faisant savoir que l’analyse des scanners cérébraux a permis d’observer une diminution de la matière grise dans différentes régions du cortex, induisant un changement dans l’organisation des réseaux neuronaux et une augmentation de l’activité neuronale.
Un tel changement pourrait être lié à une concentration plus forte d’hormones de grossesse, déclenchant et régulant la neuroplasticité. Afin d’étayer cette hypothèse, les scientifiques ont prélevé des échantillons d’urine à 10 moments de la grossesse, qu’ils ont utilisés pour déterminer les niveaux d’estradiol, d’estriol et de progestérone. Les analyses ont révélé une association significative entre les changements observés dans le volume de la matière grise et la concentration d’estradiol du troisième trimestre.
Un an après l’accouchement, les scanners par IRM des zones du “mode par défaut” des participantes montrent encore une diminution partielle de la matière grise. Cela signifie que les changements cérébraux liés à la grossesse sont toujours évidents un an après la naissance, souligne l’étude, sans en dire plus sur le période du “retour à la normale”.