Tanger- Une table ronde sous le thème “Femmes et changement climatique” a été organisée, lundi au siège de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, en présence d’un parterre d’experts, d’universitaires et d’acteurs de la société civile actifs dans le domaine de l’environnement.

Cette rencontre, organisée par la Fondation ConnectinGroup, en partenariat avec le Centre international de recherche et de renforcement des capacités (CI2RC), avec le soutien de la Fondation Friedrich Naumann, constitue un espace de débat et de réflexion sur comment structurer l’action climatique pour en faire un levier d’intégration réussi de l’approche genre dans les différents stratégies, programmes et projets de mise en œuvre de l’agenda climat.

Organisé en marge de la 3è édition du Forum méditerranéen pour le Climat “MedCOP Climat”, qui se tiendra les 22 et 23 juin à Tanger, sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI, cet événement a été l’occasion pour les participants d’aborder les obstacles qui empêchent les femmes d’être impliquées dans la proposition des actions et des solutions de résilience et d’adaptation climatique, et de souligner l’importance du renforcement des capacités des femmes pour une meilleure contribution dans la lutte contre le changement climatique et leur accès aux financements.

Les intervenants ont également mis l’accent sur le rôle de la société civile dans le processus d’intégration du genre dans l’agenda climatique et de l’urgence de la mise en œuvre de l’initiative “Réseau Femme méditerranéennes face au changement climatique (RFMCC)”, qui a été lancé lors de la MedCOP 2016.

S’exprimant à cette occasion, le directeur des affaires administratives et financières à la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Oulhaj Mohammed, a souligné l’importance de cette rencontre, organisée en marge de la MedCOP 2023, qui sera l’occasion de contribuer à asseoir une dynamique méditerranéenne basée sur les territoires visant à faire face aux défis du changement climatique, de poursuivre et d’accélérer la coopération des pays et des régions du pourtour méditerranéen autour de projets concrets portés par des outils programmatiques opérationnels.

Il a, à cet égard, noté l’importance de l’implication de la société civile dans le processus d’implémentation du “Marrakech Partnership” pour l’Action globale pour le Climat, soulignant que le Forum de Tanger, qui a reçu le soutien de plusieurs organisations internationales, permettra de contribuer à la construction et la consolidation d’une dynamique méditerranéenne face aux défis du changement climatique.

Pour sa part, la représentante de la fondation connectinGroup international a souligné que les femmes, en tant qu’actrices clés dans la lutte contre le changement climatique et le développement durable, nécessitent, aujourd’hui plus que jamais, une implication réelle, leur permettant de contribuer aussi bien à la recherche des solutions qu’à leur mise en œuvre.

Elle a relevé que ceci passe par la mise en place d’une approche multisectorielle et multi niveaux intégrant le genre dans toutes les politiques publiques et tous les plans de développement, ainsi que l’implication de la femme dans la prise de décision, notant qu’avec une telle approche, la femme serait plus résiliente au changement climatique, et par conséquent passera du statut victime à une actrice de développent.

De son côté, la présidente du CI2RC, Kholoud Kahime, a souligné que les femmes sont considérées comme les plus vulnérables et les plus touchées par le changement climatique, mettant l’accent sur le rôle central que peut jouer la femme dans le processus d’adaptation et d’atténuation climatique, la prise de décisions et la proposition de solutions.

Elle a assuré que cet événement est l’occasion d’examiner les moyens de renforcer les capacités des femmes afin qu’elles soient des actrices de changement, pour une meilleure contribution dans la lutte contre le changement climatique et pour faciliter leur accès aux financements, en plus de discuter du rôle des ONGs dans le renforcement de ces capacités.

Quant au président de l’Observatoire pour la protection de l’environnement et des monuments historiques de Tanger, Abdelaziz Janati, il a indiqué que la MedCOP 2023 se tient dans un contexte mondial caractérisé par des tensions internationales chroniques, estimant que le changement climatique nécessite aujourd’hui plus que jamais une prise en charge volontaire et engagée par tous les acteurs de la société mondiale, y compris ceux de la société civile.

Dans ce cadre, les intervenantes ont souligné l’importance de sensibiliser les femmes aux questions environnementales et à leur rôle clé dans la lutte contre le changement climatique, et de leur permettre de développer les compétences nécessaires à leur participation active à la lutte contre ce phénomène

La promotion de l’égalité des sexes, la contribution à l’intégration de l’approche genre et l’accès équitable des femmes aux ressources, aux moyens financiers et technologiques ainsi qu’aux solutions d’adaptation et d’atténuation ont été également au centre des débats.

A l’issue de cette table ronde, plusieurs recommandations ont été formulées afin de passer à la phase de l’action et d’assurer une transition climatique juste et durable.

Les intervenantes ont ainsi appelé à mettre en place des systèmes de données plus solides sur la vulnérabilité et la capacité d’adaptation au climat des femmes, identifier les disparités entre les sexes en matière d’accès des femmes à l’information et aux technologies, qui aurait un impact positif sur la disponibilité de données ventilées par sexe dans les territoires, et développer une approche multisectorielle et multi niveaux intégrant le genre dans toutes les politiques publiques et tous les plans de développement.

Ils ont également recommandé de mobiliser et mutualiser les efforts de l’ensemble des parties prenantes, que ce soit les acteurs politiques, économiques, universitaires et de société civile, et de renforcer les partenariats avec les universités, les centres de recherches, les communes territoriales et les ONGs pour élaborer plus de programmes de formations et de sensibilisation, ainsi que pour monter des projets de développement en communs et organiser des activités et des événements en faveurs des Femmes et climat.

Un accent particulier a été aussi mis sur la nécessité d’outiller les femmes par des mécanismes et de savoir-faire, afin de leur permettre de participer aussi bien à la planification et la définition des projets, qu’à la mobilisation des fonds nécessaires à la mise en place des solutions locales adaptées à leurs besoins, et de faciliter les subventions adaptées aux organisations de femmes dans le domaine du climat et des centres de recherches pour élaborer des projets et des programmes visant à renforcer le rôle des femmes dans l’action climatique et la gestion des ressources naturelles.

Les participantes à cette rencontre ont également plaidé pour l’accélération de la mise en œuvre du “Réseau Femmes méditerranéennes face au changement climatique”, un espace ouvert aux associations, organisations féminines et à toute institution des pays méditerranéens œuvrant pour la mobilisation autour des enjeux de la “Justice climatique”, la promotion de l’égalité et le renforcement de la lutte contre le dérèglement climatique au niveau de la région méditerranéenne.

Ce Réseau vise la promotion de l’égalité des sexes et l’accès équitable des femmes aux ressources et solutions adoptées lors des MedCOP-Climat et des COPs, afin de leur assurer une autonomisation économique, durable et résiliente.