Rabat – Un hommage appuyé a été rendu samedi à Rabat aux différentes facettes de l’œuvre littéraire et intellectuelle de l’autrice Khnata Bennouna. C’était lors du panel “les parcours de la professeure, écrivaine et romancière Khnata Bennouna: un parcours de vie, de créativité littéraire et de production intellectuelle”, tenu dans le cadre de la 28ème édition du Salon international de l’édition et du livre (SIEL).
Pionnière de l’écriture, Khanata Bennouna a acquis ses lettres de noblesse à une époque où les femmes étaient plutôt non grata dans le paysage littéraire et de la pensée.
S’exprimant à cette occasion, l’écrivain et critique littéraire, Najib El Aoufi a indiqué que l’écrivaine était la perle du paysage littéraire marocain, ajoutant qu’il n’est d’ouvrage plus symbolique et complet qui renseigne sur la carrière de l’autrice que sa collection intitulée “à bas le silence”.
Cette collection, a ajouté M. El Aoufi, révèle l’audace de Khnata Bennouna et sa vision avant-gardiste qui, depuis les années 60, est toujours autant d’actualité.
Khnata Bennouna est restée fidèle à ses instincts et principes avec lesquels elle a grandi, ne s’en ayant jamais écartée durant une période des plus inclémentes, a-t-il noté, soulignant que tout au long de sa carrière, elle s’est attelée à briser le silence sur plus d’un front, tant dans la littérature que dans la vie.
Afin de sensibiliser les nouvelles générations à l’importance symbolique et historique de cette autrice et de comprendre l’épopée féministe qu’elle a créée, le critique littéraire a souligné qu’il faut replacer Khnata Bennouna dans le contexte social et culturel dans lequel elle a évolué, un contexte post-indépendance où elle a été une marraine de la modernité féministe marocaine plaidant pour une reconsidération du genre culturel féministe.
Dans son témoignage, l’écrivain a relevé que cette autrice compte parmi les pionnières du féminisme marocaine notamment grâce à sa collection “À bas le silence” ainsi qu’une figure emblématique du roman féministe marocain à travers son roman “Feu et Choix”, qui a remporté le premier prix littéraire au Maroc, et a été programmé par le ministère de l’Éducation nationale pour l’enseignement secondaire, notant que Khanatha Bennouna a donné en tant que présent cet ouvrage à l’Organisation de libération de la Palestine et à la Palestine, comme preuve de la place particulière de cette cause dans son cœur et sa créativité.
Prenant la parole à cette occasion, Khnata Bennouna est fièrement revenue sur son parcours et a rendu hommage à son père Hajj Ahmed Bennouna, qui avait l’habitude dès son jeune âge de lui transmettre ce qu’il entendait des érudits de Quaraouiyines. “Il m’a peut-être appris, à son insu, à être avide de connaissances”, a-t-elle, ajoutant que Feu Allal Fassi a également cru en elle et en ses capacités.
L’écrivaine a, à cette occasion, présenté son expérience de vie au Maroc et à l’étranger ainsi que ce qu’elle a vécu avec des pointures du monde de l’histoire, de la culture, de la politique et de la résistance au Maroc et dans le monde arabe.
Native de Fès en 1940, Khnata Bennouna compte a son actif plusieurs livres dont “Annar wa Al Ikhtiyar” (Feu et Choix), Dikrat al Ghalam (Souvenir de plume) Al Aasifah (La Tempête), Al Ghad wa Al Ghadab (Avenir et la Colère) et Assawt wa Assurah (Son et Image). Elle a fondé en 1965 Chorouk, le premier magazine féminin marocain et le deuxième au niveau du monde arabe.
Placé sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI, le SIEL se poursuit jusqu’au dimanche 11 juin. Organisé par le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication en partenariat avec la Wilaya de la région de Rabat-Salé-Kénitra et le Conseil de la région Rabat-Salé-Kénitra, le SIEL-2023 connait la participation de 737 exposants et de 661 écrivains, intellectuels et poètes marocains et étrangers.