Rabat – L’exposition de l’artiste peintre Loubaba Laalej, intitulé “de l’ombre à la lumière” et abritée par la Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc (BNRM), célèbre différents modèles de femmes ayant brillé, à différentes époques, par leur engagement afin d’affronter les défis et les idées reçues qui les emprisonnent.

Lors de la présentation de son exposition, dont le vernissage a eu lieu jeudi en marge de la conférence constitutive de la Ligue des écrivaines africaines, l’artiste s’est réjouie de célébrer des femmes innovantes et actives dans leurs sociétés, spécialement celles ayant consacré leurs vies à la lutte contre les injustices dont elles ont été victimes, afin de “porter la voix des femmes” et participer à leur sortie “de l’ombre à la lumière”.

Dans une déclaration à M24, la chaîne d’information en continu de la MAP, Mme Laalej a précisé que cette exposition, qui se poursuit jusqu’au 20 mars, intervient afin de contribuer à la promotion des revendications des femmes et à la mise en lumière de leur participation dans le processus de développement civilisationnel, angle souvent négligé en faveur des hommes.

L’exposition, qui comporte plus de 40 tableaux, est organisée en deux volets, dont le premier traite des “icônes de la plasticité au féminin”, où Mme Laalej célèbre, par le pinceau et la plume, de nombreuses artistes engagées “immortelles” et “contemporaines”, ayant réussi à surmonter les différents obstacles qu’elles ont rencontrés dans leurs parcours.

Parmi les artistes dont les œuvres ont été exposées dans ce volet figurent l’artiste Niki de Saint Phalle, violée par son père à un âge précoce, Frida Kahlo, qui a su surmonter, par la créativité, son handicap consécutif à un accident de voiture, et bien d’autres plasticiennes telles que Camille Claudel, Yayoi Kusama, Wangechi Mutu et Shuren Sukhat.

Mme Laalej expose aussi les chefs-d’œuvre d’artistes arabes et marocaines ayant réussi à se forger un nom au sein de sociétés patriarcales, à l’instar de la célèbre artiste irakienne Zaha Hadid, de l’algérienne Baya et des Marocaines Meriem Ameziane, Chaïbia et Zahra Ziraoui.

Selon le peintre et critique artistique Chafik Ezzekri, l’artiste Loubaba Laalej a mis en exergue à travers cette exposition “l’importance de la créativité en tant que mécanisme de lutte et de déconstruction des idées reçues concernant les femmes dans les sociétés traditionnelles, dans le but de s’émanciper de toutes les formes de souffrance”.

Le deuxième volet de cette exposition a quant à lui regroupé des tableaux représentant des exemples de “dames du monde”, montrant des “déesses” et des “reines” accompagnées de titres résumant la lecture faite par Mme Laalej au sujet de leurs parcours exceptionnels, à savoir “Balkis, message d’ascension”, “La magie d’Isis”, “Zénobie, la fière”, “Sapho, amoureuse des étoiles”, “Sayyida al-Hurra, la brillante reine de Tétouan”, “Zarqa’al-Yamama ou le regard ressuscité” et bien d’autres femmes ayant marqué l’Histoire de l’Humanité.

Pour l’écrivain et spécialiste en Esthétique, Driss Kattir, l’artiste Loubaba Laalej a choisi de soulever la problématique de la “situation de la femme dans le monde entre l’ombre et la lumière” avec toutes ses références artistiques, politiques et historiques.

“Elle a travaillé sur son œuvre, avec la minutie et la rigueur d’un arsenal épistémologique profond et nous a offert une œuvre artistique qu’on peut lire d’une manière similaire à la manière “taoïste”, à savoir “apprendre à trouver la voie” qui mène à l’union et à l’harmonie parfaites entre l’homme et la nature”, a-t-il poursuivi.

Pour la critique littéraire Zhour Gourram, les tableaux de Loubaba Laalej “libèrent la femme du silence de l’Histoire sur son acte symbolique” et valorise l’attachement de la femme créatrice à “s’exprimer sur son projet historique de réécrire l’Histoire des femmes dans toutes les civilisations et les cultures par le langage de la création et de l’art, loin de tout régionalisme extrémiste et proche de tout ce qui est commun entre les dames du monde”.

Dans son analyse, le professeur agrégé et chercheur, El Assad Hassane, explique que l’écrivaine-artiste Loubaba Laalej reconstruit “les parcours biographiques des femmes artistes qui, dans leur lutte, expriment dans la sérénité l’être féminin universel”.

De son côté, Khalil Rais, écrivain et journaliste, estime que “l’ouvrage de Loubaba vient combler un vide, dans le sens où il ne s’agit pas d’un cimetière artistique pour dames disparues mais, bien au contraire, de redonner vie à des femmes qui ont marqué la vie artistique, parfois sans qu’elles se rendent compte de la tâche qu’elles ont accomplie”.

Dans sa déclaration à M24, Mme Laalej a expliqué que son exposition “de l’ombre à la lumière”, qui coïncide avec la célébration de la journée internationale de la femme, invite les femmes et les filles à “suivre le chemin de la résistance à l’instar des icônes de la plasticité au féminin” et à “prendre les femmes immortelles et contemporaines comme exemples pour affronter tous les obstacles rencontrés” à n’importe quel moment.

Native de Fès, Loubaba Laalej est une artiste peintre et écrivaine prolifique, membre de la Ligue des écrivaines du Maroc. En 2019, elle a obtenu un doctorat honorifique délivré par le Forum International des Beaux-arts (Fine Arts Forum International) à titre de reconnaissance. Elle a, à son actif, plusieurs publications sur son expérience créative : “Émergence fantastique”, “Mes univers”, “Matière aux sons multiples”, “Abstraction et suggestion”, “Femmes du monde : entre l’ombre et la lumière”.

Parmi ses recueils de poésies (écrits et œuvres) : “Fragments”, “Pensées vagabondes”, “Icônes de la plasticité au féminin”, “Mysticité et plasticité”, “Melhoun et peinture”, “Poésie et peinture”, “Chuchotement du silence”, “Musique et plasticité” (Tome I et Tome II), “Vivre avec soi”, “Vivre ensemble”, “Danse et plasticité” (Tome I et Tome II), “L’Amour et l’Art”, “La Mort et l’Art”,”Le Temps et l’Art”,”La Route de lumière”, “La Beauté et l’Art”, “Voix intérieure”, “La Vérité et l’Art”,

Parmi ses livres en cours de publication (écrits et œuvres) figurent: “La Liberté et l’Art”, “L’Imagination et l’Art”, “La Mémoire et l’Art”, “Le Bonheur et l’Art”, “Le Rêve et l’Art”, “Le Désert et l’Art”, “Manifeste lyrique”…