Rabat – Michèle Rakotoson, écrivaine, romancière, dramaturge et journaliste malgache a inauguré en beauté, mercredi à Rabat, le cycle de conférences intitulé “Portraits d’écrivains” de l’Académie du Royaume du Maroc.

Suivant une démarche interactive, l’écrivaine malgache a livré un véritable récit de vie ponctué par d’innombrables retours sur les aspects oubliés de l’Histoire de son pays, Madagascar, et par des réflexions à la fois poignantes et saisissantes à propos des enjeux posés par le colonialisme.

Dans son intervention, Mme Rakotoson a d’emblée adressé ses vifs remerciements à l’Académie du Royaume du Maroc pour l’avoir invitée à inaugurer ce cycle de conférences, se félicitant des liens historiques unissant le Maroc à Madagascar, terre qui a eu “l’honneur de recevoir” feu Sa Majesté Mohammed V lors de son exil.

Née d’une mère bibliothécaire et d’un père journaliste, Mme Rakotoson a grandi avec les livres et réussi à avoir accès à “une éducation de haut niveau”.

Parlant à la fois le malgache et le français, l’écrivaine se définit comme “bilingue” et non comme “francophone”. Arrivée en France en 1983, elle commence à quitter “l’imaginaire étroit du pays” pour embrasser de nouveaux horizons et perspectives à travers ses premiers livres portant sur Madagascar et son travail à Radio France Internationale.

Avec des modèles littéraires malgaches, maghrébins, français et africains, elle s’inspire de ressources “cosmopolites” et continue toujours de se poser des questions à propos des raisons qui ont mené son pays à un tel “effondrement”.

En 2008, l’autrice retourne à Madagascar et s’engage auprès des jeunes pour leur faciliter l’accès aux livres bilingues dans “les campagnes les plus reculées et dans les bibliothèques”, en accompagnant cette action des démarches financières et logistiques nécessaires.

“Le plus grand bonheur c’est de voir un enfant avec un conte qui lui parle de lui!”, a-t-elle dit.

Après avoir partagé son histoire de vie avec l’audience, l’écrivaine s’est attardée sur les raisons multiples qui l’ont incité à écrire son livre “Ambatomanga, le silence et la douleur”.

S’interrogeant à propos de l’omerta qui règne autour de l’histoire de l’invasion qu’a connue Madagascar par l’armée de l’empire français, avec ses 15.000 recrus envoyés, Mme Rakotoson évoque dans son ouvrage des perspectives différentes de cette Histoire.

Racontant “une histoire terrible mais commune”, elle utilise sa plume et ses différents personnages pour livrer des témoignages saisissants afin de rapprocher le lecteur des horreurs et des ravages du colonialisme comme il a été vécu à Madagascar.

En juxtaposant les points de vues et en ancrant son histoire dans la réalité historique qu’a connue Madagascar, l’autrice a dit être sortie “sereinement en colère” de ce livre et a appelé à changer l’image que porte les Africains sur eux-mêmes ainsi qu’à démolir les archétypes en tête.

Michèle Rakotoson est une écrivaine malgache née à Antananarivo. Elle est romancière, dramaturge et journaliste. Après un long séjour en France, elle est de retour dans la “grande île” en 2008.

Abordant essentiellement l’histoire de son pays dans son œuvre, elle revisite les traditions et coutumes malgaches, en s’interrogeant sur le présent et l’avenir de son pays et en proposant des actions très concrètes autour de l’accès au livre avec des associations locales, principalement dans les milieux ruraux.

Ce nouveau cycle de présentation de l’actualité littéraire intitulé “Portraits d’écrivains” s’inscrit dans le cadre de la poursuite de ce mouvement de recentrement et de redynamisation des espaces de consécration des littératures et des arts africains mené par l’Académie du Royaume du Maroc.