Genève – Les participants à une conférence organisée mardi à Genève ont appelé à libérer le potentiel des femmes africaines en temps de paix et de guerre, en vue d’une pleine émancipation permettant d’investir leurs compétences dans l’édification d’un continent sûr et stable.
Organisée par l’Observatoire international de Genève pour la paix, la démocratie et les droits de l’homme (IOPDHR), en marge de la 55e session du Conseil des droits de l’homme, la conférence a mis l’accent sur le rôle des femmes pour parvenir à la paix en Afrique à la lumière de la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations unies.
Cette rencontre, modérée par la présidente du Centre international de la diplomatie, Karima Ghanem, avec la participation de spécialistes éminents, a abordé diverses problématiques telles que les défis de la mise en œuvre de la résolution 1325, le rôle de la société civile et de la médiation dans la résolution des conflits, les mécanismes de renforcement de la participation des femmes dans les processus de paix, ainsi que les défis juridiques et sociaux de la protection et de la lutte contre la violence à l’égard des femmes dans les conflits armés et les catastrophes humanitaires.
Ainsi, l’avocate et présidente d’Afrodyssée, Ndaté Dieng, a mis en exergue le rôle décisif des femmes africaines dans la promotion de la paix sur le continent, malgré la marginalisation de leurs voix et leur sous-représentation dans les processus décisionnels.
Elle a évoqué des récits poignants de femmes actives dans la région du Sahel, en particulier au Burkina Faso, qui ont démontré que les femmes ne sont pas simplement des victimes, mais des actrices dans la construction de la paix.
De plus, Mme Dieng a insisté sur l’importance d’investir dans l’éducation des filles et de promouvoir la santé, tout en mettant en avant des exemples de leadership féminin qui luttent pour apporter des changements fondamentaux dans cette direction.
Pour sa part, la présidente de l’association Africa Women’s Forum, Naima Korchi, a souligné le besoin urgent d’intégrer les femmes de manière structurelle dans la dynamique des efforts de paix, dépassant ainsi leur simple considération en tant que victimes des conflits.
S’agissant des conflits armés, Mme Korchi a attiré l’attention sur les viols en tant qu’arme de guerre, appelant à renforcer la protection des femmes pendant ces périodes trouble.
Dans ce sens, elle a invoqué les recommandations de la Conférence de Beijing et la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations unies comme des jalons importants sur la voie de la reconnaissance des droits des femmes dans les zones de conflit.
De son côté, Achille Pende, coordonnateur au sein de la fenêtre de réponse rapide du Fonds des Femmes pour la Paix et l’Action Humanitaire, a lancé un appel pour une réflexion approfondie sur le rôle des femmes dans les processus de paix, soulignant la nécessité de prendre en compte la diversité et les différentes exigences des femmes en fonction de la nature variée des conflits armés.
Il a également mis en garde contre l’omission d’adopter des politiques transversales pour mieux comprendre les besoins et les aspirations des femmes.
Enfin, la présidente de l’IOPDHR, Aicha Douihi, a dénoncé le fléau de la discrimination sexiste que subissent les filles et les femmes dans divers contextes sociaux, condamnant en particulier l’utilisation des femmes comme armes de guerre, une pratique qui parfois persiste même après la résolution des conflits.
Elle a insisté sur le fait que les progrès réalisés par les femmes africaines dans divers domaines ne doivent pas dissimuler les lacunes persistantes et les obstacles rencontrés dans le cadre du processus complet de l’autonomisation des femmes, appelant à l’édification d’une Afrique pacifique et prospère permettant aux femmes de jouer un rôle constructif dans l’établissement de la paix.