Fès- La Direction Régionale de la Santé et de la Protection Sociale (DRSPS) de la région Fès-Meknès a organisé, jeudi à Fès, avec le soutien du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), une rencontre de sensibilisation régionale sur la problématique des mariages des mineures.
Cette rencontre visait à sensibiliser aux graves conséquences sanitaires et psychologiques du mariage des mineures, considéré comme une forme de violence à l’encontre des jeunes filles, dans une approche participative.
Dans une déclaration à la MAP, Jabbar Abdelaaziz, chef de service de la santé publique à la DRSPS Fès-Meknès, a souligné que le mariage des mineures, défini comme l’union avant l’âge de 18 ans, constitue une violation des droits des jeunes filles énoncés dans les conventions relatives aux droits humains, aux droits de l’enfant, à l’élimination de la violence à l’égard des femmes et à l’égalité des sexes, auxquelles le Maroc a adhéré.
Selon lui, il représente également un obstacle majeur au développement social et économique du pays.
“Malgré les efforts déployés pour lutter contre cette pratique, le mariage des mineures persiste dans de nombreux pays, y compris au Maroc”, a précisé M. Abdelaaziz, ajoutant que les résultats de l’Enquête Nationale sur la Population et la Santé Familiale (ENPSF, 2018) ont montré que 16,4% des femmes non-célibataires âgées de 15 à 49 ans s’étaient mariées avant l’âge de 18 ans.
De son côté, Fouzia Lahriga, avocate au bureau de Meknès, représentante du Conseil National des Droits de l’Homme (CNDH), a souligné que le mariage des mineures constitue une violation flagrante des droits des jeunes filles.
Elle a expliqué que cette pratique les prive de jouir de leurs droits économiques, sociaux et culturels, tels que l’éducation, la formation et l’emploi, ainsi que du droit à la vie, à l’intégrité psychologique et physique, à la santé, au bien-être, au libre choix et à la participation à la prise de décision.
Selon l’UNICEF, le mariage des mineures va à l’encontre des référentiels des droits humains qui consacrent le consentement libre et éclairé, l’égalité et la non-discrimination, éléments qui font défaut dans les cas de mariage avant l’âge de la majorité fixé à 18 ans.
Dans ce cadre, Mme Lahriga a indiqué que le CNDH a appelé à une initiative législative pour abolir l’exception et supprimer les articles 20 et 21 du Code de la Famille, mettant en avant la nécessité de mettre en œuvre les principes de la diligence requise et de l’intérêt supérieur de l’enfant, ainsi que d’adopter des politiques publiques protégeant les filles contre la violence et la discrimination.
Cette rencontre de sensibilisation a bénéficié d’une approche multidisciplinaire, réunissant des représentants du corps judiciaire, des psychologues, des responsables du ministère de la Santé et de la Protection Sociale, ainsi que des acteurs œuvrant dans le domaine des droits humains.
Les participants ont suivi des exposés abordant le programme national de prise en charge des femmes et enfants victimes de violence, les conséquences sanitaires du mariage des mineures, la réalité pratique et juridique entourant cette problématique, son impact psychologique sur les jeunes filles, ainsi que la position du Conseil National des Droits de l’Homme à ce sujet.