Rabat – Une exposition de posters de mobilisation contre le mariage d’enfants visant à mettre la lumière sur cette pratique néfaste à l’égard des femmes et des filles a été initiée, mercredi, au siège de la Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc (BNRM) à Rabat.
L’inauguration de cette exposition, organisée par le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), en partenariat avec la BNRM, et avec le soutien d’Affaires mondiales Canada, s’inscrit dans le cadre de la clôture de la campagne IDONT contre le mariage d’enfants.
A cette occasion, la ministre de la Solidarité, de l’insertion sociale et de la famille, Aawatif Hayar, a indiqué que cette initiative entre dans le cadre des grands efforts déployés par Maroc en matière d’amélioration des conditions de l’enfant et de lutte contre le mariage des mineurs.
Elle a dans ce sens mis l’accent sur les grands efforts déployés par le Royaume pour réduire le mariage des mineurs.
Le Maroc a consenti de grands efforts dans ce domaine à travers la mise en œuvre des circulaires du Ministère public afin d’inciter à combattre ce fléau, a déclaré la ministre à M24, la chaine d’information en continu de la MAP.
Elle a également mis l’accent, dans ce contexte, sur le problème lié au mariage sans autorisation, qui concerne notamment les filles dont l’âge moyen est de 17 ans, qualifiant d’importante l’opportunité qu’offre la réforme du Code de la famille pour inclure l’aspect lié à la lutte contre le mariage des mineurs, et œuvrer dans le cadre de la convergence entre les aspects juridiques et sociaux.
Pour la ministre, le motif économique est à l’origine du mariage des filles mineures, rappelant dans ce sens la convention de partenariat conclue par son département avec le ministère de l’Éducation nationale, du préscolaire et des sports afin de lutter contre le décrochage scolaire des filles et d’intervenir par le biais de l’aide sociale et de la médiation familiale pour que la mineure soit réintégrée à l’école.
Pour sa part, le secrétaire général du Conseil national des droits de l’homme (CNDH), Mounir Bensalah, a souligné que ce fléau constitue “une violation des droits de l’enfant qui affecte sa santé physique et psychologique, en plus de son impact sur ses droits fondamentaux”.
L’éradication de ce fléau au Maroc passe par une mobilisation nationale basée sur l’approche des droits de l’enfant, a-t-il déclaré, soulignant que le CNDH place l’enfant au cœur des solutions à ce problème.
Dans ce contexte, il a appelé à une accélération des démarches pour l’approbation du Code de l’enfant, et à une définition précise de l’intérêt optimal de l’enfant pour assurer sa protection, expliquant que le CNDH soutient toutes les initiatives visant à restreindre le mariage des enfants.
Quant au représentant du FNUAP, Luis Mora, il a noté qu’au niveau mondial, le nombre de filles mariées avant l’âge de 18 ans est estimé à 700 millions, ce qui compromet, à ses yeux, leur accès à l’éducation, à la santé et au bien-être et affecte leur intégration sociale et économique.
Il a loué à cet égard les efforts déployés par le Maroc pour éradiquer ce phénomène.
De son côté, l’ambassadeur du Canada au Maroc, Mme Nell Stewart, a souligné l’importance du partenariat avec les autorités marocaines et les Nations Unies, notamment avec le FNUAP et la société civile marocaine.
Elle a estimé que tous les acteurs sociaux doivent s’engager à résoudre ce problème à la base, ajoutant que la violence à l’égard des femmes et des filles, la pauvreté et l’accès à l’éducation sont autant de facteurs qui contribuent à l’exacerbation de ce fléau.
Abondant dans le même sens, le directeur de la BNRM, Mohamed El Farrane, a indiqué que la bibliothèque, depuis sa création, accueille des forums culturels et scientifiques, saluant les efforts déployés pour sensibiliser les populations aux conséquences désastreuses du mariage des enfants.
Après avoir évoqué les règles de droit qui protègent les mineurs, il a mis l’accent sur l’importance de soutenir de telles initiatives, estimant qu’il reste encore beaucoup à faire pour changer les mentalités et corriger les comportements au sein de la société marocaine.
De son côté, le directeur de la direction de la Coopération et de la communication au ministère de la Justice, Rachid Wadifi, a estimé que la protection et la promotion des droits de l’enfant sont liées aux valeurs de justice et de droits, appelant à déployer davantage d’efforts dans le cadre des engagements internationaux relatifs aux droits des enfants.
Il a expliqué que le mariage des mineurs, lié principalement au droit à la santé physique et psychologique, entrave l’accès des enfants aux opportunités économiques, en plus d’être associé à l’inégalité entre les sexes.
La campagne IDONT a connu la mobilisation de près de 50 activistes pour les droits des femmes et des filles, des institutionnels et des leaders d’opinion parmi les artistes, les journalistes et les influenceurs.
Cette forte mobilisation a mis l’accent sur les risques qui conduisent au mariage d’enfants ainsi que sur ses conséquences dévastatrices sur les droits, la santé, l’éducation et l’avenir de ces dizaines de milliers de filles mariées chaque année durant leur enfance.
L’inauguration de cette exposition s’est déroulée en présence de plusieurs représentants du corps diplomatique au Maroc et des représentants des organisations des Nations Unies dans le Royaume.