Le rôle central des femmes dans la prévention de l’extrémisme violent et l’impératif de les protéger contre toutes les formes de violence ont été mis en avant, jeudi à Rabat, par les participants à la conférence annuelle sur “La lutte contre l’extrémisme violent : de nouvelles réponses à de nouveaux défis”.
S’exprimant lors d’une session axée sur “les femmes et l’extrémisme violent : pour une nouvelle approche qui transcende les stéréotypes”, la directrice du programme de la sécurité et de la défense au Centre égyptien de réflexion et d’études stratégiques, Dalal Mahmoud a relevé que la femme pourrait jouer un rôle crucial dans la prévention contre ce fléau à travers son rôle familial de surveiller et déceler le minimum de signes et d’indicateurs de violence et d’extrémisme violent chez les enfants.
Elle a, en outre, mis l’accent sur l’importance de promouvoir la personnalité des femmes et filles, leur autonomisation économique et leur protection contre toutes les formes de violence afin de mettre à leur disposition l’ensemble des conditions à même de jouer leur rôle d’acteur actif dans la prévention de l’extrémisme violent.
“Les femmes sont devenues actuellement une proie pour de nouveaux foyers terroristes, en particulier, les camps de déplacés et les plateformes des réseaux sociaux qui manquent de contrôle”, a-t-elle estimé, relevant que “l’extrémisme violent est un processus dynamique qui commence par l’acceptation de la violence et se termine par la pratique directe ou indirecte de ce phénomène”.
La chercheuse à l’Observatoire marocain sur l’extrémisme et la violence, Saloua Soumati a, pour sa part, estimé que la prévention de la femme contre ce fléau commence à partir de l’éducation qu’elle reçoit à la maison avec sa famille et à l’école ainsi qu’à partir de son éducation religieuse, son intégration dans la société ainsi que son autonomisation économique.
Elle a, dans ce contexte, mis en avant le rôle des mamans et leurs capacités à contribuer à la réforme de la société à travers l’éducation et l’encadrement des enfants ainsi qu’à l’identification de tout comportement violent ou extrémiste.
Mme Soumati a en outre expliqué que la protection des femmes contre ce fléau repose sur deux perspectives fondamentales, à savoir une prévention préliminaire visant à empêcher leur tendance vers l’extrémisme, en facilitant l’accès des femmes à l’enseignement, à l’emploi et à de bonnes conditions de vie, ainsi que de les sensibiliser sur leur rôle important au sein de la société.
La prévention postérieure, ajoute le chercheur Soumati, est fondée sur la protection des femmes qui reviennent des foyers de tension et de celles qui ont des antécédents judiciaires sur fonds de terrorisme partant des cas de récidive arrivant à l’extrémisme et à l’’impact négatif sur l’entourage, et ce en les soumettant à un processus complet d’évaluation individuelle pour élaborer un programme de réhabilitation cas par cas.
A cet égard, elle a mis en lumière le programme “Moussalaha” au profit des condamnés dans des affaires liées à l’extrémisme et au terrorisme, appelant à la création d’un centre spécialisé dans le rejet de l’extrémisme violent opérant aux côtés des établissements pénitentiaire, judiciaire et religieux, assurant l’accompagnement, l’évaluation et la recherche scientifique et apportant le soutien aux politiques publiques dans le domaine de gestion de ces segments de la société.
De son côté, Mhani Achour, chercheure à l’Observatoire Marocain sur l’Extrémisme et la Violence (OMEV), a passé en revue les problématiques juridiques liées au retour des femmes des zones de tension, mettant en évidence les résolutions du Conseil de sécurité, notamment les résolutions 23.95 et 23.96, à travers lesquelles l’organisme onusien souligne le besoin d’accroître l’intérêt envers les femmes et leur protection contre toutes les formes de violence.
Mme Achour a souligné que les autorités marocaines ont interagi favorablement avec cette question d’un point de vue genre, en permettant aux femmes marocaines de retourner à leur pays après avoir mené les enquêtes nécessaires, avec l’impératif de les soumettre à des programmes de lutte contre l’extrémisme et la réintégration.
Les travaux de la Conférence internationale annuelle sur “La lutte contre l’extrémisme violent”, organisée par l’OMEV en partenariat avec la Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion, le Policy Center for the New South et la Rabita Mohammadia des Oulémas, se sont poursuivi ce jeudi, dernier jour de l’évènement.
Cette conférence de trois jours a connu la participation d’experts et de praticiens spécialisés dans les questions liées au terrorisme et à l’extrémisme violent de différents pays et continents, ainsi que des institutions régionales et internationales, en particulier la direction exécutive du contre-terrorisme des Nations unies.
En raison de l’état d’urgence sanitaire en vigueur, la conférence s’est déroulée en vidéoconférence mais aussi en présentiel, tout en garantissant les conditions de prévention et de sécurité des participants.