La carrière des femmes dans le domaine scientifique se heurte toujours aux préjugés de genre, souligne, mercredi, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).
En dépit de la pénurie de talents dans la plupart des domaines technologiques impliqués dans la quatrième révolution industrielle, les femmes ne représentent que 28% des diplômé(e)s en ingénierie, et 40% des diplômé(e)s en informatique, relève l’organisation onusienne dans un communiqué.
Ces chiffres sont issus du prochain Rapport de l’UNESCO sur la science, dont le chapitre portant sur le genre dans le domaine scientifique, intitulé “Pour être intelligente, la révolution numérique devra être inclusive”, sera publié le 11 février à l’occasion de la Journée internationale des femmes et des filles de science, explique-t-on.
“Aujourd’hui encore, au 21e siècle, les femmes et les jeunes filles sont tenues à l’écart des domaines liés à la science, du fait de leur genre”, a déclaré la Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, citée dans le communiqué.
La proportion de femmes parmi les diplômés en ingénierie est inférieure à la moyenne mondiale dans de nombreux États membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), note l’UNESCO, estimant qu’il est “impossible” d’en déduire des tendances régionales précises.
Les plus fortes représentations de femmes parmi les diplômé(e)s en ingénierie se trouvent notamment dans les États arabes, tels que le Maroc (42,2%), Oman (43,2%), la Syrie (43,9%) et la Tunisie (44,2%), mais également en Amérique Latine.
Ce chapitre souligne également le fait que les femmes ne bénéficient pas pleinement des perspectives d’emploi ouvertes aux experts hautement qualifiés dans des domaines de pointe, tels que l’intelligence artificielle, branche dans laquelle les femmes ne représentent qu’un cinquième des professionnels (22%), selon une étude de 2018 parue dans le rapport sur les inégalités de genre du Forum économique mondial, rappelle-t-on.
Pour éviter que l’industrie 4.0 ne reproduise les préjugés de genre traditionnels, l’UNESCO souligne l’impératif que les femmes jouent un rôle dans l’économie numérique. Elle estime que la sous-représentation des femmes dans la recherche-développement “risque de faire négliger leurs besoins et perspectives au moment de la conception des produits ayant une influence directe” sur la vie quotidienne, comme les applications pour téléphones intelligents.
L’organisation onusienne relève également que les carrières des chercheuses sont généralement plus courtes et moins bien rémunérées et leur travail est sous-représenté dans les revues prestigieuses et elles sont souvent tenues à l’écart des promotions.
Le préjugé de genre se ressent également dans les processus d’évaluation par les pairs et les conférences scientifiques, dans lesquelles les hommes sont deux fois plus invités à s’exprimer que les femmes – les données sur la proportion des chercheuses sont issues des informations collectées entre 2015 et 2018 dans 107 pays par l’Institut de statistique de l’UNESCO.