La directrice générale de l’Agence Nationale des Ports (ANP), Nadia Laraki, a accordé un entretien à la MAP où elle aborde le sujet de la résilience du secteur portuaire au Maroc, son rôle dans la promotion du commerce extérieur, ainsi que les perspectives d’évolution.
1. Comment expliquez-vous la résilience du secteur portuaire durant cette période de crise sanitaire ?
Dès le déclenchement de la crise sanitaire liée au nouveau coronavirus (Covid-19), l’ANP et l’ensemble des acteurs de l’écosystème portuaire se sont mobilisés pour mettre en œuvre le plan de continuité des activités portuaires, ainsi que des mesures de précaution visant à contenir le risque pandémique et ce, dans le but de maintenir opérationnels, sans interruption, tous les services portuaires.
Les ports nationaux ont fait preuve, face à cette crise, d’une grande agilité et d’une forte capacité d’adaptation. Les places portuaires nationales ont réussi ce défi, en assumant pleinement leur rôle de plateformes au service de l’économie nationale.
Il faut rappeler que les ports étaient le seul point frontalier qui est resté en activité après la fermeture des aéroports et des frontières terrestres pendant la période de confinement.
Le secteur portuaire national a très rapidement mis en place des processus opérationnels adaptés au nouveau contexte qui impose la prise en compte des mesures de sécurité sanitaire pour faire face à la propagation de la pandémie. Plusieurs actions ont été mises en place dans ce cadre, à savoir :
– Le renforcement des mesures de sécurité sanitaire au sein des ports ;
– L’accélération de la dématérialisation des processus portuaires, à travers la digitalisation de nouveaux services ;
– L’adaptation des processus opérationnels, à travers l’adoption de décisions de régulation.
Grâce à ces mesures, les ports relevant de l’ANP ont pu assurer la continuité des chaines d’approvisionnement du Royaume en produits stratégiques, et ont permis le transit des exportations marocaines.
L’activité portuaire s’est inscrite globalement dans une tendance positive (+5,3%) à fin novembre 2020, tirée notamment par le fort rebond de 27,7% des importations des céréales avec un niveau historique de 8,8 millions de tonnes, et par la bonne orientation de l’activité des phosphates et dérivés.
Cependant, certaines activités ont été impactées par les effets de cette crise, notamment les conteneurs, les produits sidérurgiques, le bois et dérivés, le TIR, les passagers et les croisières.
2. Comment booster davantage la compétitivité des ports et promouvoir le commerce extérieur ?
Bien au-delà d’une simple interface entre deux modes de transport, terrestre et maritime, les ports nationaux constituent un maillon stratégique dans la chaîne logistique du commerce extérieur.
Les ports constituent, en effet, le point de passage obligé de la quasi-totalité de nos échanges tant pour l’importation des produits et biens nécessaires à la consommation intérieure et à l’activité industrielle que pour les exportations nécessaires pour le développement de l’économie marocaine.
Compte tenu de ce rôle stratégique des places portuaires nationales, l’ANP, en tant qu’autorité portuaire, œuvre à mobiliser l’ensemble des acteurs de l’écosystème portuaire pour mettre en place des projets communautaires visant à améliorer la compétitivité du secteur.
C’est dans ce cadre que l’ANP a mis en place PortNet, le guichet unique des procédures du commerce extérieur du Royaume. L’Agence veille dans ce cadre à l’accélération de la digitalisation et la dématérialisation des processus au profit d’une meilleure fluidité du transit portuaire.
Sur un autre plan, et dans le cadre d’une démarche de progrès visant l’amélioration des performances et l’optimisation des processus de transit portuaire, l’ANP a lancé le projet de mise en place de l’Observatoire de la Compétitivité des Ports Marocains. Il s’agit d’un outil qui permet de structurer le pilotage stratégique de la performance des ports.
S’inscrivant dans le même objectif d’amélioration de la compétitivité des ports, l’ANP œuvre sur plusieurs niveaux encadrement et accompagnement des différents opérateurs portuaires, reengennering des processus d’exploitation, mise en place d’une plateforme de formation pour la professionnalisation des acteurs, etc.
3. Quels sont les perspectives d’évolution de l’activité portuaire au Maroc ?
Depuis 2012, le Maroc a mis en place une nouvelle stratégie du secteur portuaire national, qui ambitionne de positionner le Royaume comme une plateforme logistique en particulier sur le bassin méditerranéen.
Cette stratégie n’a pas seulement pour but d’accompagner l’évolution tendancielle des trafics portuaires, mais surtout de saisir de nouvelles opportunités qui peuvent s’offrir pour intégrer davantage le Royaume à l’économie mondiale.
Cette vision est basée sur une stratégie de développement ambitieuse et étroitement coordonnée avec les différentes politiques sectorielles engagés par le Royaume, qui prend en compte la dimension de l’aménagement du territoire.
Les principaux piliers de cette stratégie s’articulent autour de trois axes, à savoir la création de six nouveaux ports : Nador West Med, Kénitra Atlantique, Nouveau Port de Safi, Dakhla Atlantique ; l’extension des infrastructures des ports actuels et la requalification de certains ports : Tanger Ville, Kénitra, Ancien Port de Casablanca, Safi, etc.
S’agissant des prévisions d’activité, et dans l’hypothèse d’une dissipation progressive du risque pandémique courant le premier semestre 2021, nous tablons une croissance modérée de 3,6% du trafic des ports relevant de l’Agence, avec un volume global de 95,4 millions de tonnes. Ce volume s’établirait à 109,7 millions de tonnes à l’horizon 2025.