Dans un entretien accordé à la MAP, la présidente nationale de l’Association des femmes cheffes d’entreprises au Maroc (AFEM), Leila Doukali, nous fait part de l’état des lieux de l’entreprenariat féminin au Maroc ainsi que des mécanismes à adopter pour encourager les femmes à se lancer davantage dans leur propre business.
1- Quel état des lieux pour l’entreprenariat féminin au Maroc ?
Au regard des chiffres disponibles, l’entreprenariat féminin au Maroc a véritablement besoin d’une stratégie nationale collaborative d’encouragement à la création d’entreprise et de soutien à l’existant. Le taux de création d’entreprises par la femme est en recul passant de 12% en 2015 à 10% en 2018 et ce malgré toutes les mesures gouvernementales mises en place.
Le Covid-19 n’est pas venue arranger les choses. Bien au contraire. Le tissu entrepreneurial féminin est majoritairement composé de TPE exerçant dans les secteurs du commerce et des services, lourdement impactés par cette pandémie. Beaucoup d’entre elles ne peuvent plus faire face aux charges courantes de leur activité du fait d’un carnet de commande vide. Elles restent néanmoins animées par une forte volonté de maintenir leur business.
L’Afem, toujours fidèle à sa mission, a décidé de se mobiliser pour être au plus prêt de ces femmes pour leur apporter le soutien nécessaire et les aider à passer ce cap difficile. Nous ne pouvons pas concevoir que le taux de création d’entreprise, qui est déjà très bas, continue à décliner d’autant plus que la femme marocaine veut plus que jamais son autonomie financière.
Un chiffre récent de Deloitte stipule que l’appétence actuelle de la femme à créer son entreprise se situe à 34% au Maroc contre 17% en France.
2- Quels mécanismes à adopter pour encourager les femmes à se lancer davantage dans leur propre business ?
La création d’entreprise par la femme est un véritable parcours du combattant. Il lui faut beaucoup de détermination et de courage pour aller au bout de son projet.
Elle fait face à un problème de financement car elle ne dispose pas de garanties à offrir. Elle porte également la totale responsabilité de son foyer, ce qui impacte considérablement sa volonté de créer son affaire.
La femme marocaine a besoin d’être épaulée, d’être accompagnée et surtout d’être rassurée. Elle pense ne pas être capable de concilier vie familiale et vie professionnelle. Et pourtant, elle en est parfaitement capable. L’Afem est à la disposition de toutes ces femmes qui doutent. Nous saurons les orienter et les motiver.
Pour celles qui ont déjà franchi le pas et qui se retrouvent en difficultés suite à la crise sanitaire de Covid-19, notre association a décidé de revoir sa feuille de route pour être au plus prêt de cette femme chef d’entreprise en créant AMALLY.
Ce plan d’appui est une main tendue aux entrepreneures désirant redessiner l’avenir de leur entreprise. Nous avons la ferme volonté à aider nos membres à survivre, à rebondir et à maintenir une dynamique dans cet environnement incertain.
En réaménageant notre siège, nous offrirons du Co-working, du conseil, de la formation, du coaching, des séminaires, des ateliers, des rencontres B to B.
3- Selon vous, quel sera l’impact du relèvement du taux d’activité des femmes sur l’économie nationale ?
La femme active marocaine est un acteur incontournable de la croissance économique du Maroc. Elle est rigoureuse, exigeante, ambitieuse et solvable.
Une plus large intégration de la femme dans des postes de responsabilités accroitrait le PIB de 2%. Une véritable stratégie nationale d’intégration de la femme dans la vie active se révèlerait salutaire.