La violence à l’encontre des femmes au sein du couple a coûté aux 24% des victimes, ayant dû supporter des coûts directs et/ou indirects, 1,98 milliard de dirhams (MMDH) au cours des 12 derniers mois précédant une enquête du Haut-Commissariat au Plan (HCP).
Ce coût est de 1,3 MMDH en milieu urbain et 681 millions de dirhams (MDH) en milieu rural, précise le HCP qui vient de publier les résultats relatifs au coût économique de la violence à l’encontre des femmes et des filles, tirés de l’enquête nationale sur la violence à l’égard des femmes et des hommes de 2019 qui a été menée entre février et juillet 2019 avec l’appui de l’ONU-Femmes au Maroc.
Ladite enquête fait également ressortir que ce coût est de 1,67 MMDH pour la violence physique et de 308 MDH pour la violence sexuelle, notant qu’avec 1,63 MMDH, le coût direct représente 82% du coût total de la violence conjugale. Il atteint 1,36 MMDH pour la violence physique, soit près de 84% du coût direct, et 267 MDH pour la violence sexuelle.
Parmi les victimes de violence conjugale, 21% ont dû effectuer des dépenses directes suite aux incidents de violences les plus graves vécus au cours des 12 mois précédant l’enquête, relève le HCP.
Les dépenses effectuées en contrepartie des soins de santé reçus représentent, quant à elles, 45,3% du coût direct de la violence conjugale (737 MDH). Elles sont suivies des dépenses liées au recours aux services juridiques et judiciaires avec 25% (406,8 MDH), à l’hébergement suite à l’abandon du domicile avec 18% (293,1 MDH), au remplacement et à la réparation des biens endommagés avec 11,3% (185 MDH), ainsi qu’au recours aux services de la société civile avec 0,5% (7,7 MDH).
S’agissant du coût indirect de la violence conjugale, il est estimé à 351 MDH pour les 10% des victimes qui ont dû arrêter la prise en charge des travaux domestiques, du travail rémunéré et/ou de la scolarisation. Il est imputable aux violences physiques avec 310 MDH (88,5%) et aux violences sexuelles avec 40,5 MDH (11,5%).
Ce coût indirect revient, pour plus de 63%, au coût des jours perdus de travail domestique des victimes et de leurs époux (222 MDH), pour 36% à la perte des jours de leur travail rémunéré (126 MDH) et pour moins de 1% à la perte des jours de scolarisation des enfants (2,7 MDH).
Parallèlement, le HCP fait savoir que le coût total lié à la violence familiale, pour les 24,4% des femmes qui ont supporté des coûts, après des violences physiques et/ou sexuelles subies, au cours des 12 mois précédant l’enquête, est estimé à 366 MDH. Presque la totalité de ce coût (94%) revient à la violence physique, alors que 6% sont attribués à la violence sexuelle.
En termes de coût direct, les incidents de la violence perpétrée sur les filles et les femmes par des membres de la famille (ou de la belle-famille) ont engendré une dépense annuelle de 307 MDH, soit 84% du coût total dans ce contexte, supportée par 20,5% des victimes et leurs ménages.
Pour ce contexte, les victimes ont eu plus recours aux services juridiques et judiciaires qu’aux services de soins de santé. Les coûts engendrés sont estimés respectivement, à 124,5 MDH et à 119 MDH. La réparation ou le remplacement des objets endommagés suite aux incidents de violence engendrent un coût total de 41,8 MDH.
Pour les 15,9% de femmes victimes ayant dû supporter des dépenses indirectes, les incidents de violence survenus dans le contexte familial au cours des 12 mois précédant l’enquête, génèrent un coût indirect total de 59,1 MDH. Plus de 85% de ce coût est dû à des violences physiques et 15% à des violences sexuelles.
Comme dans le contexte conjugal, la majeure partie de ce coût revient au coût de travail domestique perdu par les victimes et leurs époux avec 36,2 MDH (61,3% du coût indirect de ce contexte), suivi du coût relatif à la perte de travail rémunéré avec 19,9 MDH (33,7%) et de l’absentéisme scolaire des enfants des victimes avec 3 MDH (5%).
Les données fournies par l’enquête de 2019 ont permis d’estimer, pour la première fois au Maroc, le coût monétaire de la violence à l’encontre des femmes et des filles, se rapportant spécifiquement aux coûts directs et indirects de cette violence supportés par les individus et leurs ménages dans tous les espaces de vie et pour les formes de violence physique et sexuelle au cours des 12 mois précédant l’enquête.
Les coûts tangibles directs de la violence à l’encontre des femmes et des filles comportent les dépenses effectuées pour accéder aux différents services (Santé, Justice et Police), pour l’hébergement et pour le remplacement des biens endommagés. Les coûts tangibles indirects se rapportent au coût d’opportunité comprenant la perte de revenus due à l’absentéisme au travail rémunéré, aux travaux domestiques et à l’enseignement.