Strasbourg – L’exposition “Les Textures de la transe: les imaginaires des Gnaouas”, de l’artiste marocaine Souad El Maysour, s’est ouverte, vendredi soir à Strasbourg, marquant le lancement officiel des Semaines marocaines dans la capitale alsacienne.
Organisées conjointement par le Consulat général du Maroc à Strasbourg et l’Alliance française Strasbourg-Europe, sous le thème “La part de l’Autre”, les “Semaines marocaines à Strasbourg”, programmées du 14 octobre au 11 décembre, est une manifestation culturelle d’envergure qui promeut la richesse et la diversité du patrimoine culturel du Royaume.
Intervenant lors du vernissage, marqué par la présence de diplomates, d’élus locaux, d’une pléiade d’artistes et de nombreux membres de la communauté marocaine établie dans la région française du Grand-Est, le vice-Consul général du Royaume à Strasbourg, Abdelaziz El-Alami, a souligné que la culture, vocation première de cette manifestation, est fondée par le partage qui permet de faire tomber toutes sortes de barrières, aussi bien sociales, ethniques ou générationnelles soient elles.
“Il est important de communiquer, particulièrement dans le contexte mondial actuel, pour encourager le rapprochement à travers une meilleure connaissance des cultures et un meilleur vivre ensemble”, a-t-il dit, notant que cet événement donne à découvrir l’héritage créatif caractéristique qui fait partie intégrante de l’identité marocaine.
Cette manifestation coïncide également avec la désignation par l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), de la ville de Rabat comme Capitale mondiale du livre pour l’année 2026, a rappelé le diplomate, ajoutant que ce choix est le fruit de l’engagement ferme du Royaume en faveur de la promotion de la culture et de la démocratisation du savoir.
M. El Alami a mis en avant, à cet égard, la richesse de l’identité plurielle du Maroc aux multiples affluents (arabo-islamique, amazigh, saharo-hassani, africain, andalou, hébraïque et méditerranéen), ainsi que son patrimoine culturel et artistique.
“Situé à la croisée des chemins entre l’Afrique subsaharienne, l’Europe et le Moyen‑Orient, le Royaume est un lieu où se rencontrent les civilisations et où convergent les cultures”, a-t-il indiqué, notant que le Maroc a accumulé une longue expérience dans l’édification des fondements et des bases de la culture, en s’inspirant notamment des Hautes orientations royales relatives à la préservation et la valorisation du patrimoine culturel.
Pour sa part, le président de l’Alliance, Jean Hans Maennel, a indiqué, dans une déclaration à la MAP, que de tels événements contribuent à la consolidation des relations entre les deux pays, relevant le “choix naturel” du Maroc comme moment phare de l’ouverture de la saison culturelle 2024-2025 de l’Alliance.
C’est aussi un moment de communion pour la communauté marocaine très présente dans la région, surtout les étudiants, avec des moments forts d’échanges culturels autour de différentes expressions artistiques.
De son côté, l’artiste Souad El Maysour a indiqué que son exposition plonge dans les récits spirituels et culturels profonds de l’art des Gnaouas à travers son prisme artistique contemporain, notant qu’elle ambitionne de dénouer les liens complexes entre les racines africaines des Gnaouas et leurs manifestations actuelles au sein de la société marocaine.
La designer casablancaise opère depuis de nombreuses années dans le champ de l’art pour tisser des réseaux de convergences entre différentes trajectoires historiques et culturelles.
“Dans mes œuvres, je mets l’accent sur la synthèse des arts visuels et de l’anthropologie culturelle, où chaque création artistique sert de récit au riche héritage des Gnaouas et de leurs rôles sociétaux complexes”, a-t-elle affirmé, expliquant que “le choix de la céramique comme médium principal est particulièrement significatif: il entre en résonance avec l’art traditionnel marocain, liant les expressions modernes aux pratiques historiques”.
Chaque carreau, fabriqué à Fès, a-t-elle poursuivi, n’est pas seulement un portrait, mais aussi une pièce de récupération historique, intégrant des symboles et des schémas de couleurs gnaouas qui reflètent leurs racines africaines et leurs influences islamiques.
Pour elle, la calligraphie utilisée comme élément clé dans ses œuvres sert à “capturer l’essence des mantras et des prières gnaouas, transformant les textes sacrés en visuels captivants qui enrichissent la narration visuelle”.
Outre cette exposition, la programmation riche et diversifiée des Semaines marocaines à Strasbourg invite le public alsacien à vibrer aux rythmes du patrimoine culturel marocain dans toutes ses composantes, allant de l’histoire de l’art à la musique traditionnelle, notamment le Malhoun et Gnaoua, en passant par l’artisanat, la création littéraire et le cinéma.
Cette programmation mettra en œuvre les performances artistiques d’une pléiade d’artistes marocains, dont ceux issus de la communauté marocaine résidant dans la région de l’Alsace.
Le programme comprend également deux conférences intitulées “Les Parures en or du Maroc, Histoire de femmes, de symboles et d’amour” et “Les Gnawas au carrefour des imaginaires”.
Les invités seront aussi conviés à une rencontre littéraire pour la présentation du livre “Qui est Si Bekkai ?”, en présence de son autrice Naïma Lahbil Tagemouati, ainsi qu’à des concerts de musique arabo-andalouse (Al-Ala) et judéo-arabe (Matrouz), une soirée musicale Gnaoua avec Maalem Hamid Dkaki et la projection du film “Coup de Tampon”, en présence de son réalisateur Rachid El Ouali.