Par Imane BROUGI

Rabat- La majorité le pense : 40 ans, c’est bien tard pour tomber enceinte ! Pourtant plusieurs femmes ont pu donner naissance à leur premier bébé à un âge bien avancé.

Même si l’horloge biologique des femmes fait que, passé la quarantaine, une grossesse est beaucoup moins facile à obtenir, vu que la fertilité diminue considérablement avec l’âge, de nombreuses femmes ont réalisé leur rêve de devenir maman, redéfinissant ainsi les normes de la maternité.

Cette évolution sociétale s’explique par de nombreuses raisons, notamment socio-économiques liées souvent aux mariages tardifs, à l’allongement des années d’études, à l’évolution du statut des femmes et aux rapports hommes/femmes, ainsi qu’au désir d’être indépendant financièrement et à l’envie de profiter de sa vie avant de devenir parent, ce qui pousse de plus en plus de femmes à fonder une famille beaucoup plus tardivement.

En outre, les progrès médicaux sont devenus plus favorables aux grossesses tardives qu’auparavant. Les traitements de fertilité et les progrès en médecine reproductive ont rendu la maternité tardive plus accessible et sûre.

La baisse de fertilité avec l’âge, une problématique majeure

Le désir de procréer à un âge tardif se trouve souvent confronté à une série de risques, car au-delà de 40 ans les complications relatives à la grossesse sont davantage fréquentes.

De l’avis du gynécologue obstétrique, Omar Sefrioui, la complexité de la grossesse tardive s’explique d’abord par la baisse des chances de grossesse après l’âge de 40 ans.

On sait très bien que la femme naît avec un capital folliculaire qui est prédéterminé à la période fœtale. Ce capital qui varie d’une femme à une autre subit des pressions avec des baisses de plus en plus rapides, aboutissant parfois à des insuffisances ovariennes assez précoces, explique-t-il.

Ce capital baisse avec l’âge de façon très importante et même la qualité des ovules se détériore, selon ce spécialiste qui note que la qualité des ovules baisse dès l’âge de 35 ans avec des anomalies chromosomiques dans les ovules également appelées aneuploïdies et donc la capacité de féconder et de tenir un enfant sain jusqu’au terme baisse de façon importante.

Sur cette question, les scientifiques expliquent que dès la vie in utéro et jusqu’à la ménopause, la réserve ovarienne diminue. C’est-à-dire le stock de follicules s’appauvrit progressivement (phénomène d’atrésie folliculaire) et la qualité des ovocytes s’altère.

Avoir un bébé à 40 ans représente-t-il des risques?

Si une grossesse tardive peut parfaitement se dérouler, elle présente plus de risques qu’une grossesse menée à 20 ou 30 ans.

Selon Dr Sefrioui, une femme qui tombe enceinte au-delà de 40 ans s’expose à un certain nombre de risques, notamment le risque de fausse-couche car la qualité des ovocytes impacte la qualité de l’embryon qui est de moins en moins bonne, ce qui augmente le risque d’une fausse couche.

Il y a aussi le risque de trisomie 21. En effet, les femmes qui tombent enceinte après 40 ans ont un risque supérieur d’avoir  des anomalies chromosomiques et ce risque va s’élever au fur et à mesure que l’âge de la femme va avancer, fait-il savoir.

Et de poursuivre que la grossesse tardive expose à de nombreuses complications, notamment l’accouchement prématuré, la macrosomie qui se définit comme un poids de naissance supérieur à 4 kg  (un bébé plus gros que la normale), avec un risque de césarienne plus élevé.

Il a, de même, évoqué le problème lié à la prématurité. “Quand la femme dépasse l’âge de 40 ans, l’utérus contient de moins en moins de fibres musculaires, d’où la nécessité de faire un suivi plus rapproché avec des indications d’aller faire des amniocentèses et un diagnostic prénatal non invasif”, conseille Dr. Sefrioui.

Il faut souligner que la future maman est également exposée à tout un ensemble de complications, dont le diabète gestationnel, l’hypertension artérielle, les dysfonctionnements thyroïdiens, les troubles cardiaques…

“Eu égard au risque élevé des anomalies chromosomiques, ces femmes doivent avoir un suivi régulier et fréquent que les grossesses chez les femmes plus jeunes”, avertit Dr. Sefrioui.

Il a de même souligné que divers traitements peuvent être envisagés, selon l’état de santé de la mère. D’autres mesures sont aussi nécessaires selon les cas (mise au repos de la mère, régime alimentaire particulier, intervention médicale…).

Maternité tardive et PMA

Les progrès en médecine reproductive ont radicalement changé le paysage de la fertilité. Les technologies de procréation médicalement assistée (PMA) telles que la fécondation in vitro (FIV) permettent désormais à de nombreuses femmes de concevoir après 40 ans. Ces innovations médicales offrent des solutions à celles qui souhaitent devenir mères malgré les contraintes biologiques liées à l’âge.

A ce titre, plusieurs traitements sont proposés pour augmenter les chances de grossesse. Aujourd’hui, le recours à une aide médicale à la procréation est devenu une chose courante.

Le désir de plus en plus tardif d’un enfant est devenu un réel phénomène de société accentué par les progrès des différentes techniques d’aide médicale à la procréation. De ce fait, la proportion de couples et donc de femmes de 40 ans et plus qui ont recours aux FIV comme aux Injections intracytoplasmiques de spermatozoïdes (ICSI) ne cesse de croître, fait observer Pr. Sefrioui.

L’âge avancé des femmes lors du début du mariage fait qu’on reçoit de plus en plus de femmes au-delà de 38 ans, voire même au-delà de 40 ans qui souhaitent bénéficier des techniques de la procréation médicalement assistée, relève-t-il.

Selon le médecin, les technologies de la procréation assistée ont favorisé considérablement l’augmentation du taux de grossesse chez les femmes âgées de plus de 40 ans.

La grossesse tardive a-t-elle des avantages?

La maternité tardive, bien que comportant des défis particuliers, offre des avantages significatifs qui peuvent enrichir l’expérience parentale. La maturité émotionnelle, la stabilité financière, les expériences de vie riches et la sagesse accumulée contribuent à créer un environnement familial positif et nourrissant.

Même si c’est rare d’entendre quelqu’un qui évoque les avantages d’une maternité tardive, plusieurs études ont démontré qu’elle a aussi des bénéfices pour la mère comme pour l’enfant.

Dans ce sens, une étude portant sur 4.741 mères danoises parue dans “The European Journal of Developmental Psychology” a suivi des mères et leurs enfants quand ils avaient 7, 11 et 15 ans. Les enfants des mères plus âgées avaient moins de problèmes comportementaux, sociaux ou émotionnels. De plus, ces dernières utilisaient moins de sanctions physiques et verbales envers leurs enfants à 7 et à 11 ans.

Une autre étude parue dans “Population and Developmental Review” indique que les enfants de mères plus âgées sont en meilleure forme physique, réussissent mieux à l’école et sont plus grands en taille. Cependant, le lien de cause à effet n’est pas prouvé.

Encore plus, selon plusieurs chercheurs, les parents plus âgés peuvent offrir un meilleur niveau de vie et davantage de stabilité familiale à leurs enfants. Cette sécurité permet de fournir un environnement plus confortable et sécurisé pour l’enfant.

L’expérience de la maternité est un voyage extraordinaire, jalonné de moments de pure magie et de défis intenses. C’est une aventure où l’amour inconditionnel, la joie et la responsabilité s’entremêlent. De la première échographie au premier regard échangé avec son enfant, chaque étape est empreinte d’une émotion profonde.

Donner naissance à son premier bébé à 40 ans comme à 20 ans ne change en rien la magie de cette expérience transformatrice pour toute femme.