Rome- La directrice des Archives Royales, Bahija Simou, a mis en avant, mercredi soir lors d’une rencontre de haut niveau à Rome, les avancées du Maroc en matière de promotion des droits et des conditions des femmes, sous l’impulsion de SM le Roi Mohammed VI, revenant sur l’importance qui leur a été accordée, à travers l’histoire séculaire du Royaume, marquée par de nombreuses épopées féminines.
Intervenant lors d’un panel sur “La méditerranée et la femme”, organisé par la fondation italienne prestigieuse Med’Or, la directrice des Archives Royales a souligné que SM le Roi a toujours placé la femme au centre de ses préoccupations, indiquant que les femmes, en majorité jeunes, constituent plus de la moitié de la société marocaine, ce qui fait de leur intégration une nécessité accrue, afin d’atteindre le développement globale et réussir le chantier de démocratisation.
Précurseur et clairvoyant, le Souverain a, d’ailleurs, annoncé en 2004, la grande réforme de la Moudawana, une révolution juridique et sociale sans précédent, qui a renforcé le rôle des femmes et des enfants au sein de la cellule familiale, a relevé Mme Simou, passant en revue les différents droits acquis dans le cadre de cette étape charnière, notamment le relèvement de l’âge légal du mariage à 18 ans et l’octroi davantage d’indépendance et de liberté aux femmes de demander le divorce.
Selon l’historienne, la constitution de 2011, qui consacre fortement l’égalité homme-femme, témoigne, en outre, de l’engagement de SM le Roi et de Son soutien à la dynamique démocratique qui règne dans le pays.
Honorée par les différents Souverains du Royaume, la femme marocaine s’est dotée d’un rôle prépondérant depuis le Moyen Age, qui lui a valu une présence remarquable à plusieurs niveaux, a fait savoir la directrice des Archives Royales, mettant en lumière l’ouverture précoce du Maroc aussi bien sur la méditerranée que sur l’Atlantique, devenant, ainsi, un acteur régional primordial dans plusieurs domaines, dont l’émancipation et la promotion des conditions des femmes.
En avance, la femme marocaine s’est distinguée très tôt, a affirmé Mme Simou, citant, à titre d’exemple, ‘’Fatima Al-Fihriya, qui a fondé la première université dans le monde, et l’éminente participation scientifique des femmes andalouses pendant cinq siècles, à l’époque où toutes les sciences (maths, astrologie, médecine, philosophie…) parlaient arabes’’.
Cette contribution illustre, d’ailleurs, l’échange historique fructueux entre les deux rives de la méditerranée, a-t-elle commenté, évoquant également l’épopée de Sayyida al Hurra, qui a gouverné pendant 30 ans la ville de Tétouan, tout en menant une lutte acharnée contre les pirates.
L’écrivaine a aussi rappelé le rôle de premier rang de Khnata Bent Bakkar, épouse du Sultan Moulay Ismail, qu’il a désigné comme conseillère pour sa culture, ses connaissances et sa maîtrise des affaires étrangères, notant que les Archives Royales disposent de nombreuses correspondances diplomatiques qui démontrent son action, extrêmement importante, dans les relations avec l’Europe, particulièrement au niveau de la libération des captifs, une question qui préoccupait les décideurs politiques de l’époque.
Dans le même sens, la chercheuse a aussi mis en avant la contribution de Lalla Dawya d’origine turque dans la restructuration diplomatique, regrettant que l’histoire ait négligé beaucoup d’écrits et de récits de voyage de femmes hors pairs.
Après l’indépendance, la femme a connu une réelle renaissance animée par la volonté de feu SM Mohammed V qui a veillé sur sa scolarisation, donnant un exemple éloquent à travers feue SAR la Princesse Lalla Aicha, dotée d’un rôle leader dans la diplomatie et dans la renaissance féminine, d’où son appellation “La Princesse des filles” et feue SAR la Princesse Lalla Malika, qui était présidente du Croissant Rouge Marocain.
Dans la même lancée, feu SM Hassan II a promu l’accès des femmes aux universités et a renforcé leur présence au parlement, au gouvernement, aux grandes institutions en leur conférant des postes stratégiques dans plusieurs domaines d’élite tels que l’aviation et l’armée, a poursuivi Mme Simou, mettant en exergue le rôle leader de SAR la Princesse Lalla Meryem, qui préside la Fondation Hassan II pour les œuvres sociales des anciens militaires et anciens combattants, et de SAR la Princesse Lalla Hasna, nommée à la tête de plusieurs organisations humanitaires, sociales et culturelles.
Sur un autre registre, la directrice des Archives Royales s’est félicitée de la dynamique démocratique qui a contribué, de son côté, à l’amélioration de la situation des femmes, saluant l’engagement des associations féministes qui militent pour davantage de droits.
Par ailleurs, l’écrivaine a souligné que la situation des femmes dans le bassin méditerranéen diffère de la rive sud à la rive nord et d’un pays à un autre, d’où la nécessité d’adopter une approche humanitaire loin de la religion et des traditions pour relever les défis communs liés à cette question, faisant observer que la femme musulmane ne représente pas un prototype univoque.
La rencontre a connu la participation d’éminentes personnalités politiques et diplomatiques, notamment l’ambassadeur de Jordanie aux USA et ancienne ministre de la culture, Alia Haytoug-Bouran, la conseillère politique du président de la Zambie, Mayamba Cindy Mwanawasa, et l’ancienne ministre de la défense de la Macédoine du Nord, Radmila Sekerinska.