Rome- L’élimination des disparités de genre dans les systèmes agricoles entraînera une hausse d’1% du PIB mondial, a indiqué l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), pointant les inégalités subies par les femmes dans le secteur agroalimentaire.

Selon un rapport publié récemment par l’organisation onusienne, la résorption des disparités qui existent entre les femmes et les hommes aux niveaux de la productivité agricole et des salaires perçus dans l’agriculture ferait grimper le produit intérieur brut mondial de près de 1 000 milliards d’USD et réduirait de 45 millions le nombre de personnes exposées à l’insécurité alimentaire.

Dans cette nouvelle publication de 264 pages, la FAO évoque les inégalités subies par les femmes, qui occupent une place généralement “marginale” dans les systèmes agroalimentaires et doivent “composer avec des conditions de travail souvent plus difficiles que celles des hommes, dans la mesure où elles sont cantonnées à des emplois occasionnels ou à temps partiel, informels et peu qualifiés”.

“Si nous nous attaquons aux inégalités de genre qui sont endémiques dans les systèmes agroalimentaires et donnons aux femmes les moyens de s’autonomiser, nous ferons un grand pas vers les objectifs d’élimination de la pauvreté et d’avènement d’un monde libéré de la faim”, commente le directeur général de la FAO, Qu Dongyu, dans la préface du rapport.

Les femmes représentent plus de la moitié de la main d’œuvre agricole dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, et un peu moins de la moitié en Asie du Sud-Est, fait savoir l’organisation onusienne, signalant qu’elles accusent un retard “conséquent” dans l’accès aux terres, aux intrants (engrais, semences), aux financements ou aux technologies, alors qu’elles sont souvent plus dépendantes de l’agriculture pour survivre.

“La part des hommes qui détiennent des droits de propriété ou des droits garantis sur des terres agricoles est deux fois plus élevée que celle des femmes “, relève la FAO. De par leur manque de ressources et d’information, “les femmes disposent aussi d’une capacité d’adaptation et de résilience moindre lors de chocs climatiques”. Lors de la première année de la pandémie de Covid-19, “22% des femmes ont d’ailleurs perdu leur emploi” dans les industries agroalimentaires, contre seulement 2% des hommes.

Leur revenu est également inférieur de 18,4% dans le secteur agricole salarié. Si la majorité des politiques publiques agricoles prennent acte de ces difficultés, seules 19% d’entre elles affichent “l’égalité des genres comme objectif explicite”, avertit le rapport, notant qu’une plus grande autonomisation des agricultrices et travailleuses de l’agroalimentaire s’avère “extrêmement bénéfique pour le bien-être des femmes et pour la société dans son ensemble”, tant sur la santé que sur la qualité de l’alimentation produite.

De la production à la consommation en passant par la distribution, le rapport onusien sur “La situation des femmes dans les systèmes agroalimentaires” est le premier consacré à ce thème depuis  2010.