Bogotá – Un total de 188 femmes dirigeantes et défenseures des droits humains ont été assassinées en Colombie depuis la signature de l’accord de paix de 2016, a rapporté mercredi l’Institut d’études sur le développement et la paix (Indepaz).
Concernant les secteurs sociaux les plus touchés, Indepaz a souligné que les femmes indigènes, paysannes et civiques représentent plus de la moitié des personnes assassinées durant la période comprise entre le 24 novembre 2016 et le 7 mars 2023.
Selon les données recueillies par cette organisation, qui dispose d’un observatoire de la violence, les départements du pays où se concentrent le plus grand nombre de cas de femmes leaders et défenseures des droits humains sont Cauca avec 40 cas, Nariño avec 23, Antioquia avec 21, Valle del Cauca (11) et Putumayo (10).
La veille de la commémoration de la Journée internationale de la femme, la gouverneure du conseil indigène d’El Vergel -dans le nord-ouest du département de Huila-, Ana Teresa Manjarrés a été victime d’une attaque par des hommes armés qui ont incendié sa maison et le véhicule mis à sa disposition par l’Unité Nationale de Protection (UNP) pour leur sécurité en raison des menaces constantes dont elle fait l’objet.
La dirigeante a été transférée par la police dans un centre médical pour recevoir des soins et un examen, après l’attaque perpétrée mardi dont elle est sortie indemne avec son mari et sa fille, selon les autorités.
Pour sa part, la sénatrice de la Circonscription indigène spéciale, Aida Quilcué, a exigé que le gouvernement national, l’UNP et les institutions compétentes “se penchent sur cette situation et ne violent pas les droits des communautés dans les territoires”.
Malgré la signature de l’accord de paix en 2016, le rapport Indepaz indique que depuis cette date, 188 meurtres de femmes leaders ont été enregistrés, dont celui de Sandra Liliana Peña, la gouverneure indigène et responsable écologiste d’une réserve du département colombien troublé du Cauca (sud-ouest) qui a été assassinée le 20 avril 2021 par des hommes armés.
Peña était une défenseure de l’environnement, du territoire et de la paix, oeuvrant à l’éradication des cultures de coca qui abondent dans cette région.
D’autre part, la dirigeante liée à l’Institut des sports, de l’éducation physique et des loisirs de Valle del Cauca (Indervalle) Sandra Patricia Montenegro a été criblée de balles dans la municipalité de Palmira, alors qu’elle enseignait des élèves mineurs.
Lors de l’attaque, survenue le 3 septembre 2022, ses étudiants ont cherché refuge pour protéger leur vie. Cependant, l’enseignante n’a pas pu se protéger des coups de feu, elle a donc été emmenée dans un centre médical où elle est décédée quelques heures plus tard.