Par Rabiâ SALHANE
Casablanca – Un talent unique, une grande passion, et une générosité sans pareil. Telles sont certaines des qualités qui ont fait d’Amina Zizoun, la première femme à obtenir le diplôme de musique andalouse au Maroc, une artiste d’exception qui continue à briller de mille feux, depuis plus de quarante ans, dans l’univers de la musique andalouse au Maroc.
Avec sa longue carrière, ses nombreuses participations aux manifestations et événements locaux et internationaux, et ses riches contributions à la préservation et à la valorisation de ce patrimoine culturel, et à la formation et l’encadrement des nouvelles générations de musiciens marocains, Amina Zizoun se présente comme l’une des figures de proue de la scène artistique marocaine en général, et de la musique andalouse en particulier.
Elle a fait ses premiers débuts à Ksar El-Kébir à l’âge de quatorze ans. Sa passion pour la musique andalouse l’a conduite à intégrer le conservatoire de musique de la ville, où elle a reçu ses premières leçons de musique, et ses petits doigts ont découvert les différents instruments de musique.
Ses débuts ont été difficiles, étant donné que la jeune Amina s’est retrouvée devant la responsabilité d’assurer la subsistance de ses frères cadets après le décès de son père, d’une part, et la réticence éprouvée par son entourage à l’égard de sa passion pour la musique, d’autre part.
Amina Zizoun se remémore avec beaucoup d’émotion cette période de sa vie. “Il y a eu des difficultés au début de ma carrière, étant donné que j’étais orpheline et que j’ai dû prendre en charge mes petits frères dès mon plus jeune âge. De plus, l’accès des filles au monde de la musique était considéré comme un tabou”, raconte-t-elle.
Et parce que la persévérance paie, Amina a pu défier ces difficultés et poursuivre ses études au conservatoire pour affiner son talent et réaliser son rêve.
Dans ce sens, elle affirme qu'”au cours de ma deuxième année au conservatoire, j’ai décroché une bourse. C’était la première fois que des bourses aient été accordées à des élèves de conservatoire”.
Son grand talent et sa capacité d’apprentissage rapide lui ont également permis de commencer, au cours de la même année, à donner des cours de musique dans des crèches et des associations. Malgré son jeune âge, elle a réussi à allier études et enseignement.
Six ans plus tard, la professeure Amina Zizoun intègre le conservatoire de musique de Tanger, où elle obtient le premier prix de solfège et le premier prix de musique andalouse. Elle se dirige ensuite vers le conservatoire de musique de Fès pour poursuivre ses études en musique andalouse, où elle obtient le prix honorifique de la musique andalouse.
Amina Zizoun devient ainsi la première femme à obtenir un diplôme de musique andalouse au Maroc. C’est une réalisation qu’elle considère comme l’une des plus précieuses et des plus chères à son cœur. Grâce à cette réalisation, se remémore-t-elle, “j’ai reçu un appel téléphonique de Feu Sa Majesté le Roi Hassan II, ce qui fut une agréable surprise. Ce geste royal a été et restera la chose la plus heureuse qui me soit arrivée dans mon parcours”.
Parmi les étapes les plus marquantes de son parcours artistique, Mme Amina se souvient, le sourire aux lèvres, de sa première participation, immédiatement après l’obtention du diplôme de musique andalouse, au mariage de la princesse Diana en 1980 en Grande-Bretagne, accompagnée de l’orchestre Moulay Ahmed. Elle a également participé à l’orchestre Ahmed Awatef à des soirées et manifestations artistiques en Tunisie, en Algérie, en France, en Espagne, en Turquie, et à la maison de l’Opéra en Egypte.
Ainsi, son talent lui a ouvert énormément d’opportunités et de possibilités, dont la plus importante était de former sa propre chorale. Cependant, elle a préféré rejoindre l’enseignement. Le ministère de la Culture l’a nommée professeure de musique andalouse. “L’enseignement a toujours eu une place chère à mon cœur, je voulais aussi transmettre mes connaissances et mon expérience et contribuer à la diffusion et à la préservation de cet héritage marocain authentique, en le transmettant aux générations montantes”, explique-t-elle.
En 1982, Mme Amina rejoint le conservatoire de Musique de Casablanca, où elle donne, à ce jour, des cours de solfège à ses élèves d’âges et d’horizons différents.
Au cours de sa longue carrière artistique qui a débuté dans les années 70, elle a appris à jouer à la flûte et au oud, mais sa plus grande passion reste pour le piano, l’instrument qu’elle utilise pour enseigner le solfège.
En parallèle avec l’enseignement, Amina Zizoun a participé à plusieurs concerts et manifestations artistiques. Elle a ainsi reçu de nombreuses distinctions et récompenses, que ce soit de la part du ministère de tutelle ou des associations qui s’intéressent à la musique andalouse au Maroc, dont le plus récent a été l’hommage qui lui a été rendu par le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication en reconnaissance de ses efforts et de ses précieuses contributions tout au long de sa carrière artistique.