Rabat- Le livre “Le Désenfantement” de l’écrivaine Rita El Khayat a été présenté, vendredi soir à l’Institut français (IF) de Rabat, sous forme théâtrale, en présence d’une brochette d’intellectuels, de penseurs et de passionnés de lecture.
Lors de cette soirée-rencontre, l’actrice Sophia Hadi a joué plus d’une heure durant, sur fond musical et sonore, le récit “La parabole de la brisure”, extrait du livre, qui se veut une compilation de textes dont l’histoire de leur contradiction ou réaffirmation est simple: elle est l’émanation d’une terrible douleur qui affecte l’auteure et a changé jusqu’à ses modes d’écriture.
Ces textes sont, en effet, “des découpures dans la douleur sans cesse envahissante, intraitable et odieuse. Ils raconteront par bouffées et par révoltes ce que sont la vie, la mort, la beauté, la jeunesse, les pleurs, la consolation, la séparation. Toutes choses organisant la vie. Mais surtout la mort”, lit-on dans une note de présentation de l’IF.
“L’agonie commence dès la naissance car le terme de toute vie c’est la mort et elle éclot entre mélancolie, agoniste, et pourrait s’appeler l’agovie, son antagoniste étant le principe de néant. Celui auquel nous retournons et duquel nous provenons ; qui se souvient de ce qui fût ? Mais surtout qui a rapporté de l’au-delà un mot-de-vie ?” précise-t-on, ajoutant que “l’effarement réside dans la chose dite et son contraire”.
“Je suis cassée. Cela s’est passé sur ma colonne vertébrale à hauteur d’Atlas mais même Axis a pris un sale coup. Ils disent que je suis tétraplégique. Aucun de mes membres ne bouge ni ne s’étire plus. Plus personne jamais ne réchauffera le froid de l’immobilité envahissant mes os un par un de haut en bas”, a lu Mme Hadi, dotée d’une aura artistique impressionnante sur scène, en interprétant ce long récit au grand plaisir du public présent.
Dans une déclaration à la MAP, Mme El Khayat a indiqué que le livre “Le Désenfantement” représente une “expérience douloureuse et une tragédie dans la vie autour de laquelle a été créé un texte littéraire puissant, fort et plein d’esthétisme et de recherche”.
“Mme Hadi, en tant que comédienne a merveilleusement interprété, avec une grande sensibilité du texte, en mettant en exergue tout ce qui était profond dans ce récit, qui est de grande écriture”, a-t-elle ajouté.
Rita El Khayat est médecin psychiatre, psychanalyste, journaliste et femme de lettres. Elle est membre du Conseil d’administration du Festival International du Film de Marrakech et Présidente du Fonds d’aide pour le Cinéma en 2011. Ses essais sur le Maghreb des femmes ont largement contribué à une réflexion féministe, quête qu’elle poursuit également dans son univers romanesque. Elle a publié plus d’une trentaine d’ouvrages, romans, essais, poésie et beaux-livres.
De son profil de psychiatre psychanalyste et anthropologue, diplômée des universités de Paris dans toutes ces disciplines, Mme El Khayat s’est taillé de nombreux outils pour disséquer les comportements sociaux. Cette femme hors du commun disserte sur tout: les barrières linguistiques, le patrimoine culturel social dont elle fait son fer de lance, notamment dans “Le livre des prénoms”. Son champ d’investigation s’étend sur tout le Maghreb et le monde arabe, pays contigus et aux similitudes indéniables.
Parmi ses publications figurent “Le Monde Arabe au Féminin”, “Le Maghreb des Femmes”, “Le Somptueux Maroc des Femmes”, “Une Psychiatrie moderne pour le Maghreb” et “Les Sept Jardins”.